Entre la France et les Etats-Unis, une relation économique contrariée

Le président Joe Biden est accueilli par le Premier ministre français Gabriel Attal à son arrivée à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 5 juin 2024, alors qu'il voyage pour commémorer le 80e anniversaire du Jour J. (Photo Saul Loeb AFP)
Le président Joe Biden est accueilli par le Premier ministre français Gabriel Attal à son arrivée à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 5 juin 2024, alors qu'il voyage pour commémorer le 80e anniversaire du Jour J. (Photo Saul Loeb AFP)
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Publié le Samedi 08 juin 2024

Entre la France et les Etats-Unis, une relation économique contrariée

  • Les relations économiques sont moins électriques entre les Etats-Unis, la France et l'Europe, tout en restant parfois tendues
  • Symbole du climat favorable, la tenue en marge de cette visite diplomatique d'un «French American Business Council», un forum d'affaires rassemblant une quarantaine de chefs d'entreprises devant lequel le président français a prévu de s'exprimer samedi

PARIS : Quatre années d'apaisement mais aussi des tensions: à l'issue du mandat de Joe Biden à la présidence américaine ayant suivi les tumultueuses années Trump, les relations économiques sont moins électriques avec la France et l'Europe tout en restant parfois tendues.

«Le discours a radicalement changé» entre les deux présidences, commente auprès de l'AFP Sébastien Jean, directeur associé du programme géoéconomie et géofinance à l'Institut français des relations internationales (Ifri), à l'heure de la visite d'Etat de Joe Biden samedi à Paris.

Symbole du climat favorable, la tenue en marge de cette visite diplomatique d'un «French American Business Council», un forum d'affaires rassemblant une quarantaine de chefs d'entreprises devant lequel le président français a prévu de s'exprimer samedi.

Mais malgré l'unité politique affichée toute la semaine entre les deux pays sur fond de commémorations, «les réalités n'ont pas toujours changé» en comparaison avec la précédente administration, ajoute M. Jean, en raison de plusieurs dossiers économiques chauds sur fond de bouleversements géopolitiques et de tensions accrues entre Washington et Pékin.

L'IRA, l'Amérique d'abord

Annoncé à l'été 2022, l'Inflation Reduction Act (IRA), un programme d'aides massives par les Etats-Unis pour soutenir les entreprises du secteur de la transition énergétique, avait sidéré des dirigeants européens craignant des délocalisations d'entreprises ou une désertion des investisseurs américains.

Washington tentait alors de réagir aux subventions de la Chine à son industrie et de lancer sa propre stratégie verte, «sans même imaginer les conséquences potentielles pour le reste du monde», a reconnu l'Elysée lundi.

«Cela a été un choc», se remémore Eglé de Richemont, directrice générale de l'AmCham France, une chambre de commerce chargée de promouvoir les relations transatlantiques, relevant «une dichotomie culturelle et structurelle entre la faculté des Etats-Unis de prendre cette décision et notre capacité en Europe de nous mettre d'accord» sur de grandes orientations comparables.

L'Europe a depuis obtenu «un dialogue concret d'Etat à Etat, ou entre les États-Unis et la Commission européenne» sur les montants accordés, rappelle l'Elysée, insistant sur le fait que le continent se défend davantage.

Mais la politique américaine semble avoir déjà des conséquences sur les chiffres: le cabinet EY a récemment mis en avant l'IRA pour expliquer une partie du recul du nombre de projets d'investissements américains en Europe, qui ont chuté selon lui de 15% entre 2022 et 2023.

Les taxes douanières en suspens

Les années Trump avaient été celles des taxes punitives envers de nombreux partenaires, dont l'Union européenne qui s'était vu infliger en 2018 des droits de douanes sur l'acier et l'aluminium.

Le départ de Donald Trump n'a pas mis fin à cette politique, son principe ayant été seulement gelé jusque fin 2025. Un potentiel retour aux affaires du milliardaire après les élections de novembre fait aussi craindre un retour des taxes car une de ses promesses consiste à imposer 10% de droits de douane à l'ensemble des produits arrivant sur le sol américain.

Les Etats-Unis et l'UE ont par ailleurs signé en 2021 une trêve de cinq ans dans leur vieux conflit sur les subventions accordées à leurs champions aéronautiques Airbus et Boeing et ne s'imposeront pas pendant cette période de droits de douane punitifs.

Au-delà des conflits commerciaux, les échanges sont relativement stables entre la France et les Etats-Unis: les exportations françaises se sont affichées en léger recul l'an dernier par rapport à 2022, mais évoluent autour de leur niveau d'avant pandémie, montrent les statistiques du gouvernement.

