Dévasté par la guerre, le patrimoine ancien de Gaza trouve une planche de salut en Suisse

Une femme tient une vitre brisée au milieu des décombres de la maison démolie d'un Palestinien accusé d'avoir participé à une attaque meurtrière dans la ville israélienne de Raanana le 15 janvier 2024, dans le village de Bani Naim, en Cisjordanie occupée, en avril. 17, 2024. (Photo de HAZEM BADER / AFP)
Une femme tient une vitre brisée au milieu des décombres de la maison démolie d'un Palestinien accusé d'avoir participé à une attaque meurtrière dans la ville israélienne de Raanana le 15 janvier 2024, dans le village de Bani Naim, en Cisjordanie occupée, en avril. 17, 2024. (Photo de HAZEM BADER / AFP)
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Publié le Mercredi 17 avril 2024

Dévasté par la guerre, le patrimoine ancien de Gaza trouve une planche de salut en Suisse

  • Le palais al-Bacha avait été érigé à partir du XIIIe siècle et était connu par les Palestiniens de Gaza pour avoir hébergé à la toute fin du XVIIIe siècle Bonaparte lors de la campagne d'Egypte
  • Si Israël dispose d'un arsenal d'archéologues qui rend compte d'un nombre impressionnant de trésors antiques, ce secteur est resté davantage en friche à Gaza

JERUSALEM: Le "palais de Napoléon", détruit. Le site de l'antique Anthédon, ravagé. Le seul musée privé, incendié. Le patrimoine de Gaza paye un lourd tribut à la guerre, mais par un curieux retournement de situation, une partie de ses trésors reste à l'abri en Suisse.

Chaque jour, au gré de l'accès à l'électricité et internet, l'archéologue palestinien Fadel al-Otol reçoit sur WhatsApp des photos montrant en quasi temps réel l'état des lieux des sites anciens.

Adolescent, M. Otol étudiait les pierres, avant de travailler pour des missions archéologiques européennes. Aujourd'hui, le quadragénaire formé à Genève et au Louvre, est la tour de contrôle d'un vaste réseau d'archéologues à Gaza: une quarantaine de jeunes formés pour fouiller le sol, recomposer le passé en 3D et préserver le patrimoine.

Dans la foulée de la campagne militaire lancée par Israël sur la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, les sites archéologiques ont encaissé un coup dur, l'Unesco disant avoir confirmé jusqu'à présent des dommages sur 41 sites en se basant sur des images satellitaires. L'équipe de M. Otol, elle, travaille à ras de terre.

"Tous les vestiges archéologiques dans le nord de Gaza ont été touchés. Le site de Blakhiya (l'ancienne ville grecque d'Anthédon, NDLR) a été directement bombardé. Il y a un énorme trou. La partie du site que nous n'avions pas commencé à fouiller a été touchée", explique M. Otol à propos de ce site situé à proximité de casernes du Hamas.

Côté israélien, l'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Dans la bande de Gaza, les représailles israéliennes ont fait plus de 33.700 morts, surtout des civils, selon le ministère de Santé du Hamas. Et entraîné des destructions énormes.

«Du chamboulement»

"Dans la vieille ville de Gaza, le palais al-Bacha est complètement détruit. Il y a eu des bombardements et les bulldozers sont passés dessus. Il y avait des centaines d'objets anciens et de magnifiques sarcophages", dit M. Otol, joint par téléphone, avant de partager des photos récentes des lieux en ruines.

Ce palais de pierre sable ocre avait été érigé à partir du XIIIe siècle et était connu par les Palestiniens de Gaza pour avoir hébergé à la toute fin du XVIIIe siècle Bonaparte lors de la campagne d'Egypte.

"Nos meilleures trouvailles avaient été exposées dans le Bacha. Quelqu'un a-t-il sorti des objets avant d'exploser le bâtiment? Nous ne savons que très peu de choses" à ce stade, souligne Jean-Baptiste Humbert, de l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem (Ebaf).

En Israël et dans les Territoires palestiniens, l'archéologie est un sujet hautement politique, de nombreuses découvertes ayant été instrumentalisées pour justifier les revendications des uns et des autres.

Si Israël dispose d'un arsenal d'archéologues qui rend compte d'un nombre impressionnant de trésors antiques, ce secteur est resté davantage en friche à Gaza, et ce malgré un riche passé qui s'étire sur des millénaires et dont des vestiges étaient stockés à l'entrepôt de l'Ebaf et au musée du palais al-Bacha.

