Paris: Plongeon des économies, mesures sanitaires en ordre dispersé et bilan humain toujours plus lourd: la pandémie de coronavirus va probablement être "très longue", prédit l'OMS, alors que pointe déjà une bataille des vaccins.
Six mois après avoir décrété l'urgence mondiale, l'organisation a réuni à Genève son Comité d'urgence pour la quatrième fois pour réévaluer la pandémie et son verdict a été sans appel: le monde doit se préparer à lutter pendant très longtemps.
La veille le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait estimé que "cette pandémie est une crise sanitaire comme on n'en voit qu'une par siècle, et ses effets seront ressentis pour les décennies à venir".
A ce jour, plus de 17,6 millions de personnes ont été contaminées dans le monde et plus de 680.000 en sont mortes, selon un bilan établi samedi par l'AFP.
En sinistre position de tête, les Etats-Unis comptent 153.314 morts dont 1.442 vendredi - un décès toutes les minutes -, suivis du Brésil (92.475 morts), du Mexique (46.688 décès) et du Royaume-Uni (46.119 morts).
Le Vietnam et les Fidji ont annoncé leur premier mort.
Au Japon, l'état d'urgence a été déclaré dans la région touristique d'Okinawa à la suite d'une "propagation explosive" du coronavirus, selon les autorités. La population est invitée à se confiner pendant deux semaines et les hôpitaux sont submergés.
Hong Kong affronte également une nouvelle vague de contaminations et a ouvert samedi un hôpital de campagne de 500 lits, après l'annonce la veille du report des législatives à l'année prochaine, officiellement à cause de l'épidémie.
- Intense course aux vaccins -
Sur le front médical, signe de la compétition intense entre les Etats, les alliances se multiplient pour s'assurer un accès à un futur vaccin anti-Covid-19 et les rivalités surgissent.
L'immunologue américain Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, a jeté un pavé dans la mare vendredi devant le Congrès américain en émettant des doutes sur la sécurité des vaccins actuellement développés par la Russie et la Chine.
Moscou a annoncé cette semaine espérer entamer dès l'automne la production industrielle de deux vaccins conçus par des chercheurs de centres étatiques.
En Chine, un projet de vaccin d'un institut de recherche militaire a été autorisé fin juin dans les rangs de l'armée chinoise, alors même que les dernières phases de test n'avaient pas démarré.
"Affirmer disposer d'un vaccin prêt à être distribué avant même de le tester est, selon moi, problématique, pour ne pas dire plus", a lancé M. Fauci.
Côté européen, le français Sanofi et le britannique GSK ont annoncé vendredi un accord avec les Etats-Unis pour un financement de plus de 2 milliards de dollars contre la fourniture initiale de 100 millions de doses aux Américains. L'Union européenne s'est mise sur les rangs en réservant 300 millions de doses pour une somme indéterminée, pour l'année prochaine.
Le Japon a de son côté signé avec l'alliance germano-américaine Biontech/Pfizer pour s'assurer 120 millions de doses d'un vaccin potentiel.
Cette âpre compétition fait polémique car elle pose la question de l'accès à l'immunisation des pays à bas revenus.
- Economies en berne -
Sur le plan économique, les statistiques mondiales, plombées par les restrictions et mesures de confinement dans de nombreux pays, donnent le tournis.
La zone euro a enregistré au deuxième trimestre un plongeon historique de 12,1% de son PIB, a annoncé vendredi l'Office européen de statistiques.
En France, la chute du 2e trimestre est de 13,8%, en Espagne de 18,5%, en Allemagne, moteur économique de l'Europe, de 10,14%.
Aux Etats-Unis, le confinement a entraîné un effondrement du PIB de 32,9% pendant la même période en rythme annualisé.
- Restrictions renouvelées -
Face à une pandémie que rien ne semble pouvoir arrêter, les autorités renouvellent les mesures sanitaires en ordre dispersé.
Londres a ainsi décidé de repousser d'au moins deux semaines la prochaine phase du déconfinement en Angleterre, initialement prévue samedi.
Plusieurs pays européens ont pris des mesures de quarantaine à l'encontre d'autres Etats ou régions de l'UE, comme le Royaume-Uni vis-à-vis de l'Espagne en raison d'un rebond de l'épidémie, prenant de court des milliers de touristes déjà sur place.
Le secteur aérien a dénoncé des restrictions de voyage "incohérentes" qui "sapent la confiance des consommateurs" et "sont contraires aux conseils des experts", réclamant davantage de coordination.
Chez British Airways, les pilotes ont accepté une baisse de salaire de 20% pour limiter les licenciements, qui devraient toucher un quart des effectifs selon la direction.
L'été, marqué par des températures suffocantes en Europe de l'Ouest, a poussé les autorités à rappeler la persistance de l'épidémie à ceux qui se ruent sur les plages ou abandonnent le masque. En France, les préfets pourront étendre l'obligation du port du masque à l'extérieur.
A Berlin, quelque 17.000 personnes, aux cris de "Bas les masques", "pas de vaccination obligatoire", ou "retour des libertés!" ont réclamé l'abolition des mesures contraignantes pour combattre le Covid-19, dont les nouvelles infections inquiètent pourtant les autorités.