La guerre accélère «l'annexion» de l'économie palestinienne par Israël, selon des analystes

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés à une rue après un raid des forces israéliennes dans le camp de réfugiés palestiniens de Nur Shams en Cisjordanie occupée, le 21 avril 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés à une rue après un raid des forces israéliennes dans le camp de réfugiés palestiniens de Nur Shams en Cisjordanie occupée, le 21 avril 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 21 avril 2024

La guerre accélère «l'annexion» de l'économie palestinienne par Israël, selon des analystes

  • Selon lui, seuls quelque 8.000 Palestiniens travailleraient légalement désormais en Israël
  • Israël vise aussi à «punir collectivement les Palestiniens qu'il considère également comme des ennemis», accuse Michael Milshtein

JÉRUSALEM: En mauvaise passe depuis des années, l'économie des Territoires palestiniens s'enfonce encore davantage à cause de la guerre dans la bande de Gaza, qui accélère sa très forte dépendance à Israël.

"Techniquement, il n'y a pas d'économie palestinienne sous occupation israélienne", juge Adel Samara, un économiste basé à Jérusalem. "Notre économie a été annexée par Israël".

L'économie palestinienne est en effet largement encadrée par un ensemble de règles convenues entre Palestiniens et Israéliens, et couchées dans les protocoles de Paris, signés en 1994.

Comme les accords d'Oslo dans le cadre desquels ils ont été signés, ces textes étaient censés s'appliquer cinq ans, jusqu'à la création d'un Etat palestinien.

Promesse non tenue: l'économie reste tributaire d'une feuille de route qui, au fil du temps, s'est révélée de plus en plus inadaptée.

"Notre économie est handicapée", commente encore M. Samara qui liste les entraves bureaucratiques rencontrées par les entrepreneurs palestiniens pour s'installer, le contrôle des ressources par Israël, les contraintes pour développer l'agriculture ou même le tourisme...

La guerre avec le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza a permis à Israël de resserrer son emprise sur l'économie palestinienne, utilisant des dispositifs préexistants, regrette M. Samara.

«Crise financière sans précédent»

Ces textes de 1994 confèrent par exemple à Israël le contrôle exclusif des frontières palestiniennes et de la collecte des taxes à l'importation, qu'il doit ensuite reverser à l'Autorité palestinienne.

Ainsi, au lendemain des attaques sanglantes du 7 octobre commises par le Hamas en Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP, Israël a cessé de reverser l'intégralité de ces recettes douanières, arguant refuser de financer le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'elle considère comme une "organisation terroriste".

Outré, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, a refusé de recevoir le reliquat. La Norvège, qui mène une médiation, a annoncé en février que quelque 115 millions de dollars (108 millions d'euros) avaient finalement été décaissés par Israël.

Mais la crise n'est pas résolue.

A plusieurs reprises déjà, Israël avait suspendu ces transferts. Selon certains économistes, ces sommes représenteraient près de 60% des revenus de l'Autorité palestinienne.

Sans ces fonds, celle-ci est "en difficulté pour payer les salaires de ses fonctionnaires et pour ses dépenses courantes", rappelle Taher Labadi, chercheur en économie politique à l'Institut français du Proche-Orient.

Le Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, déplore une "crise financière sans précédent", avec un trou de sept milliards de dollars (environ 6,5 milliards d'euros) dans l'exercice fiscal courant, soit plus d'un tiers du PIB des Territoires palestiniens.

Pour renforcer la "sécurité" d'Israël après l'attaque du Hamas, 130.000 Palestiniens ont été privés de permis de travail dans ce pays, les laissant sans revenus.

Plus d'un actif sur trois est au chômage en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967 où vivent trois millions de personnes. Deux fois plus qu'avant la guerre.

"En interdisant aux travailleurs palestiniens d'entrer en Israël et en retenant les taxes palestiniennes", Israël vise "à saper l'Autorité palestinienne parce qu'il la considère comme un ennemi", juge le chercheur israélien Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes.

M. Milshtein estime, à partir de données israéliennes, que jusqu'au 7 octobre, près d'un tiers des revenus de la Cisjordanie provenaient des salaires des 193.000 Palestiniens travaillant en Israël.

«Punir collectivement»

Selon lui, seuls quelque 8.000 Palestiniens travailleraient légalement désormais en Israël. Israël vise aussi à "punir collectivement les Palestiniens qu'il considère également comme des ennemis", accuse Michael Milshtein.

Certaines personnalités politiques israéliennes, comme le ministre Benny Gantz ou le député Gideon Saar, veulent permettre aux travailleurs de revenir en Israël afin d'éviter, selon eux, un soulèvement en Cisjordanie qui compliquerait davantage la tâche les forces israéliennes déjà déployées dans la bande de Gaza et à la frontière avec le Liban.

