Moody's: «improbable» que la France tienne son objectif de réduction du déficit d'ici 2027

Une pancarte pour l'agence de notation Moody's est affichée au siège de la société à New York, le 18 septembre 2012. AFP PHOTO/Emmanuel Dunand (Photo, AFP)
Une pancarte pour l'agence de notation Moody's est affichée au siège de la société à New York, le 18 septembre 2012. AFP PHOTO/Emmanuel Dunand (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 28 mars 2024

Moody's: «improbable» que la France tienne son objectif de réduction du déficit d'ici 2027

  • Moody's juge «improbable» que le gouvernement tienne son objectif d'un déficit de 4,4% cette année malgré les économies du budget 2024 et les coupes supplémentaires annoncées
  • L'agence américaine s'attend à ce que le niveau de la dette publique remonte «lentement» à partir de 2024, exposant le pays à des coûts liés aux intérêts «jamais vus en plus de 20 ans»

PARIS: L'agence de notation Moody's a jugé mercredi "improbable" que la France tienne son objectif de réduire le déficit public à 2,7% d'ici 2027, estimant en outre les 10 milliards d'économies supplémentaires en 2024 insuffisantes pour "remettre le gouvernement sur la trajectoire" budgétaire prévue.

L'annonce d'un dérapage du déficit à 5,5% du PIB (Produit intérieur brut) en 2023 "rend improbable" la tenue par le gouvernement de son objectif de réduire le déficit à 2,7% du PIB d'ici 2027, "tel qu'il le prévoit dans son plan budgétaire à moyen terme présenté en septembre", écrit Moody's dans un communiqué.

L'agence américaine, dont le calendrier prévoit une actualisation de la note française le 26 avril, précise que l'avis publié mercredi n'est pas un avis de notation à proprement parler.

L'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) a indiqué mardi que le déficit, à 5,5% du PIB en 2023, avait dépassé de 15,8 milliards d'euros et de 0,6 point de pourcentage, la prévision du gouvernement qui était de 4,9%, compliquant encore l'objectif de désendettement affiché par le ministre français de l'Economie.

Bruno Le Maire a malgré tout réaffirmé mardi sa "détermination totale" à repasser sous les 3% de déficit public en 2027.

"Le déficit plus important que prévu est quasiment entièrement dû à des recettes plus faibles que prévu", ajoute Moody's.

Ce déficit plus élevé "souligne les risques inhérents à la stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement, qui se base sur des hypothèses économiques et de recettes optimistes, ainsi que des baisses sans précédent de la dépense", juge l'agence de notation.

Par ailleurs, Moody's juge "improbable" que le gouvernement tienne son objectif d'un déficit de 4,4% cette année malgré les économies du budget 2024 et les coupes supplémentaires annoncées.

Réduire le déficit d'un point de pourcentage en un an, hors circonstances exceptionnelles liées au Covid, "n'a été fait qu'une seule fois depuis 2000", rappelle l'agence.

Moody's s'attend également à ce que le niveau de la dette publique remonte "lentement" à partir de 2024, exposant le pays à des coûts liés aux intérêts "jamais vus en plus de 20 ans".


Barnier promet enfin une annonce imminente de son gouvernement

Selon un communiqué de ses services, Michel Barnier a affirmé qu'il entendait "améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l'école et la santé, garantir la sécurité, maîtriser l'immigration et faire progresser l'intégration". (AFP)
Selon un communiqué de ses services, Michel Barnier a affirmé qu'il entendait "améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l'école et la santé, garantir la sécurité, maîtriser l'immigration et faire progresser l'intégration". (AFP)
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  • Selon Matignon, l'exécutif devrait être présenté avant dimanche, "au regard des vérifications déontologiques habituelles", en d'autres termes le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique
  • Le gouvernement devrait comprendre 38 membres, dont 16 ministres de plein exercice, parmi eux sept macronistes et trois Républicains (LR), deux MoDem, un Horizons ou encore un du parti centriste UDI

PARIS: Deux semaines après sa nomination, Michel Barnier s'apprête à présenter aux Français la composition de son gouvernement, qui devrait compter 38 membres, malgré de premières polémiques sur le positionnement très à droite de certains ministres.

Issu des rangs des Républicains, Michel Barnier a fait jeudi un pas important dans la difficile élaboration de son exécutif, qui ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, en se rendant dans la soirée à l'Elysée pour soumettre sa liste au président de la République Emmanuel Macron.

Un échange "constructif" d'une cinquantaine de minutes où le Premier ministre a présenté "l'architecture et la composition de son gouvernement qui respecte les équilibres" entre les différentes formations qui le constitueront, a indiqué Matignon.

Le président, qui avait eu mardi un déjeuner tendu avec son chef du gouvernement, selon plusieurs sources, l'a raccompagné en lui disant "merci beaucoup, à demain".

