Sénégal: le président Sall toujours en quête de date pour la présidentielle

Des enfants regardent à travers les vitres d'un bus les partisans de l'actuel président du Sénégal se rassembler pour soutenir leur leader à Dakar, le 24 février 2024. (Photo, AFP)
Des enfants regardent à travers les vitres d'un bus les partisans de l'actuel président du Sénégal se rassembler pour soutenir leur leader à Dakar, le 24 février 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 27 février 2024

Sénégal: le président Sall toujours en quête de date pour la présidentielle

  • Le chef de l'Etat sénégalais poursuit mardi ses efforts pour un accord sur la date de la présidentielle repoussée sine die
  • Le Conseil constitutionnel a mis son veto au report le 15 février

DIAMNIADIO: Le chef de l'Etat sénégalais poursuit mardi ses efforts pour un accord sur la date de la présidentielle repoussée sine die, tandis que la société civile tente de mobiliser pour que l'élection ait lieu dans les toutes prochaines semaines.

Le collectif Aar Sunu Election ("Préservons notre élection") a appelé à une journée Villes mortes et à une grève générale au moment où continuaient les concertations lancées la veille par le président Macky Sall pour sortir de l'une des plus graves crises traversées par le pays depuis des décennies.

Le mot d'ordre a paru largement ignoré dans le quartier central du Plateau et autour du marché populaire de Colobane à Dakar: circulation normale des transports en commun dans un trafic aussi dense qu'à l'accoutumée, foule habituelle autour des échoppes ouvertes...

Les cours ont été supprimés aux lycées John-Fitzgerald-Kennedy et Blaise-Diagne. "Nous avions EPS (éducation physique) ce matin mais nous n'avons pas fait cours. Des élèves d'autres écoles sont venus nous faire sortir", dit un lycéen de terminale à Blaise-Diagne.

Mais Saer Dieng, commerçant de 37 ans, a ouvert son commerce de vêtements. "On vit au jour le jour, on ne peut pas se permettre de rester une journée sans travailler, sinon nos familles ne mangent pas". Badara Dione, conducteur de moto-taxi de 40 ans, n'était même "pas au courant du mot d'ordre". S'il déplore le report de la présidentielle, "une grève générale ne nous arrange pas".

Aar Sunu Election "exige" du président qu'il fixe l'élection avant le 2 avril, fin officielle de son mandat. Aar Sunu fait partie d'un large front politique et citoyen qui s'est formé depuis que le président Sall a déclenché une onde de choc le 3 février en décrétant un report de dernière minute.

Ce front soupçonne le président de jouer la montre, soit pour avantager son camp parce que les choses se présenteraient mal pour lui à la présidentielle, soit pour s'accrocher au pouvoir au-delà du 2 avril.

M. Sall a invoqué les vives querelles auxquelles a donné lieu la validation des candidatures et la crainte qu'après les heurts meurtriers connus en 2021 et 2023 un scrutin contesté ne provoque une nouvelle poussée de fièvre dans un pays par ailleurs réputé pour sa stabilité dans une région troublée.

Des manifestations contre le report, réprimées, ont fait quatre morts et donné lieu à des dizaines d'interpellations.

Le Conseil constitutionnel a mis son veto au report le 15 février. Mais les Sénégalais, qui ont toujours voté fin février depuis 1978, ignorent toujours quand ils éliront leur cinquième président, et même pour qui ils voteront.

Sall annonce un projet de loi d'amnistie générale

Macky Sall a annoncé lundi un projet de loi d'amnistie générale pour les faits liés aux troubles connus par son pays depuis 2021.

"Dans un esprit de réconciliation nationale, je saisirai l'Assemblée nationale dès ce mercredi en conseil des ministres d'un projet de loi d’amnistie générale sur les faits se rapportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024", a dit le président Sall en ouvrant à Diamniadio, près de Dakar, des concertations pour tenter de trouver un accord sur la date de la présidentielle.

"Cela permettra de pacifier l'espace politique, de raffermir davantage notre cohésion nationale", a-t-il dit.

Il a affirmé son souhait d'organiser la présidentielle d'ici à juin-juillet, alors qu'un vaste front la réclame avant le 2 avril.

"Ma volonté et mon vœu le plus cher est de faire tenir l'élection présidentielle dans les meilleurs délais et ceci avant l'hivernage (la saison des pluies) prochain, et dans la paix", a-t-il dit.

Il a réaffirmé son engagement à quitter la présidence à la date officielle d'expiration de son mandat, le 2 avril.

"En convoquant ce dialogue, je n'ai qu'un seul souci: trouver un consensus sur la date de la prochaine élection présidentielle afin que le scrutin se déroule dans les meilleures conditions", a-t-il dit.

 

Calendrier resserré

Ils ne sont pas plus fixés sur les échéances après la première journée du "dialogue national" que le président à ouvert lundi à Diamniadio, ville nouvelle à une trentaine de kilomètres de la capitale. Il s'agit, dit-il, qu'on s'entende sur une date mais aussi sur ce qui devra se passer après le 2 avril et son départ, dans l'éventualité où son successeur ne serait pas élu d'ici là.

Dix-sept des 19 candidats retenus en janvier par le Conseil constitutionnel ont boycotté les discussions, comme Aar Sunu Election et d'autres plateformes.

Rien n'est ressorti lundi qui indique que l'élection pourrait avoir lieu avant le 2 avril. M. Sall a dit souhaiter que les Sénégalais votent d'ici au début de la saison des pluies, en juin/juillet. Il a cité des facteurs compliquant une tenue rapide selon lui: le Ramadan début mars, la fête religieuse du Daaka de Medina Gounass entre fin avril et début mai, la nécessité de publier le décret de convocation des électeurs 80 jours avant le vote.

Les candidats qualifiés et Aar Sunu Election ont saisi le Conseil constitutionnel pour qu'il constate le manquement du chef de l'Etat à son devoir d'organiser l'élection. Ils s'inquiètent aussi que le "dialogue" serve à reprendre à zéro la validation des candidatures.

Le président a écarté l'éventualité que le Conseil constitutionnel se substitue à lui en déclarant que c'était à lui qu'il appartenait de déterminer la date. Il a aussi rencontré les représentants de deux collectifs rassemblant des dizaines de "recalés", écartés par le Conseil constitutionnel.

Il a répété son engagement à partir le 2 avril et a même exprimé son impatience de le faire. Certains parmi les quelques centaines de responsables politiques, représentants de la société civile et autres dignitaires religieux qui participaient aux discussions ont réclamé qu'il reste jusqu'à l'installation de son successeur, y compris au-delà du 2 avril.


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.