A Bucarest, les conservateurs européens intronisent Ursula von der Leyen

Ursula von der Leyen, doit recevoir jeudi l'aval de sa famille politique conservatrice réunie en Congrès à Bucarest, nouvelle étape sur sa route vers un second mandat. (AFP)
Ursula von der Leyen, doit recevoir jeudi l'aval de sa famille politique conservatrice réunie en Congrès à Bucarest, nouvelle étape sur sa route vers un second mandat. (AFP)
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Publié le Jeudi 07 mars 2024

A Bucarest, les conservateurs européens intronisent Ursula von der Leyen

  • Après un mandat secoué par les turbulences, du Covid-19 à la guerre en Ukraine, l'ex-ministre de la Défense veut rester le visage de l'UE jusqu'en 2029
  • Des opinions discordantes se font tout de même entendre, notamment du côté de la droite française qui dénonce «une forme de dérive technocratique mettant à mal nos agriculteurs»

BUCAREST: La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit recevoir jeudi l'aval de sa famille politique conservatrice réunie en Congrès à Bucarest, nouvelle étape sur sa route vers un second mandat.

La campagne est lancée: quelque 1.500 représentants du Parti populaire européen (PPE) - eurodéputés, patrons de partis et pas moins de 12 chefs d'Etat ou de gouvernement de l'UE - s'apprêtent à entériner formellement la candidature de l'Allemande de 65 ans.

Après un mandat secoué par les turbulences, du Covid-19 à la guerre en Ukraine, l'ex-ministre de la Défense veut rester le visage de l'UE jusqu'en 2029.

Et son compatriote Manfred Weber, le président du groupe PPE au Parlement, n'a aucun doute: Ursula von der Leyen va être "soutenue par l'immense majorité des membres", a-t-il assuré à l'ouverture des débats mercredi, saluant "une dirigeante solide". Avec elle aux commandes, l'Europe est "entre de bonnes mains".

Elle prendra la parole dans la matinée, avant un vote à bulletins secrets dont le résultat sera connu vers 12H30 (10H30 GMT).

«Large soutien»

Première force politique du Parlement, le PPE fait figure de favori du scrutin prévu du 6 au 9 juin.

Et affiche sa puissance dans la capitale roumaine, sous la houlette du président Klaus Iohannis, avec la présence entre autres du Premier ministre polonais Donald Tusk, de ses homologues grec Kyriakos Mitsotakis et suédois Ulf Kristersson, ou encore de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.

Les élections européennes déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l'UE, dont celle de la Commission, qui doit refléter l'équilibre politique issu des urnes.

Au sein du PPE, Ursula von der Leyen "bénéficie d'un large soutien et son bilan lui confère une image positive", commente Thierry Chopin, conseiller spécial de l'Institut Jacques Delors et professeur invité au Collège d'Europe (Bruges).

Première femme à occuper ce poste, elle a su manoeuvrer "face aux crises - pandémie, crise énergétique, guerre en Ukraine -, malgré des positionnements parfois clivants" en politique extérieure, sur la Chine et le Proche-Orient notamment, dit-il à l'AFP.

Des opinions discordantes se font tout de même entendre, notamment du côté de la droite française qui dénonce "une forme de dérive technocratique mettant à mal nos agriculteurs".

En ligne de mire, le Pacte Vert, principal succès législatif de la présidente de la Commission, devenu un épouvantail pour le secteur mobilisé en masse ces dernières semaines à travers l'Europe.

Inflexion à droite

Devant cette grogne et la montée des forces d'extrême droite dans les sondages, Ursula von der Leyen a opéré depuis quelque temps déjà un virage, mettant en sourdine les enjeux climatiques.

Autre inflexion nette, le PPE prône désormais un transfert des demandeurs d'asile vers des pays tiers face à la pression migratoire, dans son manifeste adopté au premier jour du Congrès.

"On observe qu'elle cherche les voix sur sa droite", note l'analyste, en se rapprochant notamment de la Première ministre italienne Giorgia Meloni avec qui elle s'est par exemple affichée à Kiev pour les deux ans de l'invasion russe en Ukraine.

Investie par le Parlement à une très courte majorité en 2019, "elle sait qu'elle doit rassembler le plus de suffrages possibles pour s'assurer une majorité" si elle devait être choisie par les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres réunis au Conseil européen après les élections", souligne-t-il.

Deuxième groupe en nombre de sièges, les socialistes européens ont eux lancé leur offensive ce week-end à Rome, insistant sur "l'importance" du scrutin face à la menace d'une vague "illibérale" dans les urnes.

"L'âme de l'Europe est en danger (...) Les fantômes du passé sont une nouvelle fois aux portes de nos institutions", a mis en garde devant les congressistes le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, en fustigeant la "haine, l'avidité, le mensonge, le déni climatique, l'autoritarisme" de l'extrême droite.


Russie: le cycliste français Sofiane Sehili libéré

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
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  • Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe
  • Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté

MOSCOU: Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l'a condamné "à une amende de 50.000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l'agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Contactée par l'AFP, l'avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, M. Sehili risquait jusqu'à deux ans de prison.

Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l'étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Le cycliste d'endurance français avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n'était franchissable qu'en train ou en autocar, selon un responsable d'une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine.

Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d'effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe.

Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté.

"Il ne pensait qu'à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s'est spécialisé dans l'ultracyclisme, fait d'épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.


Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique

Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
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  • Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total
  • Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro.

Le président américain Donald Trump a qualifié M. Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.

M. Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité M. Petro à "faire attention". Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total.

Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l'AFP que la frappe de mardi s'était produite "près" mais non à l'intérieur des eaux coombiennes.

Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts.

L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

"Inacceptable" 

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic.

La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes.

"Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré M. Hegset.

Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña, dans un entretien à l'AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation

"Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5.000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.


Rubio affirme que les projets d'annexion d'Israël en Cisjordanie «menacent» la trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
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  • Marco Rubio a averti que les projets de loi israéliens visant à étendre la souveraineté en Cisjordanie risquent de compromettre la trêve à Gaza, soulignant que les États-Unis, sous Donald Trump, ne peuvent pas les soutenir pour le moment
  • Malgré le soutien de l’extrême droite israélienne à l’annexion, Washington redoute que ces initiatives ravivent les tensions en Cisjordanie et fragilisent les efforts de paix en cours

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a mis en garde mercredi sur le fait que le vote au parlement israélien de projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie risquait de "menacer" la trêve à Gaza.

"Je pense que le président (Donald Trump) s'est assuré que ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il partait pour Israël, où il est attendu jeudi, affirmant que cela "menacerait" le cessez-le-feu et serait "contre-productif".

La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est opposé à toute annexion de la Cisjordanie par Israël, un projet soutenu par l'extrême droite israélienne.

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser leur examen en première lecture.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

"C'est une démocratie, ils vont voter", a déclaré M. Rubio.

"Mais pour l'instant, c'est quelque chose qui, selon nous, pourrait être contre-productif", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la recrudescence des violences commises par des colons israéliens extrémistes contre les Palestiniens en Cisjordanie, M. Rubio a déclaré: "Nous sommes préoccupés par tout ce qui menace de déstabiliser le fruit de nos efforts".

Marco Rubio se rend en Israël dans la foulée du vice-président JD Vance, qui s'est montré globalement optimiste quant au maintien de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, cet accord avait paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d'accusations de violations de la trêve.

"Il y aura chaque jour des menaces, mais je pense en réalité que nous sommes en avance sur le calendrier en termes de mise en place, et le fait que nous ayons traversé ce week-end est un bon signe", a dit M. Rubio.