Etre agriculteur, une liberté «très chère payée»

Moteur des exportations céréalières (54%), le blé tendre, céréale du pain, est cultivé dans les riches plaines de la Beauce et du nord de la France. (AFP)
Moteur des exportations céréalières (54%), le blé tendre, céréale du pain, est cultivé dans les riches plaines de la Beauce et du nord de la France. (AFP)
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Publié le Lundi 19 février 2024

Etre agriculteur, une liberté «très chère payée»

  • Premier producteur et exportateur européen de blé, la France en produit en moyenne 35 millions de tonnes par an, dont 17 millions de tonnes (MT) sont exportées
  • Dans le cadre d'un plan de soutien à la filière annoncé en 2023, 100 millions d'euros sont dédiés à la rénovation de vergers, à la construction de serres et à la recherche de solutions innovantes pour l'irrigation

BORDEAUX: Pas de 35 heures, de weekend ou de vacances... En travaillant sept jours sur sept, avec des journées à rallonge et un rythme épuisant, nombre d'agriculteurs ne gagnent même pas l'équivalent d'un Smic, voire flirtent avec le seuil de pauvreté.

Selon l'Insee, près d'un ménage agricole sur cinq vit sous ce seuil (1 737 euros pour un couple sans enfant en 2021). Témoignages de trois exploitants qui peinent à joindre les deux bouts.

«Beaucoup de sacrifices»

Élevée à la campagne en Argentine entre vaches et chevaux, Elizabeth Miorin n'envisageait pas de travailler entre quatre murs.

Devenue agricultrice bio à Villaudric (Haute-Garonne), "une liberté très chère payée", cette maraîchère de 51 ans cherche une voie alternative ou complémentaire à son activité qui lui rapporte moins de 700 euros par mois.

"Ça fait 14 ans que je galère, je travaille comme un tracteur, des heures à genoux dans le froid ou la chaleur extrême. L'été, il fait parfois 50 degrés dans la serre. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir", témoigne-t-elle.

"Je n'ai pas vu mes enfants grandir, on ne prenait même pas de weekends car je faisais les marchés. C'est beaucoup de sacrifices pour pas grand-chose", poursuit l'agricultrice qui n'a pas de loyer à payer et vit notamment grâce au salaire de son mari, manutentionnaire et entraîneur de rugby.

Ses légumes, cultivés dans une serre de 2 000 m2 et un champ de 4 000 m2, elle les vend exclusivement sur un marché toulousain. "Les cinq premières années je ne gagnais quasiment rien", se souvient-elle.

Ses dettes remboursées, elle veut lever le pied sur le maraîchage. "Je travaille sur un projet de gîtes à la ferme et je me forme en parallèle pour travailler avec les chevaux et faire de l'équithérapie."

La ferme France, un géant européen fragilisé

Première puissance agricole européenne, la France exporte son vin et son blé au bout du monde mais importe toujours plus de poisson, de poulet et de fruits, la production n'étant pas à la hauteur de la consommation nationale.

La puissance du blé

Moteur des exportations céréalières (54%), le blé tendre, céréale du pain, est cultivé dans les riches plaines de la Beauce et du nord de la France.

Premier producteur et exportateur européen de blé, la France en produit en moyenne 35 millions de tonnes par an, dont 17 millions de tonnes (MT) sont exportées, notamment vers l'Europe (7 MT) et le Maghreb (5 MT), friands de la qualité meunière française.

Alors qu'en 2022 la France avait exporté pour 11 milliards d'euros de céréales, une année faste du fait de la flambée des cours après l'invasion de l'Ukraine, l'euphorie est retombée en 2023 face à la féroce concurrence des grains de la mer Noire, blé russe en tête.

Les vins et spiritueux au top 

Les ventes à l'étranger de vins, champagnes ou cognacs, symboles de l'art de vivre à la française, ont fléchi en 2023, de 6% à 16 milliards d'euros. Mais ce repli intervient après deux années record. Et la France reste, en valeur, le premier exportateur mondial.

Le pays, avec environ 750 000 hectares de vigne, est aussi redevenu en 2023 le premier producteur mondial de vin.

Le secteur, récemment touché par une série de déboires climatiques et sanitaires dans certaines régions et plus généralement par une baisse de la consommation de vins (-70% en 60 ans en France), envisage de réduire sa production en arrachant des vignes.

Les produits laitiers craignent la bascule

Le pays du camembert, du roquefort et du comté reste un poids lourd du lait: 2e producteur européen de lait de vache derrière l'Allemagne et 7e au niveau mondial.