Les importations ont quant à elles augmenté nettement, expliquées pour partie par la hausse des achats de gaz naturel américain après la crise énergétique à partir de 2021.

L'Ukraine et les milliardaires

Sur l'Ukraine, Washington est favorable à une utilisation plus ambitieuse que les Européens des avoirs russes gelés principalement sur le Vieux continent.

La France et d'autres partenaires sont plus réservés, mais «des progrès ont été accomplis» sur le dossier, a affirmé fin mai la présidence italienne du G7, jetant les bases en vue d'un accord mi-juin au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.

Un autre dossier a montré les divergences des deux côtés de l'Atlantique avec la proposition franco-brésilienne d'une taxation minimale des milliardaires, à laquelle est opposée la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.


L’économie saoudienne progresse de 3,9 % au T2, portée par l’activité hors pétrole

Le PIB réel de l'Arabie saoudite devrait croître à un taux moyen de 3,5 % entre 2025 et 2028. (Shutterstock)
Le PIB réel de l'Arabie saoudite devrait croître à un taux moyen de 3,5 % entre 2025 et 2028. (Shutterstock)
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  • La croissance des activités non pétrolières a atteint 4,7 %
  • Le secteur non pétrolier a été le principal moteur de la croissance du PIB, ajoutant 2,7 points de pourcentage

RIYAD : L’économie de l’Arabie saoudite a enregistré une croissance de 3,9 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2025, portée par de solides performances dans les secteurs non pétroliers, selon les données officielles.

D’après les estimations rapides de l’Autorité générale des statistiques (GASTAT), les activités hors pétrole ont progressé de 4,7 %, surpassant la croissance du secteur pétrolier (3,8 %) ainsi que celle des services publics (0,6 %).

Le secteur non pétrolier a contribué à hauteur de 2,7 points de pourcentage à la croissance du PIB, contre 0,9 point pour les activités pétrolières. Les activités gouvernementales et les taxes nettes sur les produits ont chacune contribué à hauteur de 0,1 et 0,2 point respectivement.

Ces données sont conformes aux prévisions macroéconomiques de S&P Global Ratings, qui anticipent une croissance moyenne du PIB réel de 3,5 % entre 2025 et 2028, contre 0,8 % en 2024.

« Le PIB réel corrigé des variations saisonnières a augmenté de 2,1 % au T2 2025 par rapport au T1 2025 », précise GASTAT dans sa mise à jour trimestrielle.

« Cette hausse s’explique par la plus forte progression des activités pétrolières depuis le troisième trimestre 2021, en hausse de 5,6 % ce trimestre. Les activités non pétrolières ont augmenté de 1,6 %, tandis que les activités gouvernementales ont reculé de 0,8 % », ajoute-t-elle.

GASTAT indique que les activités pétrolières ont contribué à hauteur de 1,3 point à la croissance trimestrielle, contre 0,9 point pour les secteurs non pétroliers.

Les activités gouvernementales et les taxes nettes ont chacune eu un impact négatif de 0,1 point.

Appuyant la dynamique de croissance hors pétrole, les exportations non pétrolières du Royaume, y compris les réexportations, ont atteint 31,11 milliards de riyals saoudiens (8,29 milliards de dollars) en mai, soit une hausse de 6 % par rapport à mai 2024, selon les données préliminaires publiées la semaine dernière par GASTAT.

Les Émirats arabes unis sont restés la première destination des produits non pétroliers saoudiens, avec des exportations s’élevant à 9,54 milliards de riyals. L’Inde suit avec 2,78 milliards, devant la Chine (2,03 milliards), Bahreïn (989,1 millions) et la Turquie (924,7 millions).

Par ailleurs, dans son rapport intitulé « Tendances du crédit en Arabie saoudite : un changement en cours », publié le 30 juillet, S&P Global affirme que les initiatives de la Vision 2030 devraient « renforcer la croissance hors pétrole à moyen terme », soutenues par l’activité dans le BTP, la demande des consommateurs et une main-d’œuvre élargie.

La participation des femmes au marché du travail a plus que doublé depuis 1999, atteignant 36 % depuis 2022.

S&P Global souligne que le tourisme représente désormais environ 6 % du PIB et 14 % des recettes courantes en 2024, contre 5 % en 2022.
Le secteur devrait continuer à croître grâce à des processus de visa améliorés et à l’élargissement de l’offre de loisirs.

Malgré des déficits budgétaires estimés en moyenne à 4,4 % du PIB jusqu’en 2028, les investissements publics liés à la Vision 2030, notamment les grands événements comme l’Expo 2030 et la Coupe du Monde FIFA 2034, devraient maintenir l’élan économique, selon S&P.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.