Attal reçu par Trudeau, le sort du traité Ceta au menu

 Le Premier ministre français Gabriel Attal rencontre jeudi à Ottawa son homologue Justin Trudeau qu'il tentera de rassurer sur le sort du Ceta, traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, dont Paris menace d'enrayer le processus de ratification. (AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal rencontre jeudi à Ottawa son homologue Justin Trudeau qu'il tentera de rassurer sur le sort du Ceta, traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, dont Paris menace d'enrayer le processus de ratification. (AFP).
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Publié le Jeudi 11 avril 2024

Attal reçu par Trudeau, le sort du traité Ceta au menu

  • Le climat, mais aussi le sort en France du Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement, ou Accord économique et commercial global, en français) seront au centre des discussions
  • Le Premier ministre canadien y a déjà fait allusion mercredi soir vantant le "niveau record" des investissements franco-canadiens qui, grâce à ce traité, "créent des emplois des deux côtés de l'Atlantique"

OTTAWA: Le Premier ministre français Gabriel Attal rencontre jeudi à Ottawa son homologue Justin Trudeau qu'il tentera de rassurer sur le sort du Ceta, traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, dont Paris menace d'enrayer le processus de ratification.

Après avoir célébré mercredi soir, les "valeurs partagées" par les deux pays comme la liberté et l'Etat de droit, MM. Trudeau et Attal auront jeudi matin un entretien, qui sera suivi d'une conférence de presse.

Le climat, mais aussi le sort en France du Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement, ou Accord économique et commercial global, en français) seront au centre des discussions.

Le Premier ministre canadien y a déjà fait allusion mercredi soir vantant le "niveau record" des investissements franco-canadiens qui, grâce à ce traité, "créent des emplois des deux côtés de l'Atlantique".

Dix Etats européens doivent encore ratifier cet accord commercial, entré en vigueur à titre provisoire à l'échelle européenne le 21 septembre 2017. Or, le Sénat français a voté le 21 mars contre, mettant en péril sa ratification sur fond de crise agricole.

« Déception » d'Ottawa 

Gabriel Attal devrait "rassurer sur le fait que le gouvernement français croit à son application et à ses vertus", explique un ministre qui l'accompagne. "Il n'y a pas un gramme de bœuf canadien dans nos assiettes", fait-il valoir.

Même si ce ministre reconnaît "qu'il y a un sujet dans la filière bovine" française, qui s'est réjouie du rejet du traité, à l'inverse des exportateurs de vin. "Mais ce n'est pas avec le Canada qu'on va le régler".

Le chef du patronat français (Medef) Patrick Martin, également du voyage, souhaite que "cet épisode ne laisse pas trop de séquelles" et reste un simple "accident".

Paris rapporte une "déception" d'Ottawa à ce sujet, mais assure que ce débat "ne change pas du tout la relation bilatérale".

"C'est vu au Canada comme un enjeu de politique intérieure français", abonde la politologue canadienne Stéphanie Chouinard.

Sa collègue Geneviève Dufour, experte en droit du commerce international à l'université d'Ottawa, met ce rejet par le Sénat français sur le compte "de la désinformation, du populisme et d'une grogne des agriculteurs".

Elle rappelle que le Ceta a contribué à doper les échanges commerciaux entre les deux pays et que "les Français sont ceux qui en bénéficient le plus".

En outre, cet accord ne se résume pas à l'agriculture. Il comprend un volet sur les minerais canadiens dits "critiques" pour la transition énergétique comme l'uranium ou le lithium, prisés par Paris.

Les échanges entre l'UE et le Canada ont pris une nouvelle tournure depuis la guerre en Ukraine. Grâce au Ceta, l'Europe a pu substituer des produits canadiens --comme ces matériaux-- aux produits russes qu'elle n'importe plus.

« Signal » climatique 

Sur le plan climatique, Gabriel Attal entend pousser une initiative du président français Emmanuel Macron, le "Pacte de Paris pour les peuples et la planète" (4P), lancé en juin 2023. Il vise à refonder le système financier mondial afin de lutter à la fois contre le réchauffement et la pauvreté.

Le Canada ne l'a pas ratifié, mais Paris attend un engagement "ambitieux" de son partenaire qui enverrait aussi "un signal" en France, où le Premier ministre est accusé de reculer sur la question climatique au profit des agriculteurs.

L'après-midi, Gabriel Attal se rendra au Québec, province francophone du Canada avec laquelle la France entretient une relation "directe et privilégiée", selon les termes employés par le général De Gaulle. Il rencontrera le Premier ministre québécois François Legault et prononcera un discours devant l'Assemblée nationale du Québec.

Laurent Fabius est le dernier chef de gouvernement français à s'y être exprimé, en 1984, et François Hollande le dernier président, en 2014.

Malgré cette longue absence, les relations franco-québécoises "ne se distendent évidemment pas. Notre objectif, c'est d'incarner cette force et de lui donner un peu de chair", souligne-t-on à Matignon.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.