Le nouvel ordre mondial doit lutter contre le blanchiment d’argent selon Nathalie Goulet

Prince Turki bin Faisal Al Saud et Nathalie Goulet lors du forum " Nouvel ordre mondial " 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Prince Turki bin Faisal Al Saud et Nathalie Goulet lors du forum " Nouvel ordre mondial " 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
 Forum " Nouvel ordre mondial "  Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Forum " Nouvel ordre mondial " Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
 Forum " Nouvel ordre mondial "  Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Forum " Nouvel ordre mondial " Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Short Url
Publié le Jeudi 23 mai 2024

Le nouvel ordre mondial doit lutter contre le blanchiment d’argent selon Nathalie Goulet

  • : Ce nouvel ordre mondial va devoir faire face à un certain nombre de défis qui nécessitent des mesures contraignantes voire draconiennes pour affaiblir l’action des économies parallèles qui gangrènent les processus de développement et de paix à travers l
  • On est en train de débattre de problèmes de développement durable, des problèmes de droits de l'homme, de développement des économies et en même temps, on a une économie parallèle avec le blanchiment, le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains...

RIYAD :  Le forum consacré aux Incertitudes mondiales et leurs impacts sur la région du Moyen-Orient se tient à Riyad du 19 au 20 mai sous le haut patronage du Centre de recherche et d'études islamiques du roi Fayçal et en collaboration avec l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC) et le centre international Nizami Ganjavi.

Ce forum abordera durant deux jours cinq thèmes essentiels portant non seulement sur le nouvel ordre mondial, la place de la région du Moyen-Orient au sein de ce nouvel ordre mondial, l’urgence d’établir un dialogue mondial, mais aussi sur le changement climatique et son impact sur les économies du Moyen-Orient ainsi que l’influence de l’intelligence artificielle dans cette région stratégique.    

Ce nouvel ordre mondial va devoir faire face à un certain nombre de défis qui nécessitent des mesures contraignantes voire draconiennes pour affaiblir l’action des économies parallèles qui gangrènent les processus de développement et de paix à travers le monde.     

En marge de ce forum, Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat a accordé une interview exclusive à Arab News en français durant laquelle elle a abordé le blanchiment d’argent et son impact sur la stabilité des pays.

À ce propos, la sénatrice a déclaré : « Ce matin, nous avions, dans le cadre de la conférence, un débat sur les challenges et les opportunités. Donc beaucoup de mes collègues ont parlé de refaire les organisations internationales, de réviser le Conseil de sécurité de l'ONU.

Moi, j'ai été plus modeste et en même temps plus concrète parce que nous avons un problème au niveau mondial qui est le blanchiment d'argent. Le blanchiment d'argent, c'est 3 % du produit mondial brut, c’est-à-dire quelque chose comme plus de 2000 milliards de dollars. C'est donc une somme astronomique. Tout le blanchiment d'argent n'est pas financement du terrorisme, mais le financement du terrorisme passe par le blanchiment d'argent.

On est en train de débattre de problèmes de développement durable, des problèmes de droits de l'homme, de développement des économies et en même temps, on a une économie parallèle avec le blanchiment, le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains, le trafic de végétaux, le trafic d'animaux, et bien évidemment, la corruption.

Et j'ai voulu porter ce point à l'attention de l'auditoire ce matin en expliquant qu'une partie des problèmes auxquels on doit faire face sont liés à ces sujets de blanchiment et de fraude internationale.

Si on prend par exemple le trafic d'êtres humains, il y a plus de 20 millions de personnes qui sont aujourd'hui même 40 millions de personnes qui sont visées et qui sont victimes de trafic d'êtres humains.

Le trafic de migrants, à lui seul, rapporte 7 milliards de dollars. Et vous voyez que la question du trafic de migrants perturbe nos sociétés en Europe, en Italie, en France et partout fait monter l'extrême droite. Donc ce sont des sujets très concrets sur lesquels je voulais évidemment attirer l'attention. »

La lutte contre le blanchiment d’argent implique l’intervention d’un grand nombre d’organisations internationales mais cette lutte doit répondre à règles strictes et l’implication efficace des pouvoirs législatifs des gouvernements et des organisations internationales.

