PARIS: Une ascension fulgurante : sacrée révélation masculine de l'année pour "Chien de la casse", Raphaël Quenard est passé, en quelques mois, du statut de jeune acteur cantonné aux seconds rôles à celui de gloire montante du cinéma français.
Star de la 49e cérémonie des César, il est aussi en lice pour la statuette du meilleur acteur pour "Yannick" et pour un court-métrage qu'il a codirigé.
Dans "Chien de la casse", sacré vendredi meilleur premier film, l'acteur de 32 ans incarne Mirales, un jeune qui traîne en jogging dans son petit village du sud de la France.
Ce premier film sur la jeunesse rurale, signé Jean-Baptiste Durand, avait offert un écrin à l'acteur, à la tchatche inimitable, que certains comparent déjà à Patrick Dewaere.
"J'ai une phrase que j'ai entendu : +Nos vies sont jalonnées de souffrance et de chagrin. Mais la plus terrible d'entre elles, c'est de nous voir tous les jours nous acharner à étouffer le p'tit enfant qui est en nous+", at-il déclaré sur scène, en recevant son prix.
En 2023, il a été aussi Yannick pour Quentin Dupieux, un spectateur de théâtre, en colère, qui prend à partie les comédiens au beau milieu de la représentation d'une pièce.
"C'est clair que ça bouge pour moi", répondait l'acteur à l'AFP en juillet à la sortie du long-métrage "Cash", en juillet sur Netflix.
«Couteau entre les dents»
Si Jérémie Rozan, le réalisateur de "Cash", n'hésite pas à voir en lui "un grand acteur", Raphaël Quenard n'en est pourtant qu'à ses débuts.
Son premier rôle en tant que tête d'affiche, il l'a décroché "le couteau entre les dents" pour "Chien de la casse" (102.000 entrées). "J'ai harcelé et envoyé une quantité astronomique de mails. Il (le réalisateur, NDLR) n'en pouvait plus à la fin".
"C'est quelqu'un qui a une grande part d'ombre mais qui ne peut se reprendre à ça", assure-t-il de son phrase si singulier : lent et saccadé, le tout servi par une voix nasillarde.
Presque au même moment sortait dans les salles "Je verrai toujours vos visages" (plus d'un million d'entrées) de Jeanne Henry. L'acteur aux cheveux en bataille, qui y incarnait un frère incestueux, n'y jouait qu'un petit rôle mais dans une scène clé du film.
"C'est encore un peu tôt pour le dire mais je crois que c'est ce film qui m'a aidé à me faire connaître", avançait celui qui a été repéré en 2018 dans la série "HP", avant d'enchainer les tournages ("Fragile", "Fumer fait tousser", "Novembre") dans des rôles mineurs.
Depuis, "il ya plus de propositions, beaucoup plus d'opportunités (...)", explique-t-il. Il a en parallèle réalisé avec Hugo David un court-métrage plein d'autodérision, "L'acteur ou la surprenante vertu de l'incompréhension".
Plusieurs vies
Né en 1991 dans la banlieue de Grenoble où il a grandi, l'acteur a eu plusieurs vies.
Enfant, c'est d'abord footballeur qu'il s'imagine, puis militaire, avant de faire des études de chimie, notamment en Angleterre.
En rentrant en France, il opère un changement radical. Sortez la chimie, place au métier de comédien. "C'est jouissif de se dire qu'on peut tout être: mécanicien, chimiste, prof.. Plus besoin de choisir", plaisantait-il.
Mais le chemin vers le 7e art a été long. C'est par l'association 1.000 visages, fondée par la réalisatrice de "Divines", Houda Benyamina, qu'il fait ses premières armes. Cette association aide à l'insertion des jeunes des quartiers prioritaires et des zones rurales dans le cinéma.
"On se voyait trois fois par semaine. On a travaillé des textes et on a fait des impros", confiait-il.
Une formation express qui lui permet d'avoir ses premiers rôles. "Avant ça, j'avais fait des courts-métrages un peu underground. L'association m'a permis de rentrer en contact avec de jeunes réalisateurs et d'avoir mes premiers rôles rémunérés", racontait-il.
S'il cumule les genres, il revendique son goût pour un "cinéma populaire et exigeant, trop souvent assimilé, à tort, à de la médiocrité".