Cette production est encore supérieure à la consommation nationale: 40% du lait français part à l'export, sous forme de fromages mais aussi d'ingrédients laitiers (lactosérum, poudre de lait écrémé, poudre infantile...).

Il y a toutefois de moins en moins d'éleveurs et de vaches, et la collecte de lait a reculé de 4,4% depuis 2020. La filière calcule que la France pourrait importer plus de lait qu'elle n'en exporte à partir de 2027.

Le poulet, des importations à tire-d'aile

La production nationale de poulet n'est pas à la hauteur de l'appétit des Français pour cette viande bon marché comparée aux autres, et dénuée d'interdit religieux.

La profession estime que la moitié de la viande de poulet consommée en France est importée, principalement pour alimenter les marchés de la restauration hors domicile (restaurants, cantines) et de l'industrie alimentaire. Les lamelles de poulet dans un sandwich ou les cubes dans un taboulé en barquette sont ainsi rarement français.

La pêche en apnée

Avec 516 000 tonnes de poissons et crustacés pêchés en 2022, la France est le deuxième producteur européen de produits de la mer, derrière l'Espagne.

Malgré cela, la pêche française reste minoritaire dans l'assiette des Français et contribue pour 5,6 milliards d'euros au déficit du commerce extérieur.

Le goût des Français, qui sont les 4e plus gros consommateurs européens avec 32 kg par habitant et par an, pèse dans la balance: au merlu ou à la sole, ils préfèrent le saumon et la crevette, deux espèces représentant à elles seules plus d'un tiers des importations totales de poisson.

Les fruits à la ramasse

La France importe 60% de ses fruits: 4 millions de tonnes en 2022, notamment des bananes, avocats, oranges et clémentines, qui pèsent lourd dans le déficit.

Cinquième producteur européen en volume, la France est la reine des pommes, qui représentent 60% de la production de fruits, loin devant les nectarines, pêches et abricots. La pomme, dont une cinquantaine de variétés sont commercialisées, représente 41% de ses exportations de fruits, devant les noix (9%) et les pêches/nectarines (7%).

Dans le cadre d'un plan de soutien à la filière annoncé en 2023, 100 millions d'euros sont dédiés à la rénovation de vergers, à la construction de serres et à la recherche de solutions innovantes pour l'irrigation.

«On vit avec pas grand-chose»

Dans l'agriculture, "on pousse les gens à surinvestir, à produire toujours davantage. C'est un cercle vicieux dans lequel j'essaie de ne pas tomber".

Installé à Saint-Just-Ibarre, dans les montagnes basques, Beñet Etcheto, 41 ans, a repris en 2005 l'exploitation d'un grand-oncle. Il y élève plus de 200 brebis laitières et une vingtaine de Blondes d'Aquitaine.

Il vend environ 1,37 euros le litre son lait à une coopérative qui produit du fromage AOP Ossau-Iraty. "Je gagnerais bien plus en produisant moi-même mon fromage mais avec la surcharge de travail que j'ai, c'est impossible", explique-t-il.

Ce père de deux enfants, qui fait des journées de plus de 10 heures, vend également une dizaine de veaux par an.

En remboursant annuellement quelque 19.000 euros de crédit pour des investissements sur sa "petite exploitation", il lui reste à peine l'équivalent d'un Smic pour vivre, en plus du salaire d'enseignante de sa compagne.

"On a subi de plein fouet l'inflation. On vit avec pas grand-chose, on essaie d'être au maximum autonome au niveau de l'alimentation. On a notre lait, notre viande, notre jardin, on n'achète quasiment rien", explique-t-il.

«Un métier passion»

"Ça fait trois ans que je fais une très mauvaise saison. Une année de plus comme ça et j'arrête", tranche Angélina Turani, apicultrice à Brouqueyran (Gironde) depuis neuf ans.

Avec près de 400 ruches et des journées de travail pouvant s'étendre de 04H00 à 22H00, il ne reste qu'"entre 7.000 et 10.000 euros par an pour vivre" à l'apicultrice de 34 ans. Soit entre 580 et 830 euros mensuels.

Sans le salaire de son compagnon, employé dans un abattoir, la jeune mère de famille ne s'en sortirait pas.

"Qui accepte ça ? Le problème c'est que c'est un métier passion, qui se transmet de génération en génération, ce n'est que pour ça qu'on continue", estime celle qui a suivi les traces de son père.

