Manouchian au Panthéon: l'émotion des descendants de résistants étrangers en France

Cette photographie prise le 7 novembre 2023 montre la façade du Panthéon conçue par l'architecte français Jacques-Germain Soufflot, à Paris. (AFP).
Cette photographie prise le 7 novembre 2023 montre la façade du Panthéon conçue par l'architecte français Jacques-Germain Soufflot, à Paris. (AFP).
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Publié le Lundi 19 février 2024

Manouchian au Panthéon: l'émotion des descendants de résistants étrangers en France

  • Apatride arménien réfugié en France, Missak Manouchian a formé le "groupe Manouchian", proche du parti communiste français, composé d'une soixantaine de résistants étrangers hommes et femmes
  • Durant l'été et l'automne 1943, il réalisa près d'une centaine d'opérations armées et de sabotages en région parisienne, dont l'exécution à Paris du général SS Julius Ritter

PARIS: L'entrée mercredi de Missak Manouchian au Panthéon à Paris représente un hommage attendu de longue date par les descendants de son groupe de résistants communistes et étrangers exécutés il y a 80 ans par les nazis et longtemps tombés dans l'"oubli".

Joseph Epstein, Celestino Alfonso, Golda Bancic, Marcel Rajman, Rino Della Negra, Thomas Elek... Mercredi, leurs noms seront aussi gravés en lettres d'or à l'entrée du caveau numéro XIII où reposeront les dépouilles de Manouchian et de son épouse Mélinée, au Panthéon, le monument parisien où la France honore les personnalités qui ont marqué son histoire.

Apatride arménien réfugié en France, Missak Manouchian a formé le "groupe Manouchian", proche du parti communiste français, composé d'une soixantaine de résistants étrangers hommes et femmes.

Durant l'été et l'automne 1943, il réalisa près d'une centaine d'opérations armées et de sabotages en région parisienne, dont l'exécution à Paris du général SS Julius Ritter. Il fut démantelé en novembre 1943 et 22 de ses membres, dont Missak Manouchian, furent fusillés au Mont-Valérien, près de Paris, le 21 février 1944.

"Je sais que le 21 je serai au Panthéon. Je ne sais pas dans quel état je serai. Je ne sais pas si je vais pleurer", déclare à l'AFP, ému, Georges Duffau-Epstein, 82 ans. "C'est une grande joie. C'est comme si mon père rentrait au Panthéon", ajoute le seul enfant encore en vie des 24 résistants honorés.

Dans son appartement de la banlieue parisienne, au milieu de livres et de petites statues, cet homme affable retrace la vie de son père Joseph à travers des photos en noir et blanc dans un album vert plastifié: avec les Brigades internationales lors de la guerre d'Espagne, au camp d'internement de Gurs (sud-ouest de la France), avec lui dans les bras lorsqu'il était enfant...

De son père, né en Pologne en 1911, il ne se souvient que de l'avoir vu manger un oignon cru, récolté directement dans le champ, et d'avoir fini en larmes parce qu'il l’avait imité. Après son exécution en France en 1944, alors que son fils avait deux ans, les souvenirs oscillent entre visites au cimetière et hommages.

"Je m'étais fait de mon père une image d'un demi-dieu", confie l'homme qui, jusqu'à sa retraite en 2001, n'a dit qu'à son cercle proche de qui il était le fils. Puis il s'est lancé dans un travail de mémoire qui lui a permis de découvrir "un vrai père, un homme comme les autres qui aimait s'amuser, vivre".

Le Panthéon, tombeau des « Grands Hommes »

Le Panthéon, où Emmanuel Macron va faire entrer mercredi le résistant d'origine arménienne Missak Manouchian, est depuis plus de cent ans la nécropole laïque des "Grands Hommes" français, dont la "patrie reconnaissante" entend honorer la mémoire.

Manouchian n'obtint jamais la nationalité française qu'il avait demandé à deux reprises, et son entrée au Panthéon rend ainsi hommage à toute la "résistance communiste et étrangère", selon l'Elysée.

Un peu d'histoire

Imposant édifice, le Panthéon domine la montagne Sainte-Geneviève, l'une des buttes de Paris. Au Moyen Age, s'y trouvait une abbaye abritant les reliques de Sainte-Geneviève. A la demande de Louis XV, une nouvelle église fut construite entre 1764 et 1790.

Pendant la Révolution française, en 1791, l'Assemblée constituante transforme l'église en nécropole nationale. Le Panthéon, d'un mot grec qui désigne l'ensemble des dieux, devient un temple destiné à "recevoir les grands hommes de l'époque de la liberté française".

Mirabeau, l'un des inspirateurs de la Révolution, est le premier à y entrer le 4 avril 1791, suivi par Voltaire puis Jean-Jacques Rousseau en 1794.

En 1806, Napoléon rend l'édifice au culte, mais sous Louis-Philippe l'église redevient Panthéon, avant que Napoléon III ne lui rende son nom d'église Sainte-Geneviève.

Le 1er juin 1885, l'inhumation de Victor Hugo restitue définitivement son "temple" à la République.

Qui est panthéonisé ?

Des politiques, des écrivains, des scientifiques, des résistants, des religieux et beaucoup de militaires, soit soixante-dix-huit personnalités, dont cinq femmes (depuis 1907).