"En tout cas, il ne récuse aucun nom", a précisé un proche du chef de l'Etat à l'AFP.

Selon Matignon, l'exécutif devrait être présenté avant dimanche, "au regard des vérifications déontologiques habituelles", en d'autres termes le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) à la nomination des futurs ministres.

Le gouvernement devrait comprendre 38 membres, dont 16 ministres de plein exercice, parmi eux sept macronistes et trois Républicains (LR), deux MoDem, un Horizons ou encore un du parti centriste UDI.

Parmi les trois ministres issus de la droite figure Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l'Intérieur, ont indiqué plusieurs sources de la droite et du bloc central.

La nomination de cette figure du camp conservateur, très à droite sur l'immigration, était dénoncée à gauche, tout comme celle de la sénatrice LR Laurence Garnier pour le ministère de la Famille, du fait de ses positions contre le mariage homosexuel et contre la constitutionnalisation de l'IVG.

"Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous", a dénoncé sur TF1 la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, évoquant une "extrême droitisation de la macronie".

M. Retailleau remplacerait Gérald Darmamin, qui a acté son départ vendredi matin par un message de remerciements aux agents de son ministère.

Laurent Wauquiez, le patron des députés LR qui nourrit des ambitions élyséennes pour 2027, a pris les devants en annonçant qu'il renonçait à entrer au gouvernement après avoir refusé le poste de ministre des Finances.

Du côté des macronistes, le ministre MoDem (centre) démissionnaire des Affaires européennes Jean-Noël Barrot va être proposé pour les Affaires étrangères, tandis que le ministre des Armées Sébastien Lecornu devrait être reconduit.

Une répartition qui ne semble pas convenir à tout le monde dans le camp macroniste, une source du MoDem assurant que ses députés étaient en colère, très "remontés".

Qui pour Bercy ? 

Alors qu'il peine à trouver des personnalités de gauche, auprès desquelles il a essuyé plusieurs refus, seul un "divers gauche" figurerait parmi ces ministres de plein exercice. Le nom de Didier Migaud, actuel président de la HATVP et issu du Parti socialiste, circule pour entrer à la Justice.

A Bercy, le ministère serait dirigé par un duo de députés macronistes: Antoine Armand pour l'économie et l'industrie d'un côté; Matthieu Lefèvre de l'autre pour le budget, rattaché directement à Matignon.

Donnant un sérieux coup d'accélérateur pour former son équipe, le Premier ministre a réuni jeudi à Matignon les dirigeants des formations qui devaient y participer, avec l'intention de mettre fin aux tensions qui ont émergé ces derniers jours.

Selon plusieurs participants, il affirmé qu'il n'augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes, une décision qui a satisfait Gabriel Attal, le chef de file des députés macronistes, qui avait fixé cette condition pour la participation de son parti au gouvernement.

Selon un communiqué de ses services, Michel Barnier a affirmé qu'il entendait "améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l'école et la santé, garantir la sécurité, maîtriser l'immigration et faire progresser l'intégration".

Il souhaite aussi "encourager (les) entreprises et (les) agriculteurs et conforter l'attractivité économique de la France, maîtriser (les) finances publiques et réduire la dette écologique".

Le Premier ministre a affirmé mercredi avoir découvert une "situation budgétaire très grave". La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l'Union européenne, l'objet d'une procédure européenne pour déficits excessifs.

Le temps presse côté budget, dont le calendrier a été retardé par la dissolution de l'Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement) en juin et la nomination très tardive d'un nouveau Premier ministre.


Liban: « un chemin diplomatique existe», affirme Macron dans une vidéo aux Libanais

Emmanuel Macron s'est adressé directement aux Libanais jeudi soir dans une vidéo sur les réseaux sociaux, leur assurant qu'un "chemin diplomatique existe" et que "la guerre n'est pas inéluctable". (AFP)
Emmanuel Macron s'est adressé directement aux Libanais jeudi soir dans une vidéo sur les réseaux sociaux, leur assurant qu'un "chemin diplomatique existe" et que "la guerre n'est pas inéluctable". (AFP)
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  • "Personne n'a intérêt à l'escalade", a déclaré le président français, alors que la région semble à nouveau au bord du gouffre
  • Emmanuel Macron s'est entretenu jeudi au téléphone avec le Premier ministre libanais Najib Mikati, le président de la Chambre des députés Nabih Berri et le commandant des forces armées libanaises Joseph Aoun, ainsi qu'avec Benjamin Netanyahu

PARIS: Emmanuel Macron s'est adressé directement aux Libanais jeudi soir dans une vidéo sur les réseaux sociaux, leur assurant qu'un "chemin diplomatique existe" et que "la guerre n'est pas inéluctable".

