A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 avril 2024

A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

  • «Le débat, oui. Le blocage, non», a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation
  • «Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble», a jugé Raphaël Glucksmann

PARIS: La mobilisation pro-palestinienne se poursuit vendredi à Sciences Po Paris avec l'occupation et le blocage de locaux historiques par des étudiants dont les revendications font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Quelques dizaines d'étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont occupé dans la nuit de jeudi à vendredi les locaux, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement.

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment, avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades, slogans fustigeant Israël, plusieurs dizaines étudiants bloquaient encore vendredi en début d'après-midi dans et en dehors le bâtiment nouvellement occupé.

ils ont reçu le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

"Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant peu ou prou les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction, qui chiffre à une soixantaine le nombre d'occupants du principal bâtiment, a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien. Elle "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation.

Fustigeant "le jeu dangereux" de LFI à des "fins électorales", elle a accusé les leaders du mouvement d'être des "irresponsables" faisant la promotion de "l'anarchie" sur les campus.

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?

"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

"Les revendications sont légitimes" mais "le blocus reste assez radical comme mode d'action", a observé un autre étudiant. "Il faut trouver un moyen d'apaiser le dialogue (...) "La plupart des étudiants ont en tête la fin de l'année."


Des cercueils en plein Paris pour alerter sur le sort des journalistes ukrainiens

Vingt cercueils ont été déposés jeudi matin en plein centre de Paris pour rappeler le sort des journalistes ukrainiens tués ou emprisonnés en Russie, à l'approche des trois ans de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (AFP)
Vingt cercueils ont été déposés jeudi matin en plein centre de Paris pour rappeler le sort des journalistes ukrainiens tués ou emprisonnés en Russie, à l'approche des trois ans de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (AFP)
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  • Cette action a été menée place de la République par une trentaine de membres de l'ONG Reporters sans frontières, qui défend la liberté de la presse dans le monde
  • Dix-neuf cercueils ouverts, sans couvercle, ont été déposés sur le parvis pour représenter les 19 journalistes ukrainiens détenus par la Russie, certains depuis plus de dix ans

PARIS: Vingt cercueils ont été déposés jeudi matin en plein centre de Paris pour rappeler le sort des journalistes ukrainiens tués ou emprisonnés en Russie, à l'approche des trois ans de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Cette action a été menée place de la République par une trentaine de membres de l'ONG Reporters sans frontières, qui défend la liberté de la presse dans le monde.

"Au moment où l'on parle de trêve, il y a des journalistes ukrainiens qui sont interrogés, torturés, humiliés dans des prisons russes. Des journalistes qui ne font que leur travail. C'est inacceptable", a déclaré à l'AFP Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières.

Dix-neuf cercueils ouverts, sans couvercle, ont été déposés sur le parvis pour représenter les 19 journalistes ukrainiens détenus par la Russie, certains depuis plus de dix ans.

Un cercueil fermé, avec gerbe et bougies, était lui à l'avant, en hommage à la journaliste d’investigation Victoria Rochtchina, morte le 19 septembre 2024 dans les geôles russes dans des circonstances troubles.

"Il y a une menace qui pèse sur ces journalistes, il en va de leur vie. On espère ne pas avoir à refermer ces cercueils !", a lancé Thibaut Bruttin.

RSF appelle l'Ukraine et l'Union européenne à exiger la libération de ces 19 journalistes.

Selon l'ONG, 11 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022.


Ukraine: Macron réunit les chefs de partis face à la "menace existentielle" russe

Le président français Emmanuel Macron fait un geste alors qu'il attend le président par intérim de la Roumanie pour des entretiens au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 19 février 2025, au lendemain d'une réunion avec sept pays européens, axée sur l'Ukraine, dans la conviction que "la Russie est une menace existentielle" pour le continent. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron fait un geste alors qu'il attend le président par intérim de la Roumanie pour des entretiens au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 19 février 2025, au lendemain d'une réunion avec sept pays européens, axée sur l'Ukraine, dans la conviction que "la Russie est une menace existentielle" pour le continent. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit jeudi les chefs de partis pour faire le point sur la situation en Ukraine et les efforts supplémentaires de défense à fournir alors que la Russie devient une "menace existentielle"
  • Le chef de l'Etat renoue ainsi avec les rencontres au "format Saint-Denis" initiées en août 2023 dans cette ville limitrophe du nord de Paris pour renouveler la pratique du pouvoir dans la concertation avec les partis

PARIS: Emmanuel Macron reçoit jeudi les chefs de partis pour faire le point sur la situation en Ukraine et les efforts supplémentaires de défense à fournir alors que la Russie devient une "menace existentielle", en plein rapprochement avec Donald Trump.