Les soldats israéliens sont entrés dans l'entrepôt de l'Ebaf dans la ville de Gaza, le directeur des Antiquités israéliennes, Eli Escusido, postant sur Instagram une vidéo de militaires entourés de vases et de poteries anciennes, ce qui a suscité de vives réactions palestiniennes accusant l'armée de piller le site.

"Mes collègues ont pu retourner sur les lieux. Il y a eu du chamboulement. Les soldats ont ouvert des caisses. On ne sait pas s'ils ont pris quelque chose", explique à l'AFP l'archéologue et chercheur à l'Ebaf, René Elter, disant toutefois ne pas avoir constaté une volonté de "pillage d'Etat".

"Tous les jours lorsque Fadel m'appelle, j'ai peur qu'il m'apprenne qu'un de nos collègues est décédé ou qu'il me dise que tel site a été détruit", dit-il.

«Le sang du Christ»

Seul mouillage offrant une protection naturelle entre le Sinaï et le Liban, Gaza a été pendant des siècles un carrefour des civilisations, un relais entre l'Afrique et l'Asie, une plaque tournante du commerce de l'encens, suscitant tour à tour les convoitises des Egyptiens, des Perses, des Grecs, des Romains, des Ottomans...

Au cours des dernières décennies, ce passé glorieux a été foré par les ouvriers de Jawdat Khoudary, un collectionneur privé. Dans les années 1990, après les accords d'Oslo et la création de l'Autorité palestinienne, Gaza a connu un boom immobilier.

Or, lorsque les ouvriers piochent le sol, ils découvrent des objets antiques. Magnat local du BTP, M. Khoudary accumule des objets dans sa résidence, un trésor qu'il ouvre aux archéologues étrangers sur place parmi lesquels le dominicain Jean-Baptiste Humbert, pilier des fouilles d'Anthédon.

En 2004, le Frère Humbert invite à Gaza son collègue Marc-André Haldimann, alors conservateur du Musée d'art et d'histoire de Genève (MAH), fasciné par des fouilles ayant permis d'exhumer à la cathédrale Saint-Pierre de Genève des amphores anciennes venant de Gaza, car au début de la chrétienté, rappelle-t-il, "c'était le vignoble le plus proche de Jérusalem et donc représentant le mieux le sang du Christ".

Colonnes byzantines

Arrivé à Gaza, dans les jardins de M. Khoudary, l'archéologue genevois n'en croit pas ses yeux. "On s'est retrouvé devant 4.000 objets dont une allée de colonnes byzantines", dit-il à l'AFP.

Une idée se concrétise alors: organiser une grande exposition du passé gazaoui au MAH, puis construire à Gaza un musée pour que les Palestiniens puissent s'approprier leur propre patrimoine.

Fin 2006, environ 260 objets de la collection Khoudary quittent Gaza pour Genève. Et au printemps, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, y inaugure l'exposition regroupant la collection Khoudary et des objets anciens présentés des années plus tôt à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris.

L'exposition est un succès. Mais la géopolitique change en cours de route. Juin 2007, le Hamas chasse l'Autorité palestinienne de Gaza. Et Israël impose son blocus.

Résultat: les objets gazaouis ne peuvent plus rentrer chez eux et restent coincés à Genève tandis que le projet de musée archéologique s'évanouit faute de relais politique à Gaza pour le mettre en oeuvre.

Mais M. Khoudary ne désespère pas. Il construit lui-même un lieu d'exposition qui prendra la forme d'un musée-hôtel, al-Mathaf ("musée", en arabe), situé sur le bord de la Méditerranée, au nord de la ville de Gaza.

Or, l'offensive israélienne menée après l'attaque du 7 octobre commence justement par le nord de Gaza. "Al-Mathaf est resté des mois sous contrôle israélien. Dès qu'ils sont partis, j'ai demandé à des gens de s'y rendre pour voir dans quel état étaient les lieux. Et j'ai été choqué. Il manquait plusieurs objets et le hall a été incendié", affirme à l'AFP M. Khoudary, qui a quitté Gaza pour l'Egypte.

Et sa maison de Cheikh Radwane, quartier du nord de la ville de Gaza théâtre de violents affrontements, a été détruite: "les Israéliens ont aplani le jardin avec des bulldozers (...). Je ne sais pas si des objets ont été enfouis (par les bulldozers) ou si les colonnes de marbre ont été brisées ou pillées. Je ne trouve pas les mots".

