RIYADH: Une nouvelle politique de confidentialité controversée de WhatsApp pourrait pousser de nombreux utilisateurs saoudiens à renoncer à l'application de messagerie instantanée préférée du Royaume, affirment les experts en cybersécurité.
À partir du 8 février, les utilisateurs de la populaire plate-forme de médias sociaux de téléphones portables ne pourront plus accéder au service, à moins d'avoir accepté la mise à jour. Ils seront sinon contraints de supprimer leurs comptes.
Selon les termes de la nouvelle politique, Facebook, qui possède WhatsApp, sera en mesure de récolter les données des utilisateurs telles que leur numéro de téléphone, leur adresse e-mail, leurs contacts, leur emplacement, l'identifiant de l'appareil, l'identifiant d'utilisateur, et les données d’intérêt publicitaire. A cela s’ajoute l'historique des achats, l’interaction avec le produit, les informations de paiement, les événements de crash, la performance, une variété de données de diagnostic, ainsi que les demandes d’assistances techniques et les métadonnées.
Certains utilisateurs saoudiens de WhatsApp ont par conséquent affirmé qu'ils envisagent de se tourner vers d'autres applications qui offrent des services similaires, comme Telegram et Signal à titre d’exemple.
Telegram ne collecte que le nom, le numéro de téléphone, les contacts et l’identificateur personnel d'un utilisateur, tandis que Signal a simplement besoin d'un numéro de téléphone portable pour l'enregistrement sans aucun lien avec l'identité de la personne.
L'expert saoudien en cybersécurité, Faisal Alomran, a déclaré à Arab News que: «Les applications détenues par Facebook sont connues pour leur récolte excessive d’informations personnelles, supposément dans le but de fournir une meilleures expérience. Mais le souci de la confidentialité des données augmente chez les particuliers à mesure qu'ils prennent conscience des conséquences d’une éventuelle fuite de leurs données privées», a-t-il souligné.
Alomran a ajouté que du point de vue de la cybersécurité, bien que la probabilité d’un piratage d'une entreprise telle que Facebook soit faible, l'impact serait «démesuré» car les données récoltées par les pirates informatiques exposeraient les informations privées de l'utilisateur.
«Signal est largement considéré comme l'une des meilleures applications en matière de confidentialité des données, car l’entreprise dit ne collecter que le numéro de téléphone pour l'enregistrement», a-t-il dévoilé.
Selon Global Media Insight, une firme de recherche installée à Dubaï, 26,25 millions de Saoudiens utilisent WhatsApp pour la messagerie instantanée. Ce chiffre représente 71% des utilisateurs de messagerie instantanée dans le Royaume.
En plus de la messagerie privée, WhatsApp est également utilisé à des fins professionnelles dans les lieux de travail, les écoles et les universités.
Sarah Al-Saleh, une étudiante universitaire de Riyad, a déclaré à Arab News que WhatsApp n’est certainement «pas facultatif» pour les étudiants. «Au début de la majorité des cours nous créons un groupe WhatsApp afin de partager les notes, les horaires, et les dates des examens entre autres», explique-t-elle.
«Même les professeurs rejoignent ces groupes pour s'assurer que personne ne triche, et pour nous informer si les cours sont annulés afin que nous ne perdions pas du temps à les attendre. Si un étudiant manque un cours, nous pouvons facilement l'aider à se rattraper», a-t-elle ajouté.
Abdullah Aloudah, un employé du secteur privé, a confirmé: «Il est presque impossible de travailler sans WhatsApp. Nous l'utilisons à l’interne, et même des clients l'utilisent pour nous contacter. Peu importe le nombre de fois où je leur demande de m'envoyer des courriels au lieu de WhatsApp, ils préfèrent toujours envoyer des textos. Et d’ailleurs, la question des données mise à part, je trouve cette habitude tellement envahissant car elle rend encore plus difficile de séparer ma vie professionnelle de ma vie personnelle».
Facebook n'est pas étrangère aux controverses dans le chapitre de la confidentialité. La société a, à maintes reprises, été accusée d’exploration de données, d'atteinte à la vie privée et de vente de données privées à des tiers. L’application est interdite dans des pays tels que la Chine, l'Iran et la Syrie.
WhatsApp a été créée en 2009 par Jan Koum et Brian Acton, deux anciens cadres de Yahoo, comme une alternative gratuite aux messages texte de style SMS, et qui facturaient les utilisateurs pour chaque message envoyé.
Facebook a annoncé son intention d'acquérir WhatsApp en février 2014. Elle a déboursé la somme de 21,8 milliards de dollars, soit 55 dollars par utilisateur.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com