PARIS: De l'Afghanistan sous domination talibane à la France, en passant par la RD Congo où le premier voeux est la paix, la Journée internationale des droits des femmes mobilise vendredi, sous des formes diverses.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre "un retour en arrière" pour les droits des femmes, "tant dans les pays en développement que dans les pays développés", lors d'une cérémonie à New York.
Voici les principaux événements :
AFGHANISTAN :
Des femmes ont manifesté discrètement et comme elles le pouvaient, la répression des autorités talibanes à leur encontre les empêchant de sortir dans les rues. Dans plusieurs provinces, elles se sont réunies en petit nombre pour demander que les restrictions de droits les frappant, comme leur exclusion de l'enseignement secondaire et des universités soient levées.
Dans la province de Takhar (nord-est), des images publiées par des militantes féministes montrent sept femmes tenant des papiers devant leur visage, avec l'inscription "Droits, Justice, Liberté".
Dans celle de Balkh (nord), plusieurs femmes ont posé devant une bannière avec les mots "Sauvez les femmes d'Afghanistan".
Le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, a rétorqué que les talibans, revenus au pouvoir en 2021, respectaient les droits des femmes dans le cadre de l'islam.
PAKISTAN :
Des centaines de femmes ont manifesté dans les grandes villes du pays, une mobilisation critiquée par les groupes religieux conservateurs qui lui reprochent d'importer des valeurs occidentales.
"Nous faisons face à toutes sortes de violences: physique, sexuelle, culturelle où les femmes sont échangées pour régler des différends, les mariages d'enfants, le harcèlement au travail, dans les rues", a déclaré Farzana Bari, organisatrice de la manifestation à Islamabad, où des centaines de femmes se sont réunies pour danser, chanter et écouter des discours.
RD CONGO :
Pour cette journée habituellement festive et colorée, des milliers de Congolaises se sont vêtues de noir, en signe de deuil pour les morts des conflits dans l'est du pays.
"Nous, les femmes du Congo, refusons la guerre et le pillage de nos ressources", clamaient les calicots et banderoles brandis par plusieurs milliers d'entre elles qui ont marché dans les rues de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, une des provinces de l'Est meurtries par des décennies de violences armées.
RUSSIE :
Célébration guerrière à Moscou et dans les régions ukrainiennes occupées, où des membres des forces armées ont distribué des fleurs aux passantes.
Le président Vladimir Poutine a salué les femmes participant à l'offensive en Ukraine. Dans son discours, il a déclaré qu'il rendait un hommage particulier à celles "qui accomplissent des missions de combat".
Selon le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, plus de 300 000 femmes "servent et travaillent dans les forces armées" russes.
Ces dernières semaines, des épouses de soldats mobilisés avaient organisé des manifestations devant le Kremlin pour demander que leurs maris soient ramenés du front.
TURQUIE :
Des centaines de femmes se sont rassemblées en fin de journée dans une rue menant à la place Taksim d'Istanbul, qui comme les années précédentes était interdite d'accès.
Une marche était prévue dans la capitale, Ankara, sur une artère où les manifestations sont interdites depuis plusieurs années.
IRAN :
La violente répression en Iran des manifestations pour l'essentiel pacifiques et "la discrimination institutionnalisée" envers les femmes et les filles a mené à "des crimes contre l'humanité", affirme vendredi un rapports d'experts mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Bon nombre des violations graves des droits de l'homme documentés dans le rapport "constituent des crimes contre l'humanité, en particulier des meurtres, des emprisonnements, des actes de torture et d'autres formes de violence sexuelle, des persécutions, des disparitions forcées et d'autres actes inhumains", soulignent ces experts mandatés après les manifestations qui avaient secoué l'Iran à partir de septembre 2022, en réponse à la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, arrêtée par la police des moeurs pour ne pas voir porté correctement le hijab.
ITALIE :
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues à Rome et à Milan pour des manifestations appelant notamment à faire cesser la violence contre les femmes, après plusieurs cas de féminicides au grand retentissement.
ESPAGNE :
Des milliers de femmes ont défilé en Espagne pour revendiquer leurs droits, bien que le mouvement féministe ait été une fois de plus divisé dans certaines villes.
IRLANDE :
Les Irlandais votent lors d'un référendum destiné à moderniser les références aux femmes et à la famille dans leur Constitution, rédigée en 1937 quand l'Eglise catholique régnait dans le pays sur la vie publique et privée.
La première question concerne la définition de la famille, et propose de l'élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure les "relations durables".
La seconde question propose d'effacer une référence jugée dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer.