Shkoon conte l’exil et l’espoir en musique au Bataclan

Le duo Shkoon met en scène Ameen Khayr et Thorben Tüdelkopf, jeune allemand producteur de musique électronique (fournie)
Le duo Shkoon met en scène Ameen Khayr et Thorben Tüdelkopf, jeune allemand producteur de musique électronique (fournie)
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Publié le Samedi 10 février 2024

Shkoon conte l’exil et l’espoir en musique au Bataclan

  • Accueilli dans un premier temps dans un centre de réfugiés en Allemagne, Ameen Khayr rencontre Thorben Tüdelkopf, jeune allemand producteur de musique électronique
  • Ensemble, ils forment le duo électro-oriental « Shkoon » qui se produit le 10 février au Bataclan avec un nouvel album, Masrahiya, dans le cadre d’une tournée européenne

PARIS : Deux hommes, un brun et un blond. Ameen Khayr et Thorben Tüdelkopf. Une rencontre que rien ne prédestinait. La naissance d’un duo musical où musiques électroniques et sensations orientales se conjuguent harmonieusement. Les voici, soutenus par l’association Mir’a, qui prennent les commandes du Bataclan le 10 février, dans le cadre d’une tournée européenne, avec leur nouvel album « Masrahiya », pétris d’émotions, contant l’exil et l’espoir.

Un espoir qu’il y a quelques années Ameen Khayr ne pensait jamais entrevoir. En 2015, cet étudiant en ingénieries est contraint de quitter sa Syrie natale, pays dans lequel il a grandi et dans lequel l’on s’entretue. Activiste convaincu (il a participé à quelques manifestations contre le régime Syrien), son parcours l’a vu passer par la case prison, la faute à une prise de parole récurrente pas en raccord avec les idées du président Bachar el Assad.

-« De quoi tu parles ? »-

Accueilli dans un premier temps dans un centre de réfugiés local en Allemagne, il finit par s’installer en colocation avec une dizaine d’autres jeunes à Hambourg grâce à une rencontre fortuite avec Thorben Tüdelkopf, jeune allemand producteur de musique électronique avec qui le courant est très bien passé. « Au sein de la colocation, l’ambiance est solidaire, les frais partagés. On joue de la musique, on échange beaucoup.», confie Ameen a Arab News en français. Et puis un soir, on lui propose de tester le chant dans sa langue natale sur une composition électronique de Thorben. Le résultat impressionne. D’autres improvisations suivront. C’est le début d’une collaboration fructueuse et la naissance de Shkoon (« de quoi tu parles » en dialecte syrien). Pourtant, rien n’était calculé.  « Nous avons appris à nous connaître, et il y avait beaucoup d'intérêt pour la culture de chacun, et nous avons découvert de nombreux points communs grâce à nos échanges dans ce domaine-là. Et au lieu de souligner nos différences culturelles, nous aimons trouver ce que nous avons en commun. Et comme Ameen a toujours été très intéressé par la culture arabe et les vieux poèmes, et surtout les vieilles chansons, c'est là que nous avons trouvé beaucoup de points communs. Et puis, oui, un jour, nous avons juste essayé de faire de la musique, mais notre idée, c’était de le faire pour nous-mêmes » précise Thorben. Des rythmiques orientales, et un chant, mystique et chaud, interprété en langue arabe.

-« beaucoup de poèmes traditionnels »-

Le public est séduit.  Leurs compositions fusionnent magnifiquement les traditions, mettant en valeur les possibilités illimitées de la musique. « En plus de ses propres paroles, le groupe utilise d'anciens éléments musicaux traditionnels de la communauté arabe, tels que le folklore arabe, qui sont aujourd'hui plus pertinents que jamais. Dans nos sets, les mélodies orientales s'associent à l'électronique occidentale », explique Ameen. « Il y a beaucoup de poèmes traditionnels en effet, même si nous écrivons aussi nos propres paroles. Il y a des chansons d’amour, mais aussi des textes politiques et des récits de révolution. Les sujets sont très variables en fonction des chansons, mais nous naviguons entre les thématiques de la tolérance, de la liberté, de la fraternité et de l’amour » précise le chanteur et percussionniste, bercé depuis sa plus tendre enfance par le folklore arabe et les musique révolutionnaires de poètes comme Cheikh Imam. 

Comment définir cette musique ? « Les gens adorent la définir, déclare Thorban en riant, et nous modifions la façon dont nous le décrivons, en fonction de la personne à qui nous parlons. C'est vraiment intéressant. Je pense qu'au début, les gens aimaient le qualifier d’orientale électronique, down tempo. Nous aimons la formuler comme une fusion arabe. J'aime dire que nous faisons de la musique pop arabe même si c'est faux, mais juste parce que j'aime l'expression sur les visages des gens quand je le dis. Ouais, c'est un mélange de tout ce que nous ressentons et que nous sommes, je suppose ». « Et surtout nous a toujours semblé naturel de mêler ces genres, même si parfois c’est problématique de mixer la polyphonie occidentale avec l’échelle orientale en quatre tons. Mais avec un peu d’expérience, nous avons trouvé notre façon de travailler et on l’adore »

-« arrêter de diviser les humains selon les frontières »-

Pour « ‘Masrahiya’, l'album se situe entre les influences du downbeat électronique, de la deep house, du dub et du hip-hop. Piano, violon, synthétiseurs, percussions et voix fusionnent avec des mélodies orientales et des rythmes électroniques occidentaux. Le public entreprendra un voyage qui mêle les frontières entre les cultures » poursuit le producteur, naguère jeune prodige musical qui pratiquait le piano six heures par jour dès sa plus tendre enfance.

