DUBAÏ: L’artiste conceptuelle libanaise, Nadia Saïkali, est l’une des rares personnes qui parviennent à allier sciences et spiritualité.
Née en 1936, elle a mené une vie remarquable. Elle a enseigné à l’Académie libanaise des beaux-arts et à l’Université libanaise. Elle s’est mariée deux fois (avec un Gallois et un Français), a exposé son travail à l’international (du Brésil à l’Iran), a conçu des meubles et s’intéresse beaucoup au bouddhisme, à la géographie et à la géologie.
«Elle n’est pas seulement une artiste… elle a contribué à l’écosystème artistique au Liban», déclare à Arab News la codirectrice du prochain Musée d’art de Beyrouth (BeMA), Juliana Khalaf Salhab. «L’un de ses étudiants (au Liban), le célèbre peintre Jamil Molaeb, soutient qu’elle était une enseignante à l’esprit libre et qu’elle ne prenait donc pas l’art au sérieux. Elle n’était pas stricte en matière de formation en art classique; elle voulait que les artistes trouvent leur propre esprit intérieur.»
Le travail personnel de Saïkali, qui était une coloriste avec un penchant scientifique, sera exposé au BeMA. Lorsqu’elle était enfant, l’artiste achetait des fournitures pour la clinique dentaire de son père et ces matériaux auraient influencé sa pratique ultérieure. Elle a, par exemple, réalisé de l’art cinétique, combinant fibre de verre et électricité.
Dans ses peintures texturées, Saïkali a soigneusement expérimenté la couleur et les gestes, esquissant des scènes surnaturelles se rapportant à la nature et à l’astrologie avec une touche de liberté et de sensualité.
«Elle voulait que le public aille au-delà de la peinture et des visuels et ressente des émotions», note Salhab.
Au milieu des années 1970, Saïkali s’est installée en France «par hasard». Elle suivait une formation à Paris lorsque la guerre civile au Liban a soudain éclaté en 1975. Depuis, elle est restée en France et a régulièrement fait l’objet d’une couverture médiatique nationale. Mais elle a également continué à exposer son travail dans son pays natal.
Pour quelqu’un qui a accompli tant de choses, le nom de Saïkali n’est peut-être pas aussi connu de nos jours qu’il devrait l’être.
«Je pense que la plupart des artistes de sa génération ont en quelque sorte disparu de l’histoire, parce que pendant la guerre, tout le monde est tombé dans l’oubli et, après la guerre, les gens pensaient déjà à autre chose. Aujourd’hui, notre génération essaie de faire revivre l’histoire. Et je pense que, petit à petit, elle redeviendra célèbre», explique Juliana Khalaf Salhab.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com