Elections au Pakistan: le bloc d'Imran Khan en tête, le chef de l'armée appelle à rompre avec l'«anarchie»

Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont en bonne voie samedi pour obtenir une majorité de sièges après les législatives au Pakistan, mais ils pourraient être écartés des négociations pour la formation d'une coalition gouvernementale (Photo, AFP).
Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont en bonne voie samedi pour obtenir une majorité de sièges après les législatives au Pakistan, mais ils pourraient être écartés des négociations pour la formation d'une coalition gouvernementale (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 février 2024

Elections au Pakistan: le bloc d'Imran Khan en tête, le chef de l'armée appelle à rompre avec l'«anarchie»

  • Bien que confronté à une féroce répression des autorités, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan a surpassé les attentes
  • Les candidats indépendants qu'il soutenait obtiennent au moins 100 sièges (dont 89 loyaux envers M. Khan), selon un décompte en date de samedi matin

ISLAMABAD: Le chef de l'armée pakistanaise a appelé samedi le pays à "rompre avec la politique de l'anarchie" au moment où les partisans de l'ex-Premier ministre emprisonné Imran Khan sont en bonne voie d'arriver en tête des élections législatives mais pourraient être écartés d'une coalition gouvernementale.

"Le peuple du Pakistan ayant placé sa confiance dans la Constitution du Pakistan, il incombe désormais à tous les partis politiques d'en faire autant en manifestant de la maturité politique et de l'unité", a déclaré Syed Asim Munir selon un communiqué publié samedi.

"La nation a besoin de mains sûres et dotées d'un pouvoir de guérison pour rompre avec la politique de l'anarchie et de la polarisation", a ajouté le général.

Bien que confronté à une féroce répression des autorités, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan a surpassé les attentes.

Les candidats indépendants qu'il soutenait obtiennent au moins 100 sièges (dont 89 loyaux envers M. Khan), selon un décompte en date de samedi matin.

Il devance la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif, favorite du scrutin, créditée de 71 sièges. Le Parti du peuple pakistanais (PPP), de Bilawal Bhutto Zardari, est troisième avec 54 sièges.

Une vidéo générée par l'intelligence artificielle (IA) a été diffusée samedi matin par le parti de M. Khan où l'ex-Premier ministre est représenté en train de revendiquer la victoire.

"Selon des sources indépendantes, nous remportions 150 sièges de l'Assemblée nationale avant que la manipulation (de l'élection) ne débute", avance un Imran Khan généré par l'IA sur ces images.

Treize des 266 sièges en jeu doivent encore être attribués.

Faute de majorité absolue, les trois principaux blocs devront négocier des alliances. La PML-N apparaît la mieux placée pour y parvenir, mais toutes les options restent ouvertes.

"Nous invitons les autres partis et les candidats vainqueurs à travailler avec nous", a déclaré Nawaz Sharif, 74 ans, qui a déjà exercé trois mandats de Premier ministre.

Rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres, il aurait le soutien de l'armée, selon les observateurs.

Le parti d'Imran Khan n'a, lui, pas été autorisé à figurer sur les bulletins de vote, ses candidats se présentant comme indépendants.

Les partis de moindre envergure ont remporté 27 sièges au total. Ils pourraient susciter les convoitises du PTI ces prochains jours.

Si des indépendants soutenus par le PTI les rejoignent, ils pourraient alors s'attribuer une partie des 70 sièges réservés aux femmes et aux minorités religieuses, alloués proportionnellement en fonction des résultats précédents, auxquels le PTI ne peut prétendre, faute d'autorisation à concourir sous ses couleurs.

Deux partisans du PTI tués

Les candidats pro-PTI ont surtout remporté des sièges dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), son fief, où deux de ses partisans ont été tués et 24 blessés dans des émeutes vendredi soir.

Jeudi, 16 personnes ont été tuées au cours de 61 attaques recensées, selon le ministère de l'Intérieur. La veille, 28 personnes avaient péri dans deux attentats à la bombe.

Fondés sur des dynasties familiales et traditionnellement rivaux, la PML-N et le PPP se sont partagé le plus clair du pouvoir avec l'armée depuis des décennies.

Ils ont déjà travaillé ensemble et pourraient renouveler l'expérience. Ils avaient formé un gouvernement de coalition après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre en 2022.

Le PPP s'est ensuite distancé de la PML-N pendant la campagne et semble avoir moins pâti de l'impopularité de ce gouvernement.

Son chef de 35 ans, fils de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, s'est montré critique à l'égard de la PML-N. Mais la politique pakistanaise est coutumière des revirements et arrangements a priori contre-nature.

«Préoccupations»

Pour les électeurs d'Imran Khan, la conclusion risque d'être douce-amère. Beaucoup ont la conviction que la victoire leur a été volée, les retards dans le dépouillement n'ayant fait qu'ajouter aux multiples soupçons de manipulation.

La Commission électorale a invoqué des "problèmes d'internet" pour expliquer la lenteur du processus. La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles jeudi avait déjà alimenté les doutes.

La campagne avait également été marquée par des accusations de "fraudes pré-électorales", avec la mise à l'écart du populaire Imran Khan, 71 ans, condamné à trois longues peines de prison.

Washington et Londres ont exprimé vendredi leurs "préoccupations" sur le déroulement des élections.

Le Pakistan, qui dispose d'un arsenal nucléaire, occupe une position stratégique, entre l'Afghanistan, la Chine, l'Inde et l'Iran.

Des manifestations ont eu lieu vendredi soir à Peshawar, capitale du Khyber Pakhtunkhwa, et à Quetta au Baloutchistan.

"On nous a changé nos résultats", proteste Muhammad Saleem, un commerçant de 28 ans, venu parmi quelque 2.000 partisans du PTI, bloquer une grande artère de Peshawar.

La posture anti-establishment d'Imran Khan, ex-star du cricket, continue de nourrir sa popularité, malgré un passage au pouvoir marqué par une détérioration de la situation économique.

Il a défié de front l'armée, qui a dirigé le pays pendant des décennies et était pourtant présumée l'avoir soutenu lors de son élection en 2018. Il l'a accusée d'avoir orchestré sa chute en 2022 et lui a attribué ses ennuis judiciaires.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.