A gauche, Manuel Bompard (LFI), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (Ecologistes), Olivier Faure (PS) et Guillaume Lacroix (Parti radical de gauche) ont fait savoir qu'ils se rendraient à 11H00 à l'Elysée.

Côté Rassemblement national, Louis Aliot sera présent, le président du parti, Jordan Bardella, devant se rendre au même moment à Washington.

Gabriel Attal (Renaissance) et Marc Fesneau (MoDem) sont également attendus.

Le chef de l'Etat renoue ainsi avec les rencontres au "format Saint-Denis" initiées en août 2023 dans cette ville limitrophe du nord de Paris pour renouveler la pratique du pouvoir dans la concertation avec les partis.

Ces consultations, regardées avec méfiance par certaines formations qui y voyaient un moyen de contourner le Parlement, ont eu un succès très relatif, la dernière édition remontant à mars 2024, déjà sur l'Ukraine.

S'ensuivra un débat sans vote, début mars au Parlement, sur les conséquences du contexte géopolitique en Europe pour la France.

L'exécutif a commencé à préparer l'opinion à la nécessité d'un plus grand effort de défense alors que la paix en Ukraine esquissée par Donald Trump pourrait ressembler à une capitulation pour Kiev.

Le nouveau président américain entend la négocier directement avec son homologue russe Vladimir Poutine, dont le pays avait pourtant attaqué l'Ukraine il y a bientôt trois ans, le 24 février 2022.

- "Dictateur" -

L'administration Trump exclut le retour de l'Ukraine dans ses frontières d'avant 2014, c'est-à-dire avant l'annexion de la Crimée et la conquête de l'est du pays par les Russes, ainsi que son entrée dans l'Otan ou le déploiement de soldats américains pour garantir la paix.

Le locataire de la Maison Blanche a en outre été d'une rare violence verbale avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky qui réclame une place à la table des négociations, le traitant de "dictateur" au bilan "épouvantable" et suggérant qu'à ce rythme, il n'allait bientôt "pas lui rester de pays".

Emmanuel Macron, qui a réuni par deux fois des partenaires européens lundi et mercredi - près d'une trentaine au total -, pointe "une très forte convergence pour dire que la Russie constitue une menace existentielle pour les Européens".

"Nous souhaitons une paix en Ukraine qui soit durable et solide", a-t-il encore répété mercredi.

Les autorités américaines ont en outre indiqué mercredi soir que le chef de l'Etat français était attendu "en début de semaine prochaine" à Washington.

De son côté, le Premier ministre François Bayrou a martelé devant sa majorité que "jamais depuis 1945, le risque d'une guerre en Europe n'avait été aussi élevé".

Dans un tel contexte, "le réveil européen passe par une augmentation des dépenses militaires" qui aura "des conséquences pour nos finances publiques", a averti la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.

Les Européens craignent que Vladimir Poutine ne soit encouragé à poursuivre son offensive en Ukraine, voire à l'étendre à des pays voisins, s'il n'est pas clairement "forcé" à la paix, y compris par le déploiement de forces étrangères le long de la ligne de démarcation.

Emmanuel Macron a assuré mardi que "la France ne s'apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front".

Mais il a aussi évoqué la possibilité "d'avoir, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de paix, qui elle se tiendrait le long de la ligne de front".


Conseil constitutionnel: Ferrand confirmé à une voix près, et déjà attaqué sur sa légitimité

 Une approbation fragile à une voix près et avec l'abstention du RN : Richard Ferrand, proposé par Emmanuel Macron, est en route pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel, même si certains l'appellent déjà à renoncer. (AFP)
Une approbation fragile à une voix près et avec l'abstention du RN : Richard Ferrand, proposé par Emmanuel Macron, est en route pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel, même si certains l'appellent déjà à renoncer. (AFP)
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  • Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrice PS, suggère un "nouveau candidat" ou président issu du Conseil actuel, évoquant par exemple l'ex-Premier ministre Alain Juppé
  • La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a dénoncé un candidat "parrainé" par le Rassemblement national, s'interrogeant sur un "accord secret"

PARIS: Une approbation fragile à une voix près et avec l'abstention du RN : Richard Ferrand, proposé par Emmanuel Macron, est en route pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel, même si certains l'appellent déjà à renoncer.

