Pakistan : Shehbaz Sharif, Premier ministre pour la deuxième fois

D'immenses posters de l'ancien premier ministre Nawaz Sharif (à gauche) et de son frère Shabaz Sharif sont affichés à l'entrée principale de leur résidence à Lahore, le 9 septembre 2007. (Photo Arif Ali AFP)
D'immenses posters de l'ancien premier ministre Nawaz Sharif (à gauche) et de son frère Shabaz Sharif sont affichés à l'entrée principale de leur résidence à Lahore, le 9 septembre 2007. (Photo Arif Ali AFP)
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Publié le Dimanche 03 mars 2024

Pakistan : Shehbaz Sharif, Premier ministre pour la deuxième fois

  • Déjà chef du gouvernement d'avril 2022 à août 2023, Shehbaz Sharif, 72 ans, a été élu avec 201 voix contre 92 à Omar Ayub Khan, le candidat soutenu par l'ex-Premier ministre Imran Khan
  • Même si Imran Khan, une ancienne légende du cricket, n'avait pas été autorisé à se présenter aux élections, les candidats indépendants qu'il soutenait ont tout de même obtenu le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale

ISLAMABAD, Pakistan : Shehbaz Sharif est devenu dimanche pour la deuxième fois Premier ministre du Pakistan, en étant élu par l’Assemblée nationale issue des dernières législatives, dont le résultat avait été contesté avec virulence par les partisans d'Imran Khan.

Déjà chef du gouvernement d'avril 2022 à août 2023, Shehbaz Sharif, 72 ans, a été élu avec 201 voix contre 92 à Omar Ayub Khan, le candidat soutenu par l'ex-Premier ministre Imran Khan, trois semaines après les élections du 8 février, entachées de lourds soupçons de fraudes.

Ses premiers mots dimanche ont été pour son frère aîné, Nawaz Sharif, qui a déjà dirigé trois fois le pays et lui a, cette fois, laissé la place. «Je (le) remercie de m'avoir sélectionné pour ce poste», a-t-il déclaré devant l'Assemblée.

Emprisonné depuis août et condamné à de lourdes peines, Imran Khan affirme que le scrutin a été truqué de manière éhontée, à l'initiative de la puissante armée, afin d'empêcher son parti de revenir au pouvoir.

Pour reprendre le pouvoir, Shehbaz Sharif et son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), ont dû conclure un accord de coalition avec leur rival historique, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari, et plusieurs autres petits partis.

En contrepartie, l'ancien président Asif Ali Zardari (2008-2013), époux de l'ancienne Première ministre assassinée Benazir Bhutto et père de Bilawal, a été désigné par le PPP candidat commun à la présidence.

La séance parlementaire de dimanche a été houleuse et marquée par des échanges d’invectives avec les partisans du très populaire Imran Khan, lequel avait précédé Shehbaz Sharif au poste de Premier ministre entre 2018 et 2022, avant d'être évincé par une motion de censure.

Shehbaz Sharif doit prêter serment lundi pour un mandat de cinq ans. Aucun Premier ministre au Pakistan n’est toutefois allé au terme des cinq années.

- Manipulations massives -

Même si Imran Khan, une ancienne légende du cricket, n'avait pas été autorisé à se présenter aux élections, les candidats indépendants qu'il soutenait ont tout de même obtenu le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale.

Son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), a malgré tout dénoncé des manipulations massives. Il a lancé des recours en justice, mais n’a quasiment aucune chance d'obtenir gain de cause.

Estimant avoir obtenu suffisamment de sièges pour être en mesure de gouverner seul, le PTI s'est refusé à toute alliance avec ses principaux rivaux, qu'il a qualifiés de «voleurs de mandat».

La nouvelle coalition au pouvoir ressemble fortement à celle qu'avait dirigée Shehbaz Sharif après avoir provoqué la chute d'Imran Khan. La PML-N s'était alors déjà associée au PPP, qui avait même occupé des postes ministériels.

Cette fois-ci, le PPP a laissé entendre qu'il se contenterait de soutenir le gouvernement Sharif, mais sans y entrer. Un revirement de dernière minute sur ce sujet n'est toutefois pas à exclure.

La composition du nouveau gouvernement devrait être annoncée dans les prochains jours.

La précédente coalition était restée en place jusqu'en août dernier. Conformément à la constitution, l'Assemblée nationale avait alors été dissoute et un gouvernement formé de technocrates avait été chargé de préparer les élections.