Interrogée, l'armée israélienne n'a pas commenté ces destructions spécifiques, mais plutôt accusé le Hamas d'utiliser des hôpitaux, des écoles et des sites patrimoniaux à des fins militaires. "Israël respecte ses engagements envers le droit international, notamment en garantissant la protection spéciale (au patrimoine, ndlr)", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

«Lieu lumineux»

Si une partie de la collection locale de M. Khoudary est perdue, celle en Suisse reste intacte. Une demande en 2016 de restitution à l'Autorité palestinienne des objets encore à Genève n'a pu se concrétiser malgré un travail pour y donner suite, explique à l'AFP Béatrice Blandin, actuelle conservatrice au MAH.

"On a fait un inventaire, on a rédigé un protocole d'accord précisant les conditions du retour. On a restauré certaines pièces en bronze qui étaient légèrement corrodées et on a tout remballé et mis en caisse. Il y avait 106 caisses qui étaient prêtes au départ", détaille-t-elle: "Il fallait juste avoir l'assurance que le convoi ne soit pas bloqué puisqu'il devait traverser le territoire israélien (...). On attendait ce feu vert mais on ne l'a pas eu encore".

Loin de la guerre qui fait rage à Gaza, "les objets sont toujours en bonne condition", assure Mme Blandin, précisant que des "discussions étaient en cours" pour sortir ce patrimoine de l'ombre et organiser une nouvelle exposition en Suisse.

Au bout du fil, en Egypte, M. Khoudary trépigne à l'idée: "la plus importante collection d'objets sur l'histoire de Gaza est à Genève. S'il y a une nouvelle exposition cela permettra au monde entier de connaître notre histoire".

"C'est quasiment une ironie de l'Histoire", renchérit M. Haldimann. "Une nouvelle expo Gaza permettrait de montrer à nouveau que Gaza est un lieu lumineux (...), que c'est tout sauf un trou noir", dit-il en se mobilisant pour permettre à son ami Fadel al-Otol de quitter Gaza pour gagner la Suisse.


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le rappeur français Jul, toujours champion du streaming en 2025, sort un double album

Jul, photo X, compte du rappeur.
Jul, photo X, compte du rappeur.
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  • Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril
  • Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026

PARIS: Numéro 1 des artistes les plus streamés dans l'Hexagone en 2025, le rappeur français Jul, originaire de Marseille (sud-est), sort vendredi "TP sur TP", un double album enregistré à Paris contenant des duos éclectiques, de Naza au groupe corse I Muvrini.

"Je fais tout à l'instinct, tout sur l'esprit du moment", confie Jul dans le documentaire qui accompagne cette sortie, disponible sur YouTube.

Le film plonge dans les coulisses de la création du disque lors de sessions d'enregistrement nocturnes dans un studio parisien, où il dit être venu chercher "une autre inspiration".

"J'ai toujours fait des bons albums avec la grisaille", sourit "le J", loin de Marseille, la ville dont il est devenu un emblème jusqu'à être, à l'arrivée de la flamme olympique sur le Vieux-Port en provenance de Grèce, l'un des premiers porteurs français des Jeux de Paris en 2024.

En une quinzaine de jours, cet artiste prolifique - une trentaine d'albums, au moins deux nouveautés par an depuis 2014 -, a bâti un double opus de 32 morceaux, via son label indépendant D'or et de platine.

"J'essaie d'innover, j'essaie de faire ce que j'aime", lâche le rappeur de 35 ans.

Le titre de l'album, "TP sur TP", s'inscrit dans son univers: "TP" signifie "temps plein", en référence au volume horaire des dealers et autres petites mains d'un trafic qui gangrène la cité phocéenne.

A ses yeux, sa musique n'évoque "que de la réalité", des instants de vie "que ce soit dans la trahison, que ce soit dans les joies, les peines". Comme des photos qui défilent sur un téléphone, "mes sons, c'est mes souvenirs à moi", compare-t-il dans le documentaire.

Parmi les duos figurent son ami Naza, la star américaine des années 2000 Akon ("Lonely") ou encore le trublion catalan du rap Morad.

Jul rend aussi hommage à ses racines familiales corses, avec "A chacun sa victoire", titre où il conte l'espoir aux côtés du célèbre groupe I Muvrini, et dans une autre chanson avec Marcu Antone Fantoni.

Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril. Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026.

En parallèle, son règne sur le classement des artistes les plus écoutés en streaming en France se poursuit: en 2025, il reste numéro 1 pour la cinquième année consécutive sur Spotify et la sixième année d'affilée sur Deezer, selon les données de ces plateformes publiées cette semaine.