Nathalie Goulet a expliqué : « On a énormément d'organisations internationales qui s'occupent de lutter contre la corruption et le blanchiment d'argent. Et l'Arabie saoudite vient de faire un énorme pas en avant. Il y a quelques années, le prince Mohammed ben Salmane avait lancé une campagne qui s'appelait « No Money for Terror. Ça a été un premier, un premier pas très important et très suivi.

Et il y a quelques jours, l'Arabie saoudite est rentrée dans une phase beaucoup plus pratique de lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent, l'Arabie saoudite remplit aujourd'hui la quasi-totalité des obligations des organisations internationales, le GAFI et aussi du groupe Egmont qui s'est réuni il y a quelques jours en Arabie. »

Nathalie Goulet renchérit : « Vous avez là, à mettre en balance un certain nombre de critères. Par exemple, est ce qu'on peut être un pôle d'attraction, un hub pour les cryptomonnaies, mais sans essayer de les réguler ? Est-ce qu'on peut être un hub pour des biens mal acquis qui viennent du détournement des ressources en Afrique et en même temps remplir les critères internationaux ? Est-ce qu'on peut accepter de l'argent sale venant de Russie et en même temps lutter pour la libération de l'Ukraine ? Et tout ça, c'est de la "realpolitik."

Il y a quelque chose qui s'appelle le Name and Shame. Et c'est en train de fonctionner très bien. D'abord, il y a les sanctions internationales, l'interdiction de voyager, le gel des avoirs. On a maintenant une législation internationale et surtout une législation française qui permet de bloquer et de saisir les biens mal acquis.

C'est important de frapper les trafiquants au portefeuille. On a donc toutes ces sanctions qui sont des sanctions individuelles, on a des sanctions collectives, on a évidemment toutes les sanctions des Nations unies sur ces sujets, et puis des nations comme la France qui maintenant applique une législation beaucoup plus ferme sur les biens mal acquis.»

La sénatrice explique : «Le Name and Shame, c'est des listes sur lesquelles les pays figurent. Quand vous êtes sur la liste grise du GAFI, ça crée un climat des affaires beaucoup moins bon que quand vous n'êtes pas sur ces listes. Par exemple, les Émirats arabes unis sont sortis de la liste du GAFI parce qu'ils ont signé un certain nombre de conventions, mais demeurent sur la liste grise des pays au niveau du Parlement européen.

Et donc les entreprises sont plus surveillées, plus contrôlées parce qu'on sait qu'elles ont leur siège social dans un pays qui ne respecte pas l'ensemble des règles liées au blanchiment d'argent et cela impacte aussi le climat des affaires." 

« En Arabie saoudite, il y a une réelle volonté politique qui joue un rôle important dans la lutte contre le blanchiment d’argent et c'est qui ça va créer un climat des affaires beaucoup plus propice aux affaires. 

Il y a beaucoup de sièges sociaux de grandes entreprises qui ont qui ont déménagé, notamment des Émirats arabes unis, vers l'Arabie saoudite. Donc, si vous voulez, la transparence dans le climat, dans la vie économique, cela améliore aussi et renforce le climat des affaires et la confiance qu'on peut mettre dans des investissements à l'étranger.    

Je vous ai parlé d'environnement, je vous parle du trafic de migrants qui concerne quand même les êtres humains, le trafic d'organes, le trafic de drogue qui rapporte autant d'argent que le produit national de la Finlande.

Il faut mettre des chiffres. Quand vous mettez des chiffres, les choses ont une autre consistance. Donc, ce n'est pas ce n'est pas une politique veine, c'est une politique absolument nécessaire. » A-t-elle conclu.

 


Un nombre "sans précédent" de journalistes arrêtés en Palestine depuis le 7 octobre

Short Url
  • 51 arrestations ont eu lieu à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis le 7 octobre par les autorités israéliennes et palestiniennes.

LONDRES : Un total "sans précédent" de 51 arrestations de journalistes en Palestine a été documenté par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) depuis le début de l'assaut israélien sur la bande de Gaza le 7 octobre, a déclaré mercredi l'ONG de défense des droits de la presse.
Le CPJ précise que les arrestations ont eu lieu à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, 48 journalistes étant détenus par Israël et trois par les autorités palestiniennes.

Quinze des journalistes, y compris ceux détenus par les autorités palestiniennes, ont été libérés, tandis que 36 sont toujours détenus par Israël.

En outre, 15 des personnes arrêtées par Israël sont maintenues en détention administrative sans inculpation. Cette forme de détention peut durer de six mois à plusieurs années.

