KIEV : L'Ukraine et la Russie ont encore mené des attaques aériennes réciproques durant la nuit de vendredi à samedi, qui ont fait deux morts côté russe, tandis que la ville ukrainienne de Kharkiv, toujours partiellement privée d'électricité après des frappes la veille, a de nouveau été visée.
Deux civils ont été tués et sept autres blessés lors d'une attaque de drones et des frappes dans la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a indiqué le gouverneur régional.
L'Ukraine a, elle, été visée par 34 drones explosifs Shahed, dont 31 ont pu être abattus. Quatre personnes ont été blessées à Kharkiv, une ville comptant 1,5 million d'habitants avant-guerre, près de la frontière russe.
«La matinée a été difficile», a également affirmé le gouverneur de la région russe de Belgorod, Viatcheslav Gladkov sur Telegram.
Selon lui, deux districts dans sa région ont été attaqués par des drones ukrainiens. L'une de ces attaques, qui s'est produite dans le district de Tchernianski, a fait un mort civil et deux blessés.
Belgorod, la capitale régionale, a été pour sa part visée samedi matin par des frappes de roquettes qui ont endommagé plusieurs bâtiments résidentiels. Dans un immeuble, trois balcons se sont effondrés, tuant un homme qui résidait dans un des appartements.
M. Gladkov a publié une photo d'un immeuble en brique grise déformé, aux fenêtres brisées avec, devant, les débris des trois balcons.
Selon lui, cinq autres personnes ont été blessées et hospitalisées.
Le ministère russe de la Défense a indiqué de son côté avoir détruit au-dessus de la région de Belgorod onze roquettes tirées par les systèmes Vampire en provenance de l'Ukraine.
- Kharkiv dans le noir -
La région est la cible de nombreuses attaques depuis plusieurs semaines, mais elles se sont multipliées à l'approche de la présidentielle de la mi-mars, remportée par Vladimir Poutine en l'absence de toute opposition, celle-ci ayant été éradiquée par la répression.
La Russie a réagi vendredi par une escalade de ses propres frappes contre l'Ukraine, tirant des dizaines de missiles et lançant des dizaines de drones explosifs pour détruire l'infrastructure énergétique ukrainienne.
La deuxième ville du pays, Kharkiv a été plongée dans le noir vendredi et, samedi matin, encore quelque 275.000 personnes étaient privées d'électricité, selon le gouverneur Oleg Synegoubov.
«Les ingénieurs travailleront 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour éliminer les conséquences du bombardement», a-t-il ajouté.
La ville a cependant été attaquée une nouvelle fois dans la nuit de vendredi à samedi par de drones russes.
Un bâtiment municipal a été frappée une première fois puis une seconde lorsque les secours arrivaient sur place. Deux secouristes et un policier ont alors été blessés. Un jeune de 18 ans a également été blessé, selon le gouverneur.
Dans la soirée à Kharkiv, des habitants racontaient à l'AFP avoir perdu l'habitude des coupures de courant de cette ampleur, qui ont entraîné l'arrêt de l'eau et du chauffage, dont les systèmes de distribution fonctionnent à l'électricité.
«Nous sommes habitués aux bombardements, ils sont assez fréquents, (mais) il n'y avait pas eu de panne d'électricité depuis longtemps», explique Bogdan Kuriashiy, 21 ans.
L'Ukraine a connu une campagne massive de bombardements contre ses installations électriques durant l'hiver 2022 et 2023, mais cette année ces infrastructures avaient été plutôt épargnées, du fait de défenses anti-aériennes plus solides.
Les frappes de vendredi ont cependant démontré que l'Ukraine était loin d'être à l'abri et les autorités ont martelé avoir un besoin urgent de systèmes et de minutions anti-aériens.
Or l'aide américaine, voulue par le président démocrate Joe Biden, est bloquée depuis des mois au Congrès par le camp républicain soutenant son prédécesseur à la Maison Blanche Donald Trump.
L'aide européenne a quant à elle pris un grand retard.
La Russie, mieux armée, est à l'initiative sur le front depuis l'automne 2023 et l'échec de la contre-offensive estivale de Kiev, et grignote du terrain, malgré de lourdes pertes en particulier dans l'est, près de la ville d'Avdiïvka, conquise par l'occupant russe en février.