Liban: le bureau régional de l’OIF s’engage pour soutenir la francophonie

La Secrétaire générale de la Francophonie LMushikiwabo a présenté officiellement son Représentant au Moyen-Orient, M. Levon Amirjanyan, lors de l'ouverture du bureau de l'OIF à Beyrouth (Photo, OIFrancophonie).
La Secrétaire générale de la Francophonie LMushikiwabo a présenté officiellement son Représentant au Moyen-Orient, M. Levon Amirjanyan, lors de l'ouverture du bureau de l'OIF à Beyrouth (Photo, OIFrancophonie).
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Publié le Mercredi 20 mars 2024

Liban: le bureau régional de l’OIF s’engage pour soutenir la francophonie

  • Si depuis l’indépendance du pays en 1943, l’arabe est la seule langue officielle, des liens séculaires unissent le pays du Cèdre et la langue de Molière
  • Pourtant, la crise politique, économique et sociale que traverse le Liban depuis quelques années, et l’intérêt croissant des jeunes pour la langue de Shakespeare au détriment du français a significativement impacté la «francophonie» au Liban

BEYROUTH: Le Liban est l’un des premiers membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et organisateur du IXe Sommet des chefs d’État francophones et des VIe Jeux de la francophonie. 

L’ancrage du français y est ancien et remonterait aux missions religieuses (Lazaristes, Jésuites, Capucins…), à la création par les Jésuites de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (1875) ainsi qu’aux échanges liés au commerce de la soie. 

Et si depuis l’indépendance du pays en 1943, l’arabe est la seule langue officielle, des liens séculaires unissent le pays du Cèdre et la langue de Molière qui garde une place privilégiée, tant dans le quotidien des Libanais que dans les textes administratifs. 

Le pays a longtemps bénéficié d’une importante presse francophone, de nombreux importateurs de presse et de livres en français. Par ailleurs, 51% de ses écoles privées et publiques (ou «officielles») enseignent le français comme deuxième langue après l’arabe (chiffres du CRDP) et sur 1 076 616 élèves scolarisés, 543 402 suivaient l’enseignement francophone. Le pays compte également plusieurs universités francophones membres de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). 

Pourtant, la crise politique, économique et sociale que traverse le Liban depuis quelques années, et l’intérêt croissant des jeunes pour la langue de Shakespeare au détriment du français a significativement impacté la «francophonie» au Liban. Alors que les derniers chiffres de l’OIF font état de près de 40% de francophones au pays du Cèdre avec 70% des écoles secondaires dont le français est la deuxième langue d'enseignement (30% pour l’anglais), la langue de Molière est en perte de vitesse dans le pays, surtout auprès des plus jeunes. 

Volonté politique 

Mais la volonté politique résiste, en témoigne l’ouverture en janvier 2023 d’une représentation régionale de l’OIF pour le Moyen-Orient (Repmo) à Beyrouth, couvre quatre pays: le Liban, l’Égypte, et les Émirats arabes unis et les Qatar (associés). Une décision entérinée lors du Sommet des chefs de gouvernement de la Francophonie en 2018, prouvant ainsi l’attachement du pays à ce sujet. 

Dès sa prise de fonction à la tête du bureau de Beyrouth, le 10 janvier 2023, le diplomate Levon Amirjanyan, s’est attelé à la tâche. «Le français fait partie de l’héritage culturel libanais et ces derniers sont attachés à ce patrimoine linguistique. Nous tenons à le conserver et à le protéger (…). La langue française ouvre de très grands horizons à nos jeunes, notamment pour la recherche d’emploi», confie-t-il à Arab News en français.

Mais la volonté politique résiste, en témoigne l’ouverture en janvier 2023 d’une représentation régionale de l’OIF pour le Moyen-Orient (Repmo), à Beyrouth qui couvre quatre pays: le Liban, l’Égypte, et les Émirats arabes unis et les Qatar (associés).

L’un de ses objectifs principaux est de soutenir le volet économique. Ainsi, le bureau a organisé une mission économique et commerciale en Méditerranée orientale avec pour objectif de stimuler les échanges entre pays francophones. «Un événement d’envergure de la rentrée diplomatique et économique francophone qui prouve que la francophonie est aussi économique»,explique Levon Amirjanyan. 

«Cette mission, dirigée par Caroline Saint-Hilaire, administratrice de l'OIF, avait pour objectif de promouvoir les échanges économiques et commerciaux entre les PME de l’espace francophone, servant ainsi de tremplin à celles qui sont désireuses de se projeter à l’international», poursuit le diplomate. 

Une plate-forme multilatérale 

Ainsi, le but était de favoriser et faciliter le réseautage entre de nombreux entrepreneurs visiteurs issus de plus de 20 pays et quelque 150 entrepreneurs locaux. Une plate-forme multilatérale qui couvre les domaines de l’agro-industrie, des services et biens numériques, des énergies renouvelables, de la pharmaceutique, de la cosmétique et du tourisme durable», souligne-t-il ajoutant que «la mission est réussie d’après les participants». 

Et l’OIF ne compte pas se limiter au volet économique, vu «l'importance du pays au sein du Moyen-Orient». De nombreux projets de l’OIF ont ainsi été mis en place ces dernières années au Liban. «En 2024, nous avons de nombreux outils et projets pour contribuer au renforcement de la langue française au Liban et nous comptons les mettre en place rapidement, un plan d’action pour la francophonie, signé avec le gouvernement libanais, et trois domaines prioritaires de coopération.»

«Tout d’abord l’usage de la langue française qui inclut la formation des diplomates et des fonctionnaires en français ou au français, un projet de soutien aux médias francophones au Liban, puis un deuxième volet qui est la formation et l’éducation qui inclut le projet IFADEM (initiative francophone pour la formation à distance des maitres) en collaboration avec l’AUF et qui vise à la formation et au renforcement des compétences professionnelles des enseignants, amélioration des méthodes d’enseignement par le biais de pratiques innovantes, l’emploi de méthodes pédagogiques adaptées (…).»

«Le but est d’offrir cette formation à plus de 1 000 enseignants en deux temps. Et puis le troisième volet qui inclut l’autonomisation des femmes, actrices essentielles de la francophonie en favorisant l'accès des femmes vulnérables à l'emploi, à l'entrepreneuriat, et à l'éducation», conclut Levon Amirjanyan. Une francophonie qui, malgré la crise, ne veut pas baisser les bras au pays du Cèdre.


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com