"Benjamin Netanyahu met les Palestiniens sous pression et montre à l'Autorité que les leviers de son économie sont entre ses mains", résume Nasser Abdel Karim, professeur d'économie à l'Université arabe américaine de Jénine.

"Il pense qu'il affaiblira l'Autorité et lui fera accepter des concessions politiques", poursuit-il.

"Le gouvernement israélien veut d'autant moins une Autorité forte, qu'il ne souhaite pas qu'elle ait un rôle central à l'issue de la guerre" à Gaza, résume-t-il.

L'universitaire ne juge pas cette stratégie payante, car selon lui, elle repose sur le principe selon lequel la pacification de la Cisjordanie passerait par sa prospérité.

Or "les précédents soulèvements ont éclaté alors que la situation économique n'était pas particulièrement difficile", note-t-il.

"Les Palestiniens veulent vivre dans la dignité certes, mais pour eux cela implique aussi la libération de leur peuple et la création d'un Etat palestinien."

 


Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce 1.042 morts depuis la reprise des frappes israéliennes

 Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
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  • Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées
  • Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars

GAZA: Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures.

Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars, et que le bilan total depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, se monte désormais à 50.399 morts dans la bande de Gaza.

 


Djibouti : nomination d'un nouveau ministre des Affaires étrangères

Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
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  • Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine
  • Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

ADDIS ABEBA, ETHIOPIE : Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine, selon un décret présidentiel publié mardi.

Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, porte-parole du gouvernement » d'après le décret signé par le chef de l'État, Ismaïl Omar Guelleh.

« On ne parle même pas de remaniement ministériel, c'est le seul changement au sein du gouvernement », a précisé à l'AFP Alexis Mohamed, porte-parole de la présidence djiboutienne.

L'ancien titulaire du poste, Mahamoud Ali Youssouf, était resté à la tête de la diplomatie de Djibouti pendant près de 20 ans.

Le chef de l'État Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, quittera son poste à la suite de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2026.

Djibouti, pays parmi les moins peuplés du continent avec quelque un million d'habitants, joue un rôle central dans la région.

Îlot de stabilité prisé dans une région troublée, ce pays d'Afrique de l'Est est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.

La France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, y dispose de bases militaires en compagnie des États-Unis et de la Chine.


Une étude saoudienne sur le microbiome de l'œil humain participe au lancement de la fusée SpaceX

Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
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  • L'étude menée par Falak for Space Science and Research portera sur les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.
  • « Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak,

RIYAD : Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain s'est jointe au lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi.

L'étude menée par Falak for Space Science and Research examinera les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.

Une équipe de chercheurs a recueilli des échantillons biologiques de cultures microbiennes et a effectué des tests pour s'assurer que les échantillons pouvaient résister aux conditions de lancement et revenir de l'espace en toute sécurité.

« Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak, à l'agence de presse saoudienne avant le lancement.

L'étude du microbiome oculaire dans l'espace est un domaine de recherche émergent. Cette expérience analysera les taux de croissance des micro-organismes dans l'espace par rapport aux taux de croissance sur Terre.

Elle permettra également de suivre les changements génétiques et protéiques pouvant résulter de l'exposition à la microgravité.

L'expérience vise également à évaluer la capacité des microbes à former des biofilms, ce qui peut augmenter le risque d'infection dans l'espace, ainsi qu'à analyser les changements dans la résistance microbienne aux antibiotiques après une exposition à la microgravité.

Le Dr Wedad bint Saeed Al-Qahtani, chercheuse dans le cadre de la mission, a déclaré : « Étudier l'impact de l'environnement spatial sur la microflore naturelle de l'œil pourrait fournir des données précieuses sur la façon dont elle réagit aux conditions de microgravité. Cela pourrait aider à développer de nouvelles stratégies et de nouveaux protocoles pour préserver la santé des yeux. »

Un autre scientifique de la mission, le professeur Salwa Al-Hazza, a souligné l'importance de la recherche ophtalmologique en déclarant : « Ce que nous faisons aujourd'hui ne se limite pas à l'envoi d'une expérience scientifique dans l'espace, mais constitue une étape fondamentale pour mieux comprendre l'impact de l'environnement spatial sur la santé oculaire.

Nous espérons que les résultats contribueront au développement de futures solutions médicales qui amélioreront les soins de santé oculaire, à la fois dans l'espace et sur Terre. 

Cela permettra également de porter fièrement le drapeau saoudien et de représenter une étape importante dans l'engagement du Royaume à innover scientifiquement et à renforcer son rôle grandissant dans le secteur spatial mondial. »

Cette mission s'inscrit dans le cadre des efforts déployés à l'échelle mondiale pour étudier l'impact de l'espace sur la santé humaine. Elle a été précédée par des recherches similaires sur l'effet de la microgravité sur les microbiomes intestinaux et buccaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com