Elle vend son or jaune à un négociant, qui fixe lui-même le prix: entre quatre et huit euros le kilo. Vendu ensuite au consommateur à environ 20 euros le kilo. "Pour m'en sortir, il faudrait que je puisse vendre mon miel à 12 euros le kilo".

"Mon père m'a dit l'autre jour: +Je n'aurais jamais dû t'installer, tu aurais dû rester ouvrière+. C'est triste, ça me donne envie de pleurer", confie Angélina Turani.


Les autorités françaises tentent de préparer les esprits à la guerre

Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information. (AFP)
Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information. (AFP)
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  • Les autorités tentent depuis des mois de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre, mais le message peine à infuser dans une population qui se sent loin des combats en Ukraine et protégée par sa dissuasion nucléaire
  • Les partis politiques d'opposition au camp présidentiel se hérissent, accusant Emmanuel Macron de préparer la guerre contre la Russie

PARIS: Les autorités tentent depuis des mois de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre, mais le message peine à infuser dans une population qui se sent loin des combats en Ukraine et protégée par sa dissuasion nucléaire.

Le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a donné un grand coup d'accélérateur à ce projet mardi devant le congrès des maires de France, déclarant qu'il fallait que le pays restaure sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prête à "accepter de perdre ses enfants".

La déclaration a provoqué un coup de tonnerre dans le débat public et sur les plateaux télévisés des chaînes d'information.

Les partis politiques d'opposition au camp présidentiel se hérissent, accusant Emmanuel Macron de préparer la guerre contre la Russie: "Un chef d'état-major des Armées ne devrait pas dire ça" (groupe parlementaire LFI, gauche radicale), "51.000 monuments aux morts dans nos communes ce n'est pas assez ? Oui à la défense nationale mais non aux discours va-t-en-guerre" (Fabien Roussel, parti communiste).

"Il faut être prêt à mourir pour son pays (...) en revanche, il faut que la guerre qui soit menée soit juste (...) ou que la nécessité fasse que ce soit carrément la survie de la nation qui soit en jeu", a dit Louis Aliot, du Rassemblement national (extrême droite). "Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de Français qui sont prêts à aller mourir pour l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les autorités françaises - à l'instar d'autres gouvernements européens - déploient un discours récurrent pour faire comprendre à la population l'instabilité croissante provoquée par les ambitions de Moscou et les positions mouvantes de l'allié américain.

La France doit "se préparer à l'hypothèse d'un engagement majeur de haute intensité dans le voisinage de l'Europe à horizon 2027-2030, parallèle à une hausse massive des attaques hybrides sur son territoire", résume la Revue nationale stratégique de 2025, feuille de route des autorités.

Plus largement, elles essayent aussi d'accroître la capacité de la société à surmonter une crise éventuelle.

Le gouvernement publie ce jeudi un guide "face aux risques", regroupant des conseils pour réagir à un large éventail de menaces, des inondations aux cyberattaques ou des guerres.

Territoire national 

Mais même si 64% des Français craignent que le conflit militaire se propage jusqu'en France (sondage Elabe de mars 2025), nombre d'entre eux continuent de se sentir éloignés de la guerre.

"Parce que la France a été un champ de bataille pendant les deux guerres mondiales, que leurs traces sont visibles, il faut comprendre que la représentation de la guerre pour les Français, demeure très nettement l'invasion du territoire", explique à l'AFP la chercheuse Bénédicte Chéron, qui publie en janvier "Mobiliser. Faut-il rétablir le service militaire en France?" (Éditions du Rocher).

Et les déclarations du général Mandon interviennent dans un contexte "de forte défiance envers les autorités politiques", rappelle Mme Chéron, estimant que les Français ont "du mal à accepter l'idée d'engager massivement des forces, d'en payer le prix — des morts, des blessés, coût économique etc —  pour autre chose que protéger le territoire d'une invasion".

Quant à la perception de la dissuasion nucléaire, elle est peut-être myope. "La dissuasion nucléaire ne peut pas nous protéger de toutes les menaces, elle n'a pas été conçue dans ce but, malgré ce que peut penser la population", explique Héloïse Fayet, chercheuse sur la dissuasion à l'institut français des relations internationales (IFRI). "La résilience et les forces armées conventionnelles sont donc aussi indispensables".

"Par exemple ce n'est pas la dissuasion nucléaire qui va empêcher des incursions de drones sur le territoire, des actions de sabotage ou la désinformation", toute la palette des actions dites hybrides, explique-t-elle.

Mais "ces actions hybrides sont sans commune mesure avec ce que les Français continuent de percevoir comme étant, à tort ou à raison, la +vraie guerre+", estime Mme Chéron.