La candidature de ce fidèle historique du chef de l’État a passé mercredi l'obstacle des commissions des Lois des deux chambres du Parlement. Trente-neuf parlementaires ont voté pour et 58 contre. Mais il aurait fallu 59 voix, soit trois cinquièmes des suffrages exprimés, pour entraver la nomination.

Et ses opposants n'ont pas manqué de fustiger cette nomination de justesse.

"Nous appelons le président de la République à ne pas procéder à sa nomination", a lancé la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrice PS, suggère un "nouveau candidat" ou président issu du Conseil actuel, évoquant par exemple l'ex-Premier ministre Alain Juppé.

La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a dénoncé un candidat "parrainé" par le Rassemblement national, s'interrogeant sur un "accord secret".

"Le sort de Marine Le Pen sera donc dans les mains de Richard Ferrand", a jugé de son côté le Secrétaire national du PCF Fabien Roussel, faisant le lien avec une décision attendue du Conseil.

Celle-ci concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par un élu mahorais condamné à une peine d'inéligibilité avec exécution immédiate. Or, Marine Le Pen est elle-même sous la menace d'une inéligibilité immédiate, requise au procès des assistants d'eurodéputés RN.

Et le Conseil constitutionnel pourrait potentiellement rendre sa décision avant le jugement RN prévu le 31 mars. "Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, elle sera délégitimée", a jugé sur X Nicolas Hervieu, professeur de droit public à Sciences Po.

Champ du référendum 

Les députés RN, qui avaient assuré ces derniers jours qu'ils prendraient leur décision après l'audition de Richard Ferrand, ont choisi de s'abstenir, se disant rassurés par certaines prises de position.

M. Ferrand a ainsi estimé que l'institution devait se garder de tendre vers "un gouvernement des juges, ni constituant, ni législateur".

Une déclaration que le député RN Matthias Renault interprète positivement au regard de la question controversée du champ du référendum autorisé par l'article 11 de la Constitution.

Cet article limite ce champ à "l'organisation des pouvoirs publics", et "à la politique économique, sociale ou environnementale" du pays. Mais le RN, et des élus de droite, entendent depuis longtemps en convoquer un sur la politique migratoire en cas d'arrivée au pouvoir. Reste à savoir si le Conseil constitutionnel abondera ou estimera qu'il est compétent pour y faire obstacle.

Interrogé, M. Ferrand a botté en touche, soulignant qu'il n'y avait "pas d'exemple de jurisprudence" où le Conseil constitutionnel se serait saisi d'une hypothèse de référendum, tout en précisant que "ce n'est pas fermé", mais refusant de se prononcer en amont de sa nomination.

"Pas un professionnel" 

La candidature de l'ancien député (2012-2022) était attaquée à gauche comme à droite pour sa proximité avec Emmanuel Macron, pour sa compétence juridique jugée trop faible, ou en raison de sa mise en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne - la justice a conclu à un non-lieu pour prescription.

"Je ne suis pas un professionnel du droit c'est vrai, mais comme vous un serviteur de la République", a fait valoir M. Ferrand devant les parlementaires.

Se dépeignant en "homme libre", il a assuré que, s'il avait regretté "à titre personnel" la limitation du nombre de mandats présidentiels consécutifs en 2023, il ne prônait pas de troisième mandat pour Emmanuel Macron: cela "n'a jamais été ma pensée, ni mon désir", a-t-il assuré.

Sorti du jeu politique par la petite porte après une défaite aux législatives de 2022 dans le Finistère, Richard Ferrand revient sur le devant de la scène, et est amené à succéder à Laurent Fabius, qui arrivera en fin de mandat début mars.

Autre nomination actée mercredi, le sénateur LR Philippe Bas, candidat du président du Sénat Gérard Larcher, a convaincu sans surprise les membres de la commission des Lois du Sénat de l'envoyer au Conseil constitutionnel, fort d'un CV copieux et d'une connaissance pointue de la Constitution.

La députée MoDem Laurence Vichnievsky, ex-juge d'instruction proposée par la présidente de l'Assemblée de Yaël Braun-Pivet a commencé à être auditionnée en commission des Lois de l'Assemblée à 15H00. Elle part avec moins de certitudes dans une commission plus éclatée que celle du Sénat.