Cependant, le nombre de journalistes palestiniens dans les prisons israéliennes est probablement plus élevé que ce que le CPJ a documenté, en raison de la difficulté croissante d'acquérir et de vérifier des données en temps de guerre.

"Depuis le 7 octobre, Israël a arrêté un nombre record de journalistes palestiniens et a eu recours à la détention administrative pour les maintenir derrière les barreaux, privant ainsi la région non seulement d'informations indispensables, mais aussi de voix palestiniennes sur le conflit", a déclaré Carlos Martinez de la Serna, directeur de programme du CPJ, à New York.

"Si Israël veut être à la hauteur de la réputation qu'il s'est faite d'être la seule démocratie du Moyen-Orient, il doit libérer les journalistes palestiniens détenus et cesser d'utiliser les tribunaux militaires pour les maintenir en détention sans preuve.

Parmi les journalistes actuellement emprisonnés figurent Rasha Hirzallah, reporter pour l'agence de presse officielle de l'Autorité palestinienne WAFA ; Mahmoud Fatafta, chroniqueur et commentateur politique ; Bilal Hamid Al-Taweel, qui collabore avec de nombreux médias tels qu'Al-Jazeera ; Mahmoud Adel Ma'atan Barakat, producteur radio pour le réseau Wattan Media Network ; et la journaliste indépendante Rula Hassanein.

Parmi les journalistes libérés figurent Khalil Dweeb, caméraman indépendant, Ahmed Al-Bitawi, reporter pour l'agence de presse Sanad, Maher Haroun, journaliste indépendant et étudiant en médias à l'université ouverte d'Al-Quds, et Ismail Al-Ghoul, correspondant d'Al-Jazeera.

Ni l'agence de renseignement israélienne Shin Bet ni le service de renseignement général palestinien n'ont répondu aux demandes de commentaires du CPJ concernant les personnes arrêtées.

Le CPJ a documenté en 2023 l'emprisonnement de 17 journalistes palestiniens par les autorités israéliennes, affirmant qu'il s'agissait du nombre le plus élevé d'arrestations de médias en Israël et dans les territoires palestiniens depuis que le CPJ a commencé à suivre les journalistes emprisonnés en 1992.


Tout change au Caire avec la prestation de serment du nouveau gouvernement égyptien

Le président égyptien Abdel-Fattah El-Sissi pose avec le nouveau cabinet égyptien, dirigé par le Premier ministre Mostafa Madbouly, quatrième à gauche, au palais Al-Ittihadiya du Caire, en Égypte. (AP)
Le président égyptien Abdel-Fattah El-Sissi pose avec le nouveau cabinet égyptien, dirigé par le Premier ministre Mostafa Madbouly, quatrième à gauche, au palais Al-Ittihadiya du Caire, en Égypte. (AP)
Short Url
  • Le remaniement fait suite à une directive présidentielle appelant à modifier les politiques gouvernementales pour faire face aux défis auxquels l'État est confronté
  • Ces défis comprennent la guerre de Gaza, une économie en difficulté et des coupures d'électricité quotidiennes.

LE CAIRE : Le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi a prêté serment mercredi dans un cabinet remanié comprenant de nouveaux ministres des finances et des affaires étrangères, dans un gouvernement confronté à des défis tels que la guerre de Gaza, une économie en difficulté et des coupures d'électricité quotidiennes.
M. El-Sisi a reconduit le Premier ministre Mostafa Madbouly et a déclaré que son nouveau gouvernement devrait se concentrer sur la réduction de l'inflation et la relance de l'investissement.

Le président a chargé M. Madbouly et son administration d'atteindre un certain nombre d'objectifs, notamment le maintien de la sécurité nationale face aux défis régionaux et internationaux, la priorisation des initiatives visant à aider le peuple égyptien à se développer et à progresser, en particulier dans les domaines de la santé et de l'éducation, et la poursuite des efforts visant à améliorer l'engagement politique.

Le remaniement fait suite à une directive d'El-Sisi appelant à modifier les politiques gouvernementales afin de répondre aux défis auxquels l'État est confronté, en réponse à laquelle M. Madbouly a présenté la démission du gouvernement précédent au président le 3 juin.