A Notre-Dame de Paris, plus de 11 millions de visiteurs un an après la réouv

Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de visiteurs, dépassant largement sa fréquentation d’avant l’incendie
  • De nouveaux travaux extérieurs sont prévus au-delà de 2030, poussant l’établissement public à lancer un nouvel appel aux dons

PARIS: Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de personnes, qui se pressent pour admirer la pierre blonde et le mobilier épuré de l'édifice victime d'un incendie géant en 2019.

Le 7 décembre 2024, la cathédrale était rouverte après plus de cinq ans de travaux, en présence de chefs d’État dont Emmanuel Macron et Donald Trump, lors d'une cérémonie retransmise en mondovision.

Un an plus tard, "la cathédrale a accueilli plus de 11 millions de visiteurs venus du monde entier", soulignent ses responsables.

Maria Vega, Colombienne de 22 ans, n'envisageait pas un voyage à Paris sans passer par Notre-Dame. "C'est particulièrement important pour moi qui me suis récemment réengagée dans l'Eglise", explique la jeune femme qui s'émerveille d'une restauration "très précise": "La beauté et la simplicité sont frappantes."

Dany Tavernier, 55 ans, venue de Seine-et-Marne avec sa famille, visite pour la première fois la cathédrale restaurée: "C'est magnifique, on voudrait en voir plus, comme la +forêt+ de la charpente", dit-elle à la sortie de l'édifice.

La cathédrale a dépassé ses niveaux de fréquentation (estimés autour de 8 à 9 millions d'entrées) d'avant l'incendie du 15 avril 2019, qui avait ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'œuvre de l'art gothique du XIIe siècle.

Un chantier titanesque, financé grâce à 843 millions d'euros de dons, a été nécessaire pour restaurer la cathédrale qui ne désemplit pas depuis sa réouverture.

Les files s'étirent toujours sur le parvis, surtout le week-end, mais "aujourd'hui, la queue est tout à fait satisfaisante", assure-t-on à la cathédrale.

Les visiteurs individuels peuvent entrer avec ou sans réservation, et toujours gratuitement, malgré l'idée d'une contribution de 5 euros avancée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Une suggestion rejetée par le diocèse de Paris, au nom de la mission d'accueil inconditionnel de l’Église.

- Dons -

Face à l'afflux de visiteurs, on affiche toutefois à Notre-Dame une volonté de "réguler" les entrées, particulièrement pendant les offices, en fonction du nombre de visiteurs déjà présents. "Il est important de bien accueillir, que ce soit agréable pour tous de venir, pour prier et visiter, dans un environnement paisible", ajoute-t-on.

"Quand vous êtes à l'intérieur, vous pouvez vraiment prier, je viens de le faire pendant vingt minutes, vous n'entendez pas les gens autour", assure Melissa Catapang, 39 ans, venue de Dubaï, qui loue "la solennité" de l'endroit.

Car la cathédrale se veut aussi "pleinement lieu de prière" avec plus de 1.600 célébrations organisées cette année, et un véritable essor des pèlerinages: plus de 650, dont un tiers venus de l’étranger.

Il s'agit là d'un phénomène relativement nouveau, des pèlerins venant pour la Vierge, d'autres pour la couronne d'épines - une relique acquise par Saint Louis en 1238 -, d'autres encore mus par "l'espérance, le renouveau, la résilience".

La cathédrale compte poursuivre cette dynamique spirituelle et culturelle.

Jusqu'au 2 février, une crèche provençale d'une cinquantaine de santons est installée.

La couronne d'épines est désormais présentée en ostension tous les vendredis de 15H00 à 18H30 - alors qu'elle n'était jusqu'ici vénérée que le premier vendredi de chaque mois.

Les vitraux contemporains de l'artiste Claire Tabouret seront installés fin 2026 pour remplacer six des sept baies du bas-côté sud de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Mais dès mercredi, des maquettes grandeur nature seront exposées au Grand Palais.

Et s'il reste 140 millions d'euros sur les dons collectés, "il manque encore au moins l'équivalent" pour terminer la restauration d'un édifice qui n'était pas en bon état avant l'incendie, souligne l"établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d'ouvrage de la restauration, qui lance un appel aux dons.

Des travaux sur des parties extérieures "ont été engagés en 2025 et devront être programmés jusqu’au-delà de 2030", ajoute-t-on: après la restauration déjà lancée du chevet, il faudra se pencher sur la sacristie, les trois grandes roses de la cathédrale, les façades nord et sud du transept, le presbytère...

La Fondation Notre Dame espère elle lever 6 millions d'euros.