ISTANBUL : Le président turc Recep Tayyip Erdogan sera reçu pour la première fois le 9 mai par Joe Biden à la Maison Blanche, à quelques mois de la fin du mandat du président américain.
Cette rencontre à Washington, confirmée vendredi par une source officielle turque à l'AFP, sera la première dans le bureau ovale entre les deux présidents.
Le dernier tête-à-tête entre MM. Erdogan et Biden, deux alliés au sein de l'Otan, remonte à juillet 2023, en marge du sommet de l'Organisation à Vilnius: le chef de la Maison Blanche avait alors tenté de convaincre le dirigeant turc d'approuver l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, bloquée depuis 2022.
Soner Cagaptay, expert du Washington Institute, a salué un "voyage important" rappelant à l'AFP que "le président Erdogan dirige la Turquie depuis 21 ans et Biden est jusqu'à présent le premier président américain à ne pas l'avoir invité à la Maison Blanche."
"Qu'il ait reçu cette invitation juste avant la fin du mandat de Biden témoigne d'une trajectoire ascendante dans les relations américano-turques".
Les relations entre Washington et Ankara se sont éclaircies dès lors qu'Ankara a levé son véto contre Stockholm et approuvé son entrée dans l'Otan après avoir ouvert la porte à la Finlande.
Dans la foulée, le président Biden, en janvier, puis le Congrès américain, en février, ont "approuvé" la vente de 40 avions de chasse américains F-16 à la Turquie, mettant un point final à des mois de tractations entre les deux capitales.
Le contrat porte aussi sur 79 kits de modernisation, d'un montant totale de 23 milliards de dollars.
Washington et Ankara cherchent depuis à resserrer leurs coopération dans le domaine des industries de défense, Selon une source occidentale à l'AFP.
Industries de défense
Le secteur est en pointe en Turquie avec une explosion de +25% de ses exportations l'an dernier - totalisant 5,5 milliards de dollars selon l'association des exportateurs turcs: il s'agit principalement des fameux drones Bayrakhtar mais aussi de munitions, d'armes légères, de véhicules militaires...
Le patron des renseignements turcs (MIT) Ibrahim Kalın rencontrait d'ailleurs vendredi des membres de la Chambre des représentants des États-Unis à Ankara, selon les médias officiels.
Outre la préparation de la visite présidentielle, les discussions devaient notamment porter sur la situation en Ukraine et Gaza et sur la lutte anti-terroriste après l'attaque du groupe Etat islamique à Moscou.
Un autre point de dissensions subsiste entre les deux capitales: le soutien inconditionnel de l'administration Biden à Israël depuis les massacres du 7 octobre et le début de la guerre à Gaza qui a fait plus de 32.600 morts, selon le dernier bilan du Hamas .
Ankara, qui assure 19% des livraisons d'aide humanitaire aux populations palestiniennes de Gaza, a cependant salué "une étape positive" après le vote, lundi, d'une résolution de l'ONU exigeant pour la première fois un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, avec l'abstention notable des Etats-Unis.
Par ailleurs, la Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie.
Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine était d'ailleurs annoncé en Turquie le 9 février avant d'annuler sa visite in extremis.
Mais la Turquie a plusieurs fois été mise en garde par les Etat-Unis qui lui ont reproché de faciliter les exportations de produits sous sanction à travers ses banques et via le détroit du Bosphore.
"Il ne s'agit pas d'empêcher les échanges avec la Russie mais de couper tout commerce illégal", a décrypté une source occidentale.
Un observateur a ainsi cité en exemple "le bond" des exportations d'équipements électro-ménagers vers la Russie, tels des lave-vaisselle, contenant des composants électroniques utiles à la fabrication d'armements sophistiqués.