France: ancien enfant placé, il veut éviter cet «enfer» aux autres

Lyes Louffok, militant des droits de l'enfant et essayiste français, pose lors d'une séance photo à Paris, le 12 février 2024. (Photo, AFP)
Lyes Louffok, militant des droits de l'enfant et essayiste français, pose lors d'une séance photo à Paris, le 12 février 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 14 février 2024

France: ancien enfant placé, il veut éviter cet «enfer» aux autres

  • Sur les quelque 377 000 enfants faisant l'objet d'une mesure de protection au titre de l'aide sociale à l'enfance en France, au moins 5% sont hébergés dans des hôtels
  • Se voyant comme une «vigie», Lyes Louffok déplore «une inertie depuis 40 ans», qui «nous impose d'aller demander des comptes et, oui, de déranger»

PARIS: Il "déborde de colère" et "criera" jusqu'à ce que le gouvernement "se débouche les oreilles": à 29 ans, Lyes Louffok est devenu en France le porte-voix des enfants placés, dénonçant inlassablement les "aberrations" d'un système de protection de l'enfance à bout de souffle.

Depuis dix ans, cet ancien enfant placé, passé par "l'enfer des foyers" et victime de violences sexuelles et de maltraitances, ne laisse rien passer. A coup de tweets, de livres et d'interviews, il tire à boulets rouges sur les gouvernements successifs, qu'il accuse "d'inertie" coupable.

"La situation est extrêmement alarmante, on traverse une crise qui ne cesse de s'aggraver d'année en année", martèle auprès de l'AFP le jeune éducateur spécialisé. "Énormément d'enfants devraient être placés et ne le sont pas, faute de moyens. Ils restent donc en danger, dans leurs familles".

Quant à ceux qui ont "la chance" d'être placés, ils se retrouvent "dans des structures surchargées, voire dans des campings ou des hôtels", où parfois, des jeunes filles "se prostituent" et des "gamins de suicident ou meurent d'overdose parce que leurs addictions n'ont pas été traitées", énumère-t-il.

Sur les quelque 377.000 enfants faisant l'objet d'une mesure de protection au titre de l'aide sociale à l'enfance en France, au moins 5% sont hébergés dans des hôtels, surtout en région parisienne et dans le sud de la France, selon un récent rapport officiel.

Parmi eux, plus de neuf sur 10 sont des Mineurs non accompagnés étrangers, pour qui l'hôtel est "une solution par défaut face à un flux difficile à prévoir et à maîtriser", selon le rapport, précisant qu'ils y côtoient des "cas complexes", présentant de "forts troubles de comportement" ou des mineurs ayant des problèmes psychiatriques.

Le 25 janvier au centre de la France, une adolescente de 15 ans a été retrouvée pendue dans un hôtel où elle avait été placée. "Combien de drames va-t-il encore falloir pour qu'on agisse?", demande Lyes Louffok.

Le militant des droits de l'enfant sait de quoi il parle. Placé à l'aide sociale à l'enfance dès sa naissance, il est balloté de ses 18 mois à ses 18 ans de familles d'accueil en foyers.

«L'enfer des foyers»

S'il intègre parfois des familles "aimantes et bienveillantes", Lyes Louffok connaît aussi chez d'autres "une longue descente aux enfers", des années qu'il raconte en 2014 dans le livre "Dans l'enfer des foyers" publié aux éditions Flammarion.

"Je me suis rendu compte après coup que je n'étais pas un cas isolé et qu'on était extrêmement nombreux à avoir traversé un placement à l'aide sociale à l'enfance catastrophique", dit-il.

Mais "quand on tape sur Google: rien. Ça m'a mis énormément en colère, je me suis dit +pourquoi ne parle-t-on pas de nous alors qu'on est des centaines de milliers d'enfants concernés? Comment les gens peuvent-ils ne pas être au courant?+".

"Depuis, mon objectif, c'est de faire en sorte que les enfants placés ne soient plus l'angle mort des politiques publiques et des débats médiatiques", explique le jeune homme.

Après son livre de 2014, il en publie un autre en 2022, "Si les enfants votaient: plaidoyer pour une politique de l’enfance". Il intègre le Conseil national de la protection de l'enfance, qui donne des avis et fait des propositions en matière de protection de l'enfance au gouvernement. Il témoigne dans un documentaire "Enfants placés, les oubliés de la République" (2019). Deux ans plus tard, un téléfilm, "L’Enfant de personne", raconte son parcours.

«Inertie depuis 40 ans»

Une hyperactivité qui finit par le submerger. En 2022, il annonce se mettre en "pause". "J'étais dans un état d’épuisement psychique après avoir été pendant dix ans, "énormément sollicité par des personnes placées", en demande d'aide, dit-il.

Se voyant comme une "vigie", il déplore "une inertie depuis 40 ans", qui "nous impose d'aller demander des comptes et, oui, de déranger". Et de lister les urgences: création de nouvelles structures, interdiction effective du placement d'enfants dans des hôtels ou des campings, revalorisation des travailleurs sociaux.

Si Lyes Louffok salue la nomination d'une ministre déléguée à l'Enfance et aux familles, il attend de voir la suite. Car le temps presse pour ces enfants, dit-il. "Quand j'ai démarré mon engagement, c'était avec un objectif très clair: que plus aucun enfant placé n'ait à subir ce que j'ai subi dans mon enfance. J'irai jusqu'au bout".


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».