Kamel El-Wazir, qui était ministre des transports depuis mars 2019, est désormais ministre de l'industrie et des transports, et occupera également le poste de vice-premier ministre pour le développement industriel.

Khaled Abdel-Ghaffar est ministre de la santé et de la population, et vice-premier ministre pour le développement humain.
Le lieutenant-général Abdel-Maguid Sakr devient ministre de la défense, en remplacement de Mohammed Zaki.

Badr Abdelatty est le nouveau ministre des affaires étrangères et des affaires de l'émigration et des expatriés, en remplacement de Sameh Shoukry, qui occupait précédemment le poste des affaires étrangères, et de Soha Gendi, qui s'occupait des affaires de l'émigration et des expatriés.

Amr Talaat reste ministre des communications et des technologies de l'information, tandis que Rania Al-Mashat, précédemment ministre de la coopération internationale, devient ministre de la planification, du développement économique et de la coopération internationale.

Ayman Ashour conserve le poste de ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qu'il occupe depuis août 2022, et Hani Sewilam reste ministre des ressources en eau et de l'irrigation.

Mohammed Sheemy est le nouveau ministre du secteur public des affaires. Il succède à Mahmoud Esmat, qui devient ministre de l'électricité. Ahmed Kouchouk succède à Mohammed Maait au poste de ministre des finances.

Manal Awad Mikhail devient ministre du développement local, en remplacement de Hisham Amna, tandis que Sherif Farouk succède à Ali Moselhi au poste de ministre de l'approvisionnement et du commerce intérieur.

Usama Alazhary remplace Mokhtar Gomaa au poste de ministre de la dotation religieuse, tandis que Mohammed Gobran succède à Hassan Shehata au poste de ministre du travail.

Mahmoud Tawfik reste ministre de l'Intérieur et Yasmine Fouad ministre de l'Environnement, postes qu'ils occupent depuis 2018.

Le nouveau ministre des Finances Kouchouk, un ancien économiste de la Banque mondiale, a déclaré après avoir prêté serment que l'Égypte s'engageait à respecter la discipline budgétaire, à réduire la dette et à mener des réformes structurelles pour permettre la croissance du secteur privé.

Un afflux de fonds en provenance des Émirats arabes unis, du FMI et de l'UE a atténué la pénurie chronique de devises étrangères en Égypte, mais les coupures d'électricité et les pénuries de gaz ont laissé les entreprises et les familles en difficulté.

Karim Badawi, directeur des services pétroliers, a été nommé ministre du pétrole et a déclaré que l'approvisionnement en carburant des centrales électriques serait une priorité.

Sherif Farouk, qui a pris la tête du ministère de l'approvisionnement, lequel gère un programme de subventions alimentaires qui nourrit plus de 60 millions de personnes et qui fait l'objet d'une réforme, est l'ancien directeur d'Egypt Post.

Les analystes estiment que des changements radicaux sont nécessaires pour rendre l'économie égyptienne plus stable, notamment en ce qui concerne l'État et l'armée, qui doivent céder de l'espace au secteur privé.

"Nous devons avoir un plan à partir de maintenant, qui soit un nouveau modèle de croissance, un nouveau modèle de développement", a déclaré l'ancien ministre de l'investissement, Mahmoud Mohieldin.


Les groupes armés d'Irak à l'affût d'une guerre Israël-Hezbollah

Short Url
  • La guerre de Gaza, la plus sanglante de l'histoire, a éclaté lorsque le groupe militant palestinien Hamas a attaqué le sud d'Israël le 7 octobre
  • Le conflit s'est rapidement élargi pour impliquer plusieurs groupes armés pro-iraniens dans ce que l'on appelle "l'axe de la résistance"

Dans un contexte régional crispé par la guerre à Gaza et la menace d'une confrontation entre Israël et le puissant Hezbollah libanais, les groupes armés irakiens pro-Iran restent à l'affût, distillant une rhétorique va-t-en guerre qui fait craindre un élargissement du conflit.

Le risque est réel: cet hiver, la Résistance islamique en Irak, nébuleuse de mouvements irakiens pro-Iran, a mené plus de 175 tirs de roquettes et frappes de drones, en Irak et en Syrie, contre les soldats américains intégrés à une coalition internationale antijihadistes.

Un conflit entre Israël et le Hezbollah "ne se limitera pas au territoire libanais: en Irak et dans la région, des groupes armés entreront dans la confrontation", résume le politologue irakien Ali al-Baidar.

