PARIS: L'eurodéputé français Raphaël Glucksmann déplore, dans un entretien jeudi à l'hebdomadaire Le Point, "l'apathie" des dirigeants européens face aux "attaques multiples dont l'Europe est la cible", notamment venant de la Russie et de la Chine.
"Pourquoi laisse-t-on nos nations être traitées comme des serpillières ? À quel moment on a perdu ce sens de la dignité et ce courage qui font que l'on réagit avec force quand un adversaire géopolitique vous marche dessus ?", demande-t-il notamment, critiquant "l'apathie" européenne.
Celui qui dirigera la liste socialiste aux européennes du 9 juin estime que "la conscience collective des dangers extérieurs doit être claire. Et pour l'instant, elle ne l'est pas. Deux ans de guerre en Ukraine n'ont pas ouvert les yeux des dirigeants européens".
Après avoir "cru à un réveil au début", Raphaël Glucksmann remarque qu'aujourd'hui, les dirigeants "sont déjà revenus à une forme de +business as usual+" et ne voient pas que ce conflit "oppose frontalement le régime russe à nos démocraties."
Pour lui, "ce refus de voir que nous sommes les cibles" explique "l'absence de mise en place de l'économie de guerre qui avait été promise, les retards sur les livraisons d'armes, la non-saisie des avoirs russes gelés".
Et "cela explique aussi l'attitude permissive vis-à-vis des entreprises de déstabilisation chez nous", déplore-t-il.
"Je me demande toujours pourquoi on n'a pas exposé, de manière beaucoup plus massive les liens financiers et politiques des forces européennes d'extrême droite avec la Russie de Poutine", dit-il.
"Je me demande aussi pourquoi les anciens dirigeants, qui, aujourd'hui, vont travailler pour la Chine, ont toujours pignon sur rue chez nous", et "pourquoi le président Macron prend Jean-Pierre Raffarin et Jean-Marie Le Guen dans l'avion présidentiel pour aller à Pékin", assène-t-il encore, en allusion à ces deux personnalités réputées proches de la Chine.
Pour l'essayiste de 44 ans, "le sujet, maintenant, c'est comment on protège notre souveraineté et l'espace européen des attaques qu'il subit, comment on bâtit la puissance européenne seule à même de défendre nos intérêts vitaux dans une période de guerre hybride généralisée".
Il appelle à "simplifier le processus de décision" au niveau européen "parce que si on veut devenir une puissance, on doit être capable de décider quelque chose de temps en temps, et assez vite. Nous avons un souci d'efficacité et de puissance".