"Personne n'a intérêt à l'escalade", a déclaré le président français, alors que la région semble à nouveau au bord du gouffre après les explosions meurtrières d'appareils de transmission du Hezbollah, que le mouvement pro-iranien attribue à Israël. "Rien, aucune aventure régionale, aucun intérêt privé, aucune fidélité à quelque cause que ce soit ne mérite de déclencher un conflit au Liban", a-t-il ajouté, assurant que la France était aux "côtés" des Libanais.

Emmanuel Macron s'est entretenu jeudi au téléphone avec le Premier ministre libanais Najib Mikati, le président de la Chambre des députés Nabih Berri et le commandant des forces armées libanaises Joseph Aoun, ainsi qu'avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Il a marqué sa plus vive inquiétude suite à la série d'explosions au Liban qui contribuent à une escalade dangereuse des tensions dans la région" et a appelé "toutes les parties à agir pour éviter la guerre", avait fait savoir la présidence française.

Dans sa vidéo, il rend hommage aux "victimes civiles des attaques de cette semaine". "Alors que votre pays n'en finit pas de surmonter les épreuves, le Liban ne peut vivre dans la peur d’une guerre imminente. Et je vous le dis très clairement, comme je l'ai dit à tous, nous devons refuser cette fatalité", a-t-il insisté, estimant qu'il appartient aux responsables politiques libanais "aussi d'agir en ce sens".

"Plus que jamais, il vous faut dans cet instant un président pour assumer la conduite du pays face aux menaces qui pèsent sur vous", a-t-il ajouté, alors que la classe politique libanaise est incapable d'en nommer un depuis des mois.

"Je le sais, dans la confusion, dans le chagrin, l'espoir est une denrée rare. Dans cette confusion, dans ce chagrin, la France se tient à vos côtés", a-t-il conclu.


Macron se rendra prochainement à l'Assemblée générale de l'ONU puis au Canada

Le président français Emmanuel Macron visite l'« Arboretum de Nanterre », un campus de bureaux entièrement en bois à Nanterre, près de Paris, le 19 septembre 2024. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron visite l'« Arboretum de Nanterre », un campus de bureaux entièrement en bois à Nanterre, près de Paris, le 19 septembre 2024. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Attendu mardi à New York, il prononcera son discours mercredi.
  • Mercredi soir, le chef de l'Etat français se rendra pour la seconde fois au Canada, pour "relancer le partenariat stratégique" entre les deux pays alliés avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

PARIS : Emmanuel Macron se rendra la semaine prochaine à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, où il s'entretiendra notamment avec des dirigeants du Proche-Orient, avant une visite au Canada, avec une étape au Québec, pour prôner une "relance de la francophonie", a annoncé jeudi l'Elysée.

Deux ans après son précédent discours à la prestigieuse tribune des Nations unies, quand il avait mis en garde contre la "fracture du monde", le président français ira à nouveau au grand rendez-vous annuel de la diplomatie à un moment où il faut "recréer des points de convergence" au sein de la communauté internationale, a expliqué son entourage à la presse.

D'autant que le contexte "s'est sans doute encore aggravé": outre le conflit en Ukraine qui perdure, le monde est secoué par la guerre à Gaza. "La communauté internationale est très fortement fracturée autour de ces deux sujets", a expliqué la présidence.

Attendu mardi à New York, il prononcera son discours mercredi.

Il participera aussi à plusieurs événements, notamment un sommet sur la démocratie organisé par le président brésilien Lula, et une réunion pour faire le point sur son "Pacte de Paris pour les peuples et la planète", lancé en 2023 pour réformer les instances financières internationales et mieux concilier lutte contre la pauvreté et lutte contre le réchauffement climatique.

Surtout, Emmanuel Macron "pourra rencontrer des dirigeants notamment du Proche-Orient", au moment où la région menace de s'enfoncer dans l'escalade, selon l'Elysée, qui n'a fourni aucun rendez-vous précis. Un entretien avec le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian était envisagé mais n'a pas encore été confirmé.

Mercredi soir, le chef de l'Etat français se rendra pour la seconde fois au Canada, pour "relancer le partenariat stratégique" entre les deux pays alliés avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Dix jours avant le sommet de la Francophonie organisé par la France, il ira jeudi, après Ottawa, à Montréal, dans la province francophone du Québec, dont il doit aussi rencontrer le Premier ministre François Legault.

"Plusieurs annonces sont prévues à cette occasion pour relancer la francophonie au Canada, en lien avec les provinces et l'État fédéral, mais surtout avec la volonté de porter une nouvelle ambition qui est de rechercher de nouveaux modèles, notamment sur la forme de financements privés", a dit un conseiller présidentiel, sans plus de précisions.