- Coalition fragile -

Sous le premier gouvernement Shehbaz, le Pakistan, profondément endetté et manquant de liquidités, avait frôlé le défaut de paiement, n'évitant le pire que grâce à un nouveau renflouement du Fonds monétaire international (FMI).

Un nouveau plan d'aide du FMI apparaît inévitable et devra être négocié dans les prochains mois, en échange de mesures d'austérité qui devraient se révéler une nouvelle fois très impopulaires.

Les 240 millions de Pakistanais ont été confrontés pendant plus d'un an à une inflation avoisinant les 30%, qui commence toutefois à baisser, et la croissance économique ne devrait pas dépasser les 2% en 2024, selon les projections du FMI.

Mais la légitimité contestée du gouvernement, la fragilité de sa coalition avec un PPP en mesure à tout moment de modifier les équilibres et l'opposition résolue du PTI rendent très compliquée la tâche de Shehbaz Sharif.

Nawaz Sharif était pressenti pour reprendre la tête du pays, après être rentré en octobre de quatre années d'exil à Londres. Mais la deuxième place de la PML-N au scrutin, malgré le soutien apparent de l’armée, l'en a finalement dissuadé.

Reconnu pour son sens du compromis mais parfois critiqué pour son indécision, Shehbaz Sharif devra maintenir la cohésion de son gouvernement et composer avec l'armée, dont l'ombre a lourdement pesé sur les élections.

Il devra aussi garantir la sécurité du pays, qui s'est dégradée ces derniers mois. Et il devra répondre aux exigences financières des provinces, dont celle du Pendjab (centre-est), la plus peuplée, dirigée par sa nièce Maryam Nawaz Sharif, qui a déjà énoncé un ambitieux programme en faveur des jeunes, des femmes et des minorités.

 


Visite d'Etat: Macron rencontre Starmer, l'immigration au menu des discussions

Le Premier ministre britannique Keir Starmer serre la main du président français Emmanuel Macron au 10 Downing Street à Londres, le 9 juillet 2025, avant un déjeuner et une réunion bilatérale, au deuxième jour de la visite d'État de trois jours du président en Grande-Bretagne. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer serre la main du président français Emmanuel Macron au 10 Downing Street à Londres, le 9 juillet 2025, avant un déjeuner et une réunion bilatérale, au deuxième jour de la visite d'État de trois jours du président en Grande-Bretagne. (AFP)
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  • Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l'année
  • Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent discuter mercredi de ce sujet sensible. Il sera également au menu des discussions lors d'un sommet jeudi

WINDSOR: Le président français Emmanuel Macron poursuit mercredi sa visite d'Etat au Royaume-Uni par un entretien avec le Premier ministre Keir Starmer, au coeur duquel doit figurer le sujet difficile des migrants traversant la Manche.

Après une première journée consacrée essentiellement au faste royal, place aux discussions délicates.

Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l'année, un record alors que Keir Starmer a promis de "reprendre le contrôle des frontières".

Dans son discours lors du dîner d'Etat au château de Windsor mardi soir, le roi Charles III a évoqué "les défis importants" que sont "le terrorisme, la criminalité organisée, les cyberattaques et, bien sûr, la migration irrégulière à travers la Manche".

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent discuter mercredi de ce sujet sensible. Il sera également au menu des discussions lors d'un sommet jeudi, qui va réunir les deux dirigeants et une douzaine de ministres.

La France est accusée de ne pas en faire assez contre les "small boats", les embarcations des migrants, alors que depuis 2018, Londres a financé des actions visant à sécuriser la frontière pour plus de 750 millions d'euros, selon un rapport du parlement britannique.

Les discussions portent notamment sur une expérimentation d'un échange de migrants, qui reposerait sur le "principe de un pour un".

- "L'entente amicale" -

Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont quitté le château de Windsor, à une trentaine de kilomètres de Londres, en milieu de matinée mercredi. 

Emmanuel Macron a démarré la journée de mercredi en se recueillant sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022.

Il a également échangé avec le roi sur les enjeux de biodiversité lors d'une promenade dans le parc du château.

La visite d'Etat, qui a démarré mardi, est la première d'un président français au Royaume-Uni depuis Nicolas Sarkozy en 2008 et de la première d'un chef d'Etat de l'Union européenne depuis le Brexit en 2020.

La journée de mardi s'est achevée par un dîner d'Etat dans le décor somptueux du château de Windsor. Le souverain a alors souligné que l'amitié entre le Royaume-Uni et la France était "essentielle à la préservation des libertés et de la paix en Europe", face à une "multitude de menaces".

