Des cyber-militaires dédiés aux conflits «d'État à État»

Mais l'action contre ces groupes criminels n'est pas dans la vocation du Commandement de la cyberdéfense (Comcyber), explique le général Tisseyre (Photo, AFP)
Mais l'action contre ces groupes criminels n'est pas dans la vocation du Commandement de la cyberdéfense (Comcyber), explique le général Tisseyre (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 06 janvier 2021

Des cyber-militaires dédiés aux conflits «d'État à État»

  • L'année 2020 a été marquée par un développement sans précédent des attaques d'entreprises et d'institutions publiques aux rançongiciels
  • «Nous avons renforcé les passerelles» entre les réseaux du ministère des Armées et Internet

PARIS: Les militaires chargés de la lutte informatique en France ont vocation à agir dans le cadre des conflits « d’État à État » mais pas dans le combat contre la cybercriminalité, explique leur chef, le général Denis Tisseyre, dans un entretien.  

Devant la sophistication des attaques des groupes cybercriminels contre des entreprises ou des institutions publiques comme les hôpitaux, certains experts en appellent aujourd'hui à des mesures informatiques offensives contre des pirates qui semblent bénéficier d'une impunité totale. 

Mais l'action contre ces groupes criminels n'est pas dans la vocation du Commandement de la cyberdéfense (Comcyber), explique le général Tisseyre. 

« Il n'est pas prévu que le commandement de la cyberdéfense soit le bras armé de l'État pour intervenir contre la cybercriminalité organisée ou la menace du rançongiciel », estime-t-il.  

« Nos capacités offensives sont là pour du conflit de haute intensité, pour le combat d’État à État », explique-t-il.  

L'année 2020 a été marquée par un développement sans précédent des attaques d'entreprises et d'institutions publiques aux rançongiciels. 

En octobre dernier, le Washington Post a révélé que les militaires du commandement cyber américain (US Cyber Command) étaient intervenus contre le botnet Trickbot, infrastructure criminelle utilisée, entre autres, pour disséminer du rançongiciel. 

Mais une telle action militaire n'est pas à l'ordre du jour en France. 

« Contre les groupes cybercriminels, nous allons plutôt partager de l’information avec les services de police et gendarmerie, sur les modes d’actions et les techniques des attaquants, et les procédures pour pouvoir réagir », explique le général Tisseyre.  

« Mais notre soutien n'est pas systématisé, nous n'avons pas vocation à être un acteur de premier rang par rapport à cette défense contre la cybercriminalité », résume-t-il. 

En cas d'attaque massive mettant en jeu la sécurité du pays , l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) aurait toutefois « la possibilité de se retourner vers les services qui sont capables de faire une attaque » - dont le Comcyber - « pour demander une action », rappelle-t-il.  

Une telle réponse « serait définie au sein du C4 », centre de coordination qui réunit des représentants de l'Anssi, des services de renseignement, de la police, de la justice et du Comcyber, indique-t-il. 

Constitué en 2017, le Comcyber français compte aujourd'hui un peu plus de 3.200 personnes, militaires (30%) et civils (70%), et est en pleine expansion, puisqu'il devrait compter 4.300 personnes en 2025, selon le général Tisseyre. 

Opérations au Sahel et au Moyen-Orient  

Son rôle est double. Il est de défendre le ministère des Armées contre les attaques informatiques, une fonction qui occupe à peu près les trois cinquièmes de ses effectifs. 

Il est aussi de donner à la France des armes et des tactiques informatiques utilisables contre ses adversaires, employées aujourd'hui dans les opérations contre les groupes armés islamistes en Afrique et au Moyen-Orient. 

Au total, environ deux cinquièmes de ses effectifs se consacrent à ces opérations offensives. 

Aujourd'hui, le Comcyber mène par exemple des opérations offensives cyber en appui des opérations Chammal (contre le groupe Etat islamique au Moyen-Orient) et Barkhane (contre les djihadistes au Sahel), explique le général Tisseyre. 

Ces opérations ont « des fins de renseignement militaire, ou des fins d’entrave pour bloquer les manœuvres de l’ennemi et ses capacités de coordination et  d'action. Elles peuvent chercher aussi à  leurrer l'adversaire », explique-t-il. 

Dans son rôle de protection du ministère et des Armées, le Comcyber a constaté lui aussi une sophistication croissante des attaques en 2020. 

Mais au total, « le nombre d'attaques est en diminution » en 2020, notamment parce que « les mesures de sécurité que nous avons mis en place portent leurs fruits », indique le général Tisseyre. 

« Nous avons renforcé les passerelles » entre les réseaux du ministère des Armées et Internet, « renforcé nos réseaux fermés » (qui ne sont pas en contact avec internet), et fait « tout un travail de pédagogie, de sensibilisation de tous les agents du ministère » qui donne aujourd'hui des résultats, estime-t-il. 

En 2019, le Comcyber avait recensé 850 attaques sur le ministère des Armées, dont 10% visaient réellement le ministère en tant que tel, et dont 1% était des attaques qualifiées d'élaborées.  


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.