25 ans après sa mort, Mitterrand demeure une «référence» à gauche

François Mitterrand fait un discours devant 10 000 personnes environ, venues assister à son meeting, lors d'une réunion électorale au Champ de Mars à Nantes, le 5 décembre 1965, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle (Photo, AFP/ Archives)
François Mitterrand fait un discours devant 10 000 personnes environ, venues assister à son meeting, lors d'une réunion électorale au Champ de Mars à Nantes, le 5 décembre 1965, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle (Photo, AFP/ Archives)
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Publié le Mercredi 06 janvier 2021

25 ans après sa mort, Mitterrand demeure une «référence» à gauche

  • «De Mitterrand, il reste les réformes: abolition de la peine de mort, décentralisation, libération de l'audio-visuel, lois sur les conquêtes sociales, 39 heures, retraite à 60 ans, 5e semaine de congés payés»
  • Aux yeux de l'historien Michel Winock, la politique européenne de Mitterrand est même ce qu'il y a «de plus historique»  dans son œuvre

PARIS: Vingt-cinq ans après sa mort, François Mitterrand, qui avait ramené la gauche au pouvoir en 1981, demeure une « référence » pour les socialistes toujours embarqués dans une difficile quête d'unité dans la perspective de la présidentielle de 2022. 

Vendredi, de nombreuses personnalités se rendront comme chaque année sur la tombe de l'ancien président (1981-1995), à Jarnac, cette petite ville de Charente où il était né en 1916. Pour la première fois, Emmanuel Macron sera présent. L'ex-président François Hollande, qui fait le déplacement quasiment tous les ans, sera là également. 

Personnage clé du socialisme de la seconde partie du XXe siècle, Mitterrand, qui avait refondé le PS en 1971 au congrès d'Epinay, suscite toujours chez les socialistes et leurs alliés interrogés par l'AFP admiration et reconnaissance pour avoir su montrer que la victoire était possible, « à condition de se rassembler ».  

Au-delà de la nostalgie des « belles années Mitterrand », selon Julien Dray, de la reconnaissance due à celui qui inscrivit « dans l'ADN du PS l'union de la gauche et l'alternance », selon Jean-Christophe Cambadélis, pointe parfois « la déception ». « Il y a deux Mitterrand, celui de 1981 et ses grandes avancées, et celui de 1983, et le tournant de la rigueur, avec la mise en place d'une politique d'austérité », regrette Fabien Roussel numéro un du PCF. 

« Le talisman de l'union » 

« La grande force de Mitterrand, c'est d'avoir montré que la gauche pouvait gagner, à une condition: l'unité », insiste M. Dray. Même à l'heure où écologistes et Insoumis jouent chacun leur propre carte pour 2022, « la recette n'est pas périmée », soutient l'ex-député PS. 

« De Mitterrand, il reste les réformes: abolition de la peine de mort, décentralisation, libération de l'audio-visuel, lois sur les conquêtes sociales, 39 heures, retraite à 60 ans, 5e semaine de congés payés », rappelle François Hollande, deuxième président issu de la gauche à accéder à l'Elysée sous la Ve République. « Le mitterrandisme est une référence » car « Mitterrand portait, comme il le disait, +le talisman+ de l'union. Sans elle, pas d'alternance possible ».  

« On parle encore aujourd'hui de l'exception culturelle française! » , s'exclame Jack Lang, qui fut le seul ministre de la Culture de Mitterrand (hors cohabitation). Fier de rappeler le « doublement dès 1981 du budget de la Culture » , l'actuel président de l'Institut du monde arabe assure qu'en matière de culture, en France, « il y a de beaux restes: la Fête de la musique, devenue mondiale, le Grand Louvre et ses pyramides, le prix unique du livre... »   

Aux yeux de Ségolène Royal aussi, « la leçon de François Mitterrand est plus que jamais d'actualité: il faut continuer le combat politique pour faire face aux aggravations des inégalités » , dues aux crises sanitaire, économique et sociale. 

La génération suivante reconnaît, à l'instar de l'actuel premier secrétaire du PS, Olivier Faure, né en 1968, que « l'héritage de Mitterrand est colossal » . « Il est l'homme de la renaissance »  mais « il ne faut pas chercher à vivre dans le souvenir de Mitterrand. Un cycle s'achève, il faut en ouvrir un nouveau, avec les questions écologiques, les grandes mutations numériques ou migratoires » . 

« Exceptionnel » 

A droite aussi, la personnalité de Mitterrand force parfois le respect. Si Henri Guaino, ex-conseiller spécial de l'ex-président Nicolas Sarkozy, ne voit « rien »  de ce qu'il reste de lui (« sinon la suppression de la peine de mort »), Gérard Longuet, ministre sous chacune des deux cohabitations (1986-1988 puis 1993-1995), considère que « l'homme était exceptionnel » . « C'était un personnage de littérature. Mais sa politique économique et sociale a été une catastrophe » . 

Un sujet semble faire la quasi-unanimité à gauche et à droite: la politique européenne de Mitterrand. « Il a fait le choix de Maastricht » , se félicitent aussi bien Longuet que Cambadélis. Le président Macron a également rendu hommage, dans L'Express en décembre, à « la grande intuition »  de Mitterrand pour avoir tenté de « dépasser le doute existentiel en nous par le rêve européen » . 

Aux yeux de l'historien Michel Winock, la politique européenne de Mitterrand est même ce qu'il y a « de plus historique »  dans son œuvre. Mais « comme chef des socialistes, il n'a pas su ou pas voulu »  faire du PS « un grand parti social-démocrate, au-delà des divisions et des héritages idéologiques qui mutilent, encore aujourd’hui, si profondément la gauche » . 


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.