Les deux pays, qui avaient déjà renoué en 2023 après les tensions liées au Brexit, à l'occasion d'une visite d'Etat du roi et d'un sommet avec le Premier ministre Rishi Sunak en France, ont proclamé une nouvelle ère d'"entente amicale", à l'image de "l'Entente cordiale" scellée en 1904.

- "Faire la différence"  -

Mardi après-midi, le chef de l'Etat qui s'exprimait, honneur rare, devant le Parlement britannique, avait déjà appelé la France et le Royaume-Uni à "travailler ensemble" pour protéger l'ordre mondial hérité de 1945 et renforcer les liens entre Londres et l'Union européenne.

"Le Royaume-Uni et la France doivent aujourd'hui de nouveau montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence", a-t-il lancé.

Le président français a promis des résultats "tangibles" durant la visite en matière de coopération économique, de défense, et de lutte contre l'immigration.

Mercredi matin, le président français va également échanger avec des entrepreneurs et scientifiques sur l'intelligence artificielle à l'Imperial College de Londres.

Il rencontrera aussi la communauté d'affaires lors d'un dîner organisé en son honneur au Guildhall, bâtiment historique de la City, en présence de 650 convives.

- "Changement d'échelle" -

"Une nouvelle ère" post-Brexit s'ouvre pour une collaboration plus poussée", a affirmé mardi à l'AFP le lord-maire de Londres Alastair King, représentant de la City.

La puissante place financière cherche à défendre son attractivité, surtout depuis le Brexit, face à la concurrence de ses rivales européennes, après avoir connu une série de revers ces dernières années.

Le chef de l'Etat se rendra aussi mercredi au British Museum pour sceller l'annonce du prêt au Royaume-Uni de la célèbre tapisserie de Bayeux, symbole quasi-millénaire des relations longtemps belliqueuses entre l'Angleterre et le continent.

Elle sera exposée au British Museum entre septembre 2026 et juin 2027. En échange, le musée britannique va prêter à la France des pièces issues notamment du trésor de Sutton Hoo, un des joyaux de sa collection.

Côté défense, "nous franchirons une nouvelle étape qui changera l'échelle de (notre) coopération", a promis Emmanuel Macron devant le Parlement.

La coopération militaire entre les deux pays repose sur les accords de Lancaster House, signés en 2010, qui comprennent un volet nucléaire, la mise en place d'une force expéditionnaire conjointe et la fabrication en commun de missiles.


La Grèce suspend l'examen des demandes d'asile des migrants en provenance d'Afrique du Nord

Des migrants secourus en mer au large de l'île grecque de Crète débarquent d'un navire de sauvetage des garde-côtes grecs dans le port d'Agia Galini avant d'être transférés, le 6 juillet 2025. (Photo de Costas METAXAKIS / AFP)
Des migrants secourus en mer au large de l'île grecque de Crète débarquent d'un navire de sauvetage des garde-côtes grecs dans le port d'Agia Galini avant d'être transférés, le 6 juillet 2025. (Photo de Costas METAXAKIS / AFP)
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ATHENES : Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé mercredi que la Grèce allait suspendre pour trois mois l'examen des demandes d'asile des migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d'Afrique du Nord, alors que le nombre d'arrivées depuis la Libye a fortement augmenté.

« Nous allons informer l'Union européenne de notre décision de suspendre pour trois mois les demandes d'asile des migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d'Afrique du Nord », a déclaré le chef du gouvernement conservateur au Parlement, en précisant que « tous les migrants entrant illégalement seront arrêtés et détenus ».

« Le passage vers la Grèce est fermé », a-t-il ajouté devant les députés.

Évoquant une « situation d’urgence » qui « exige des mesures exceptionnelles », Kyriakos Mitsotakis a ainsi voulu adresser « un message de détermination (…) tant aux trafiquants qu’à leurs clients potentiels ».

Ces derniers jours, plus de 2 000 migrants ont été secourus au large de la petite île de Gavdos et de la Crète, marquant un « pic » du nombre d'arrivées, selon les autorités grecques. 

« Nous parlons d'un flux migratoire massif, continu et croissant au sud de notre pays », a souligné mardi soir le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, à la télévision.

Selon les autorités grecques, plus de 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l'année, contre 4 935 en 2024.

Début 2020, en pleine crise migratoire avec la Turquie, la Grèce avait déjà temporairement suspendu l'examen des demandes d'asile. Des milliers de personnes en quête d'asile dans l'Union européenne avaient alors afflué à la frontière gréco-turque.


