LONDRES: Les premiers migrants susceptibles d'être expulsés par le Royaume-Uni vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le ministère britannique de l'Intérieur, sans préciser le nombre de personnes concernées.
"Les premiers migrants en situation irrégulière devant être expulsés vers le Rwanda ont été placés en détention à la suite d'une série d'opérations menées cette semaine à l'échelle nationale", écrit le Home Office dans un communiqué.
Davantage d'arrestations "devraient être menées dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.
"Cette action est un élément clé du plan visant à assurer des vols vers le Rwanda dans les neuf à onze semaines à venir", a poursuivi le ministère.
Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a promis de mettre un terme aux traversées de la Manche par les migrants clandestins.
Le Parlement a adopté la semaine dernière une loi très controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.
Leur demande d'asile sera examinée dans ce pays d'Afrique de l'Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l'issue de leur démarche.
Le gouvernement compte commencer les expulsions au début de l'été et espère qu'elles dissuaderont d'autres migrants de venir au Royaume-Uni.
Cette politique "montrera clairement que si vous venez ici illégalement, vous ne pouvez pas rester", redit le ministère de l'Intérieur dans son communiqué.
"Nos équipes (...) travaillent à un rythme soutenu pour arrêter rapidement les personnes qui n'ont pas le droit d'être ici, afin que nous puissions faire décoller les vols", a déclaré le ministre de l'Intérieur James Cleverly, cité dans le communiqué.
Des migrants campent à Dublin plutôt que d'être expulsés par Londres vers le Rwanda
"J'ai eu très peur d'être envoyé au Rwanda", confie un migrant afghan qui comme d'autres a décidé de quitter le Royaume-Uni pour se rendre en Irlande, et campe désormais à Dublin.
L'adoption d'une loi permettant l'expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni.
Mohammed, originaire d'Afghanistan, qui refuse de donner son nom de famille, explique avoir embarqué dimanche sur un ferry de Liverpool à Belfast, en Irlande du Nord, avant de se rendre à Dublin en bus.
"J'ai eu très peur d'être envoyé au Rwanda", explique-t-il à l'AFP devant l'Office de la protection internationale, qui traite les demandes d'asile. A 25 ans, il dort désormais sous une tente à l'extérieur du bâtiment.
"Maintenant, je ne sais pas quoi faire, il n'y a pas d'abris, mais au moins je me sens en sécurité", dit-il après avoir déposé une demande d'asile.
Une centaine de tentes ont poussé devant l'Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile, dans un contexte d'aggravation de la crise du logement et de montée du sentiment anti-immigration.
Les autorités ont encore tenté mercredi d'évacuer les tentes et de transférer les migrants afin qu'ils aient de meilleures conditions d'hébergement, avec des toilettes, des douches, des espaces intérieurs où se procurer de la nourriture.
Mais pour beaucoup de migrants comme Mohammed, être sous une tente est la moins pire des solutions.
"Dans mon pays, il y a les talibans. Et je ne peux pas me sentir en sécurité au Royaume-Uni" en raison du risque d'être expulsé vers le Rwanda, dit-il.
"Pourquoi ai-je quitté mon pays, l'Afghanistan, s'ils m'envoient là-bas ?",lance-t-il.
Des vols commerciaux ont été réservés, indique le ministère.
Le gouvernement a indiqué mardi espérer expulser vers le Rwanda "d'ici la fin de l'année" un groupe déjà identifié de 5.700 personnes.
Le ministère a diffusé avec son communiqué des photos et une vidéo montrant les forces de l'ordre lors des arrestations des migrants.
Un premier migrant a été expulsé vers le Rwanda lundi, selon des médias britanniques, mais dans le cadre d'un autre programme, basé sur le volontariat. Ce migrant a accepté de partir dans ce pays d'Afrique de l'Est après le rejet de sa demande d'asile.
L'annonce des arrestations de migrants intervient deux jours avant des élections locales en Angleterre et au Pays de Galles, dans lesquelles les conservateurs risquent de subir de lourdes pertes.
Plus de 7.500 personnes ont traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l'année, un record historique pour les quatre premiers mois de l'année.