Cette mobilisation vise à démontrer "leurs capacités, mais aussi leur loyauté à un camp particulier", dit-il.

Dimanche, des factions armées irakiennes ont tancé Washington, parrain indéfectible d'Israël.

Evoquant l'hypothèse d'une "guerre totale contre le Liban", la Coordination de la Résistance irakienne a assuré que "si les sionistes mettent leurs menaces à exécution, le rythme et l'ampleur des opérations les visant ira en s'intensifiant. Les intérêts de l'ennemi américain" -- en Irak et dans la région --, "seront des cibles légitimes".

Cette "Coordination" regroupe notamment les Brigades du Hezbollah, Al-Nujaba, et les Brigades Sayyed al-Chouhada, tous visés par des sanctions américaines, et fer de lance des attaques contre la coalition antijihadistes.

 

- "Entraîner l'Irak" -

 

En filigrane de la guerre ravageant Gaza depuis neuf mois, s'était rapidement greffée une confrontation plus large impliquant Téhéran et ses alliés, disant soutenir les Palestiniens.

Le Hezbollah échange quotidiennement des tirs transfrontaliers depuis le Liban avec Israël. Et les rebelles Houthis du Yémen attaquent en mer Rouge les navires qui seraient liés à Israël, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

L'analyste Ali al-Baidar rappelle aussi les "les expériences passées" en Irak: "des opérations et des attaques contre les forces américaines et les missions diplomatiques".

"Il est possible que ces attaques se répètent avec une plus forte intensité", dit-il.

Fin janvier, une frappe de drone avait tué trois soldats américains et provoqué une poussée de fièvre. Déployant 2.500 militaires en Irak et 900 en Syrie auprès de la coalition, les Etats-Unis avaient durci le ton et mené des frappes meurtrières contre les factions pro-Iran.

"Nous n'hésiteront pas à prendre toutes les actions appropriées pour protéger notre personnel", rappelle encore à l'AFP un porte-parole du Département d'Etat américain, s'exprimant sous anonymat.

"Les milices en Irak alignées sur l'Iran portent atteinte à la souveraineté du pays en lançant des attaques contre des pays tiers, entraînant potentiellement l'Irak dans un conflit régional plus large", avertit cette source.

Depuis des semaines, la "Résistance" met l'accent sur des "opérations conjointes" menées avec les Houthis et enchaîne les communiqués de revendication pour des tirs de drones contre des cibles en Israël.

Sans nommément désigner aucun agresseur, l'armée israélienne a confirmé depuis avril une poignée d'attaques d'aéronefs venant de l'Est, assurant que ces appareils sont interceptés avant d'entrer dans son espace aérien.

 

- "Solidarité transnationale" -

 

Près d'Israël, les factions irakiennes sont déployées dans la Syrie en guerre: au sud de Damas, et plus au Sud avec des "troupes d'élites" au Golan, près du secteur occupé par Israël, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Pour le spécialiste de l'Irak Tamer Badawi, l'importance des "attaques coordonnées" avec les Houthis "réside d'abord dans leur symbolique: l'idée selon laquelle des groupes séparés par des distances géographiques significatives sont capables de synchroniser leur action armée".

Et une intervention de groupes irakiens sur le terrain libanais -- via "l'envoi de combattants en masse" ou seulement de "conseillers" --, dépendra des "besoins de guerre du Hezbollah", souligne le doctorant à l'Université britannique du Kent.

Cette mobilisation répondrait au besoin de "projeter l'image d'une solidarité transnationale", ajoute l'analyste: "pour ces groupes la symbolique est importante, elle contribue à leur image de marque, en tant que membres d'une même ligue, tout autant qu'une implication dans une action armée".

Interrogé par l'AFP, un "commandant de terrain" de la "Résistance" irakienne promet "escalade contre escalade" en cas de guerre. Il rappelle que la "Résistance" irakienne dispose déjà au Liban "d'experts et de conseillers".

Commentant les appels des alliés en Irak, en Syrie, ou au Yémen, à dépêcher leurs combattants au Liban, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah tempérait récemment ces ardeurs.

Niveau "ressources humaines", assurait le chef du Hezbollah, "la résistance au Liban dispose d'effectifs dépassant ses besoins et les impératifs du front, même dans les pires conditions de combats".