"En l'état, les seuils de perturbation qu'elles franchissent ne sont pas très élevés et pas de nature à faire accepter les contraintes d'une mobilisation des Français", assure-t-elle.


Marseille attend des «actes» de Darmanin et Nuñez pour faire face au narcobanditisme

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci. (AFP)
Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci. (AFP)
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  • Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur est arrivé à la préfecture de police où il a salué les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP
  • Son homologue de la justice commençait lui par une visite à la prison des Beaumettes

MARSEILLE: Une semaine après l'assassinat de Mehdi Kessaci, les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont jeudi à Marseille, dans un contexte où la lutte contre le narcobanditisme "est loin d'être gagnée".

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d'après-midi avec la famille Kessaci.

Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur est arrivé à la préfecture de police où il a salué les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Son homologue de la justice commençait lui par une visite à la prison des Beaumettes.

L'assassinat en plein jour de Mehdi Kessaci, qui voulait devenir policier, a tétanisé la ville. La justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" visant Amine. Mais ce dernier a prévenu qu'il ne se tairait pas et a appelé à descendre dans la rue "par milliers" samedi pour une marche blanche.

"Le premier sentiment que j'ai c'est la culpabilité", a confié Amine Kessaci à la radio Franceinfo, la voix brisée par l'émotion. "Ce qu'on peut reprocher aujourd'hui à Mehdi Kessaci c'est d'être le frère d'Amine Kessaci et de me dire que mon frère est aujourd'hui dans ce cercueil à ma place."

Enchaînant les interventions dans les médias, il a demandé que son frère soit reconnu à titre posthume "comme un gardien de la paix".

Le "haut du spectre" 

Interrogée sur l'assassinat de Mehdi Kessaci, la procureure de Paris Laure Beccuau, en charge de l'enquête, a estimé mercredi soir sur Franceinfo que "ceux qui étaient capables de ce type d'agissement scandaleux faisaient partie du haut du spectre de la criminalité organisée".

Avant la marche blanche de samedi, le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan a lui appelé à ne "pas avoir peur". Même si dans les milieux associatifs, dans les médias et dans les couloirs du palais de justice, la peur, les doutes, l'envie d'être prudent sont bien là.

Des magistrats plaident pour une anonymisation dans les procédures concernant des narcotrafiquants, comme la DZ Mafia, qui n'hésitent pas à recruter des adolescents sur les réseaux sociaux pour leur demander d'exécuter "un contrat" pour quelques milliers d'euros seulement.

"La lutte contre la criminalité organisée est de plus en plus dure. Le climat se tend, va crescendo (...) La lutte n'est pas perdue mais elle est difficile et loin d'être gagnée", confie à l'AFP une source judiciaire.

Au tribunal, tout le monde se souvient de la soufflante reçue de la part de l'ex-garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, en mars 2024. Il leur avait reproché leur défaitisme: une juge d'instruction avait dit devant une commission parlementaire craindre "que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille".

Mardi, le président Emmanuel Macron a appelé à adopter face au narcotrafic la même approche que contre "le terrorisme". Sur cette stratégie, des détails sont attendus jeudi.

500 dossiers à juger 

Les effectifs de police et de justice ont été musclés à Marseille ces dernières années pour rattraper un retard historique dans la 2e ville de France.

Benoît Payan réclame aujourd'hui "encore plus" de moyens.

"On n'a rien trouvé de mieux que de supprimer la préfecture de police à Marseille", tacle-t-il, interrogé par l'AFP et "si on avait plus d'effectifs de policiers judiciaires, de magistrats, peut-être que ça serait différent".

"Il faut s'attaquer à tous les niveaux de la chaîne, du chef de réseau international au consommateur", a déclaré de son côté Renaud Muselier, président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Gérald Darmanin a dit avoir réclamé aux Emirats l'extradition d'"une quinzaine" de narcotrafiquants présumés.

La juridiction marseillaise, troisième de France, a été renforcée ces dernières années avec aujourd'hui 143 magistrats du siège et 60 au parquet, mais toujours moins qu'à Bobigny.

A la cour d'appel d'Aix-en-Provence, 500 procédures criminelles sont en attente de jugement. Parmi elles, le dossier des assassins présumés de Brahim, le grand frère d'Amine, tué en 2020 avec deux autres jeunes hommes.

Mais l'embolie judiciaire est telle que des dates de procès n'ont toujours pas été fixées même si ce dossier "fera l'objet d'un audiencement prioritaire", promet-on.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.