PARIS: Les agents de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) ont mis au jour un trafic de monnaies antiques, avec quelque 15.000 pièces pillées en Turquie, a-t-on appris lundi après de la DNRED, confirmant une information de France Inter.
Au total, la valeur de ces objets en bronze, argent et or datant de l'Antiquité a été estimée à environ 1,5 million d'euros par les experts de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
L'origine de cette affaire remonte à 2021: des douaniers autrichiens ont contrôlé un transporteur qui allait poster un colis dans lequel se trouvaient des pièces, à destination d'une société ayant des ramifications en France.
A partir de ces éléments, les enquêteurs de la DNRED ont pu remonter un réseau international de trafic de monnaies antiques.
"C'était un réseau de pilleurs en Turquie, en Anatolie, des petites mains utilisaient des détecteurs de métaux pour des têtes de réseau, qui envoyaient les pièces sur la zone UE par des pays de transit - Autriche, Pays-Bas, Suisse - qui finissaient par arriver en France", a détaillé à l'AFP un responsable du service d'enquête de la DNRED.
"Lors d'une visite domiciliaire en 2022, on a retrouvé 8 597 pièces sur place, dont deux plaques byzantines - une dite +magique+ et l'autre d'exemption - inestimables", a-t-il précisé.
Spécialiste
Les enquêteurs ont fait appel aux spécialistes de la BnF pour la plupart des objets et pour les plus spécifiques à un département spécialisé du Louvre, qui ont estimé ces pièces à 800 000 euros. Ils ont pu déterminer qu'environ 7 000 pièces avaient été revendues auparavant, pour une valeur estimée à 700 000 euros.
Selon les experts de la BnF, certains objets étaient en circulation à la fin du VIIe siècle avant notre ère, tandis que d'autres remontent au VIe, à l'époque byzantine, sous le règne de l'empereur Justinien.
Le réseau était extrêmement organisé, avec des envois par voie postale, fret ou transporteurs, à la manière du trafic de stupéfiants. Les pièces "étaient conditionnées dans des paquets de cigarettes sous cellophane", a expliqué le douanier.
Deux personnes ont été interpellées en France dans le cadre de ce réseau, dans la région Centre et dans le Sud. Elles risquent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et une amende allant jusqu'à 10 fois la valeur des biens.
Dans le cadre de la lutte contre les trafics de biens culturels, la douane a saisi plus de 38 000 objets en 2022, six fois plus qu'en 2021.