Quatre autres personnes - bientôt cinq avec Mélinée Manouchian, l'épouse de Missak qui reposera à ses côtés - y sont inhumées sans décret de panthéonisation: l'architecte du monument Jacques Soufflot, Sophie Berthelot aux côtés de son mari, Antoine Veil aux côtés de son épouse, et le père de Victor Schoelcher.

Le philosophe René Descartes attend son transfert depuis plus de deux siècles.

Emile Zola (1908), Marie Curie (1995) ou le père des "Trois mousquetaires" Alexandre Dumas (2002) sont aussi au Panthéon.

Simone Veil a été "honorée" en 2018, puis la vedette franco-américaine du music-hall et résistante Joséphine Baker a été la première personnalité noire, et première artiste, à être panthéonisée fin 2021, même si son corps demeure à Monaco.

Charles de Gaulle a voulu être plutôt enterré dans son village de Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), tandis que l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter devrait y faire son entrée.

« Ceux de 14 »

Le président Macron y a fait entrer le 11 novembre 2020 l'écrivain et ancien Poilu Maurice Genevoix, et les noms des 560 écrivains combattants de la Première Guerre mondiale ont été inscrits sur les murs du monument.

Initialement prévue le 11 novembre 2019, l'intronisation de l'auteur de "Ceux de 14", avait été reportée d'un an par l'Elysée afin de l'adosser au centenaire de l'inhumation du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

Les Justes ou résistants

En 2007, le président Chirac décidait de panthéoniser les 2.700 "Justes de France" et tous les héros anonymes qui ont "incarné l'honneur de la France" en sauvant des milliers de juifs de la mort pendant la Seconde Guerre mondiale.

Manouchian rejoint mercredi d'autres figures françaises de la Résistance, comme Jean Moulin, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion ou Jean Zay. Ses 22 compagnons d'armes, plus le chef des FTP Parisiens Joseph Epstein, sont aussi l'objet d'un hommage à travers une inscription.

La volonté du président

En 1791, c'est l'Assemblée constituante qui décide d'inhumer une personnalité au Panthéon. Puis c'est la Convention qui prend le relais en 1794, avec l'entrée de Rousseau, mais le retrait de Mirabeau et de Marat.

Sous le Premier Empire, la décision revient à Napoléon 1er avant d'être confiée aux députés sous la IIIe République.

Aujourd'hui, le choix revient au président, mais la famille du défunt peut refuser. En 2009, celle d'Albert Camus s'était ainsi opposée à cette idée du président Nicolas Sarkozy.

« Grande fierté » familiale

C'est grâce à des livres, que Juana Alfonso découvre aussi une grande partie de l'histoire de son grand-père Celestino, dont la fin tragique a marqué la vie de son père Juan, décédé de chagrin à 33 ans.

Avec tous les regards tournés vers Missak Manouchian, cette directrice de crèche de 57 ans regrette que l'"on ne parle même pas" de ses camarades, comme Celestino. Ce migrant en France qui a décidé de retourner en Espagne pour combattre pendant la guerre civile a ensuite rejoint la Résistance française "depuis le tout début".

Mais elle se dit heureuse que son grand-père "ait enfin cette reconnaissance". "Je suis triste que mon père ne la voie pas", ajoute Juana, dont le fils de 20 ans "ressemble à Celestino" et porte en lui cette "grande fierté" familiale.

La femme appréhende néanmoins l'hommage prévu mardi au Mémorial du Mont-Valérien, où son grand-père a été exécuté avec une partie du "groupe Manouchian". "J'aurais pu y aller depuis longtemps, mais j'avais peur de trop d’émotions", confie-t-elle.

« Oubliés »

Les descendants de ces combattants de la liberté ont dû attendre 80 ans après leur exécution par l'Allemagne nazie pour que la France, qui les avait bannis de la mémoire officielle, leur rende hommage.

"A partir de 1960, au moment où le général De Gaulle décide de structurer cette mémoire de la Seconde guerre mondiale", "on lisse toutes les différences des combattants pour en évoquer finalement que la Résistance avec un grand R", explique Jean-Baptiste Romain, responsable des hauts lieux de la mémoire nationale en région parisienne.

Mais cette mémoire "officielle" était "bien évidemment" centrée sur les résistants "gaullistes", et aujourd'hui, 80 ans plus tard, c'est la "mémoire scientifique" qui permet de "mettre sur le devant de la scène" ceux qui étaient "un peu oubliés": "Les étrangers, les communistes et les juifs", précise-t-il.

Pour symboliser leur retour, le président français Emmanuel Macron a choisi la figure du plus célèbre, l'Arménien Manouchian, mais le choix d'un seul a suscité la colère de nombreux descendants, qui réclamaient son entrée au Panthéon "avec tous ses camarades". L'inscription de leurs noms équivaut à leur panthéonisation, a souligné la présidence française vendredi.

Georges Duffau-Epstein, qui intervient dans les écoles, espère que cet hommage permettra aux jeunes de s'approprier le combat de ces résistants à l'heure où les idées d'extrême droite gagnent du terrain en Europe. Et il rappelle les mots de son père dans sa dernière lettre peu avant sa mort: "Vive la France ! Vive la liberté !".


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.