La récente canicule en Europe jusqu'à 4°C plus chaude à cause du réchauffement climatique

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies à Ronda, dans le sud de l'Espagne, pendant la première vague de chaleur de l'été, le 2 juillet 2025. (AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies à Ronda, dans le sud de l'Espagne, pendant la première vague de chaleur de l'été, le 2 juillet 2025. (AFP)
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  • Le changement climatique causé par la combustion des énergies fossiles a rendu la récente vague de chaleur dans l'ouest de l'Europe jusqu'à 4°C plus chaude dans de nombreuses villes
  • Entre fin juin et début juillet, les températures ont largement dépassé les 40°C dans de nombreux pays européens

PARIS: Le changement climatique causé par la combustion des énergies fossiles a rendu la récente vague de chaleur dans l'ouest de l'Europe jusqu'à 4°C plus chaude dans de nombreuses villes, exposant des milliers de personnes vulnérables à un stress thermique dangereux, selon une "étude rapide" publiée mercredi.

Entre fin juin et début juillet, les températures ont largement dépassé les 40°C dans de nombreux pays européens, lors d'une exceptionnelle et précoce vague de chaleur, qui a déclenché de nombreuses alertes sanitaires.

"Nous estimons que le réchauffement climatique a amplifié la vague de chaleur d'environ 2 à 4°C dans la plupart des villes" étudiées, notamment Paris, Londres et Madrid, a déclaré Ben Clarke de l'Imperial College de Londres, qui a mené cette étude avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

L'épisode a probablement entraîné un nombre bien plus élevé de décès liés à la chaleur que sans l'influence du réchauffement climatique, a conclu cette "étude rapide", menée par plus d'une dizaine de chercheurs de cinq institutions européennes, en attendant les bilans officiels dans plusieurs semaines.

Pour évaluer l'influence du changement climatique, les scientifiques ont simulé l'intensité de cet épisode dans un monde qui n'aurait pas connu la combustion massive du charbon, du pétrole et du gaz, en partant des données météo historiques.

Ils ont conclu que la vague de chaleur "aurait été de 2 à 4°C moins intense" sans le changement climatique dans 11 des 12 villes étudiées.

Ces degrés supplémentaires ont considérablement accru le risque sanitaire pour les 30 millions d'habitants des villes étudiées, dont Paris, Londres et Madrid.

"Cela place certains groupes de personnes dans une situation plus dangereuse", a déclaré le chercheur Ben Clarke de l'Imperial College de Londres.

"Pour certains, c'est encore un temps chaud et agréable. Mais pour une grande partie de la population, ça devient dangereux", a-t-il déclaré aux journalistes.

- vie ou mort -

L'étude tente pour la première fois d'estimer le nombre de décès attribuables à la canicule dans les 12 villes étudiées et la proportion attribuable au changement climatique.

Sur la base de méthodes scientifiques évaluées par des pairs et de recherches établies sur la chaleur et la mortalité, l'étude estime que la vague de chaleur a probablement causé environ 2.300 décès prématurés entre le 23 juin et le 2 juillet dans ces villes.

Et environ 1.500 décès, soit environ deux tiers, n'auraient pas eu lieu sans les degrés ajoutés par le dérèglement du climat par l'humanité.

Les auteurs, issus d'institutions au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse, ont souligné que cette estimation n'était qu'un aperçu, avant tout décompte officiel.

Les vagues de chaleur sont particulièrement dangereuses pour les personnes âgées, les malades, les jeunes enfants, les travailleurs en extérieur et toute personne exposée à des températures élevées pendant de longues périodes sans répit, en particulier lors de l'enchaînement de nuits chaudes.

De larges territoires du sud de l'Europe ont connu des successions de "nuits tropicales", lorsque les températures ne baissent pas assez pour permettre au corp de récupérer.

"Pour des milliers de personnes, une augmentation de seulement 2 ou 4°C peut faire la différence entre la vie et la mort", a déclaré Garyfallos Konstantinoudis, de l'Imperial College de Londres.

"C'est pourquoi les vagues de chaleur sont connues comme des tueuses silencieuses: la plupart des décès surviennent dans les maisons et les hôpitaux, à l'abri des regards, et sont rarement signalés", a-t-il déclaré.

Les autorités estiment qu'il faudra plusieurs semaines pour établir un bilan définitif des victimes. La succession d'épisodes similaires a déjà provoqué des dizaines de milliers de morts prématurées en Europe au cours des étés précédents.