NEW YORK: Le dollar partait au galop, mardi, catapulté par un chiffre d'inflation plus élevé que prévu aux Etats-Unis, qui repousse encore, dans l'esprit des opérateurs, la perspective de baisses de taux.
Vers 20H45 GMT, le billet vert prenait 0,59% face à la monnaie unique, à 1,0710 dollar pour un euro. Plus tôt, il était monté jusqu'à 1,0701 dollar, au plus haut depuis près de trois mois.
La devise américaine a aussi franchi, à la hausse, le seuil symbolique de 150 yens pour un dollar, une première depuis mi-novembre.
L'indice des prix à la consommation CPI s'est affiché à 3,1% sur un an en janvier aux Etats-Unis, soit davantage que les 2,9% annoncés par les économistes.
"Ce rapport va renforcer le penchant de la Fed (banque centrale américaine) à prendre son temps avant de baisser les taux", a commenté Bill Adams, de Comerica.
Alors qu'ils tablaient encore sur 7 baisses en 2024 il y a quelques semaines, les opérateurs n'en attendent plus que 3 ou 4 désormais.
Immédiatement après la publication du CPI, les taux obligataires américains se sont envolés. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, le plus représentatif des attentes du marché quant à la politique monétaire, est allé jusqu'à 4,66%, pour la première fois depuis deux mois.
"Ce qui se passe aujourd'hui (sur le marché des changes) n'est pas vraiment un nouveau développement, mais plutôt la continuité d'un mouvement existant", qui a vu le billet vert réagir au discours prudent de la Fed, selon Ivan Asensio, de Silicon Valley Bank (SVB).
Pour l'analyste, le marché a relevé que "deux tiers de cette inflation plus élevé proviennent du logement". "Le logement est important, mais quand un seul élément joue un rôle disproportionné, il faut relativiser."
En outre, pour mesurer l'inflation, la Fed s'intéresse davantage à un autre indice, le PCE, au sein duquel le logement pèse bien moins lourd que dans le CPI.
Pour beaucoup, dont SVB, le sursaut de mardi n'est pas le début d'une nouvelle accélération du dollar, mais l'un des derniers coups de rein du "greenback", surnom de la monnaie américaine.
"L'inflation continue d'aller dans la direction que veut la Fed", rappelle Ivan Asensio, l'indice de janvier (3,1%) étant inférieur à celui de décembre (3,4%), même s'il est plus élevé que prévu.
Dès lors, pour l'analyste, à moins d'une nouvelle surprise majeure sur les prix ou d'un décrochage de Wall Street, "on s'attend à ce que la tendance s'inverse pour le dollar cette année".