La question de l'Iran pour l'Arabie saoudite

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Publié le Mercredi 17 avril 2024

La question de l'Iran pour l'Arabie saoudite

La question de l'Iran pour l'Arabie saoudite
  • La position de l'Arabie saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe (CCG) fait l'objet d'une grande attention, notamment en ce qui concerne leur position par rapport à cette crise et leur comportement en cas d'escalade.
  • En fin de compte, le Royaume et les autres États du CCG considèrent l'Iran comme un dangereux adversaire qui rêve de faire tomber l'ordre en place dans le Golfe, d'établir son hégémonie sur la région

Alors que l'Iran et Israël entrent dans une ère de confrontation directe, la position de l'Arabie saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe (CCG) fait l'objet d'une grande attention, notamment en ce qui concerne leur position par rapport à cette crise et leur comportement en cas d'escalade, comme cela pourrait être le cas.

Le régime iranien, avec son soutien continu à des mandataires hostiles au Royaume, n'a pas réussi à instaurer la confiance dans ses bonnes intentions au sein du CCG. Pour cette raison, il ne peut pas s'attendre à ce que les États du CCG évitent de s'intégrer davantage dans une alliance défensive dirigée par les États-Unis contre l'Iran, malgré les critiques sérieuses formulées à l'encontre des actions d'Israël.

Israël, avec son comportement horrible à Gaza et son incapacité à court terme à mettre en place les éléments constitutifs d'une solution à deux États en Palestine, est une source de grave préoccupation pour le Royaume. À moins que des progrès matériels ne soient réalisés en vue d'un règlement pacifique de la question palestinienne, il est difficile d'imaginer une percée dans les relations entre Riyad et Tel-Aviv.

Les pays du CCG ont depuis longtemps appris à observer les actions de l'Iran et à ne pas écouter ses paroles lorsqu'ils jugent de son comportement.      Ali Shihabi

En même temps, l'Iran est un aspirant hégémonique régional auquel il est très difficile de faire confiance, malgré une récente détente diplomatique qui a vu le rétablissement des relations entre le Royaume et l'Iran sous l'égide de la Chine. Depuis la révolution de 1979, l'Iran s'efforce d'exporter son idéologie et d'étendre son influence dans toute la région. Le CCG est dans sa ligne de mire, malgré les affirmations publiques du contraire.

Les pays du CCG ont depuis longtemps appris à observer les actions de l'Iran, et non ses paroles, lorsqu'ils jugent de son comportement. Les actions de Téhéran en Syrie, au Liban, en Irak et surtout au Yémen, même après le rétablissement des relations diplomatiques, ont confirmé ses intentions malveillantes à l'égard du Golfe. Les ayatollahs Khomeini et Khamenei ont souvent et directement critiqué les gouvernements du CCG comme étant illégitimes, tout comme leurs mandataires à travers le monde arabe.

En outre, les prétentions de l'Iran à soutenir la cause palestinienne sont reconnues dans le Golfe pour ce qu'elles sont : une tentative pure et simple de s'emparer de parts de marché sunnites dans le soutien public, tout en permettant au Hamas et au Jihad islamique palestinien d'agir comme des fauteurs de troubles permanents (avec la coopération tacite de l'aile droite d'Israël) de toute tentative de l'Autorité palestinienne d'avancer vers un règlement prévoyant deux États.

L'Iran ne veut pas et sait qu'il ne pourra jamais "libérer" la Palestine, comme il le clame haut et fort. Ali Shihabi

L'attaque du Hamas du 7 octobre, dont il savait qu'elle ferait pleuvoir la terreur et la destruction sur la population de Gaza, non protégée et exposée, par un gouvernement israélien qui n'a aucun scrupule à commettre des crimes de guerre ou même un nettoyage ethnique, n'est que le dernier exemple en date de l'habilitation par l'Iran de fauteurs de troubles qui n'apportent rien d'autre aux Palestiniens que la misère et la souffrance.

En fin de compte, le Royaume et les autres États du CCG considèrent l'Iran comme un dangereux adversaire qui rêve de faire tomber l'ordre en place dans le Golfe, d'établir son hégémonie sur la région et d'utiliser cyniquement la cause palestinienne pour fomenter l'instabilité et la colère dans toute la région en vue d'atteindre cet objectif final. L'Iran ne veut pas, et sait qu'il ne pourra jamais, "libérer" la Palestine, comme il le prétend haut et fort. Au contraire, il veut cyniquement libérer le CCG de la présence américaine et établir sa propre hégémonie sur le Golfe et ses richesses pétrolières.

Jusqu'à ce que les actions de l'Iran montrent le contraire - comme, par exemple, l'arrêt complet de son soutien aux Houthis au Yémen - toutes ses prétentions d'amitié et de coopération envers le Golfe seront prises pour ce qu'elles sont : des tentatives cyniques de déguiser un comportement de loup sous des vêtements de mouton. Ce faisant, l'Iran doit s'attendre à ce que les États du CCG se rapprochent de plus en plus de l'alliance dirigée par les États-Unis, avec tout ce que cela implique. Ils le feront pour se protéger de ce qu'ils considèrent comme des intentions malveillantes de Téhéran et pour garantir leur propre sécurité nationale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com