S’il y a un message qu’il faut retenir « c’est celui de rassembler les gens. Le message est de parler de beaucoup d'histoires oubliées auxquelles les gens ne prêtent pas attention, notamment dans le monde occidental. Il y a beaucoup d'histoires oubliées sur des gens qui viennent de l'est et que les gens entendent à l'ouest. Ils ne le savent pas. Et notre message est de connecter, de construire un pont entre ces deux cultures d’une manière ou d’une autre. Version Haut-parleur en musique » précise Thorben. « Et juste pour arrêter de diviser les humains selon les frontières, les passeports, la couleur, le sexe... Donc toutes ces choses que nous avons construites pour se classer en catégories. Nous aimons briser tout cela et montrer quels sont les problèmes et ce que cela signifie d’être en exil, parce que les ‘Blancs’ ont tendance à penser que si un réfugié syrien vient en Europe, il cherche une vie meilleure. De toute évidence, quelqu’un recherche une vie meilleure. Mais cela, les gens l’oublient. C'est en fait comme une immense douleur d'abandonner sa maison, sa famille, son héritage. Par exemple, tout ce qui reste à la maison, vous le portez » conclut Thorben Tüdelkopf.


Yara Shahidi et le podcast «The Optimist Project»

Yara Shahidi (à gauche) et Keri Shahidi font la promotion de leur nouveau podcast «The Optimist Project» à Time Square le 20 novembre 2024. (Images Getty)
Yara Shahidi (à gauche) et Keri Shahidi font la promotion de leur nouveau podcast «The Optimist Project» à Time Square le 20 novembre 2024. (Images Getty)
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  •  Shahidi a lancé ce podcast afin d'explorer les moyens de vivre une vie plus épanouie grâce à divers invités spéciaux présents dans chaque épisode
  • Diplômée de Harvard, elle explique qu'elle a été inspirée par les conversations dynamiques qu'elle a avec les membres de sa famille diversifiée

DUBAÏ: L'actrice et animatrice de podcast Yara Shahidi figure sur la liste des 33 «visionnaires, créateurs, icônes et aventuriers» du monde entier établie par le National Geographic. Elle a évoqué, dans un entretien accordé au magazine, le projet qui lui a permis d'accéder à cette liste.

En 1888, la National Geographic Society a été fondée par 33 pionniers à Washington. Ces «penseurs audacieux... avaient pour objectif de réimaginer la façon dont nous découvrons notre monde». Beaucoup de choses ont changé depuis, mais la mission qui les guidait – élargir les connaissances et promouvoir la compréhension – nous anime toujours. C'est dans cet esprit que nous vous présentons le National Geographic 33, une collection de visionnaires, de créateurs, d'icônes et d'aventuriers du monde entier», explique le magazine à propos de sa nouvelle liste.

Mme Shahidi, dont le père est iranien et qui est en partie originaire du Moyen-Orient, figure sur la liste dans la sous-section «Créateurs», qui célèbre les «penseurs qui sortent des sentiers battus et qui développent des solutions novatrices».

L'actrice de «Black-ish» et «Grown-ish» a été mise en avant grâce à son podcast «The Optimist Project».

Mme Shahidi, âgée de 25 ans, a lancé ce podcast afin d'explorer les moyens de vivre une vie plus épanouie grâce à divers invités spéciaux présents dans chaque épisode.

Diplômée de Harvard, Mme Shahidi explique qu'elle a été inspirée par les conversations dynamiques qu'elle a avec les membres de sa famille diversifiée. L'actrice a deux frères – l'un est acteur et l'autre travaille dans la mode – tandis que son père Afshin Shahidi est directeur de la photographie. Son cousin est le rappeur Nas et son grand-père était un militant des Black Panthers. Mme Shahidi et sa mère, Keri Shahidi, qui dirigent ensemble leur propre société de médias, 7th Sun Productions, ont décidé de faire connaître leurs réflexions à un public plus large avec le podcast, qui a été lancé en 2024.

«Nous nous sentons tellement chanceuses d'avoir ces conversations», a déclaré Keri, coproductrice de Shahidi, au National Geographic. «Mais nous avons également ressenti le besoin de nous assurer que d'autres personnes avaient la possibilité d'entendre ce que nous entendions».

Jusqu'à présent, les invités du podcast ont été Ego Nwodim, star du Saturday Night Live, Courtney B. Vance, acteur lauréat d'un prix Tony, et Laurie Santos, professeur de psychologie à l'université de Yale.

«Le fait de devoir consacrer autant d'efforts à la survie ne permet pas au cerveau de réfléchir à la question suivante: pourquoi vivons-nous?», a déclaré Mme Shahidi. «Qu'est-ce qui me donnerait envie de me réveiller le lendemain?»

Dans sa conversation avec le National Geographic, elle a poursuivi en reconnaissant qu'il s'agissait d'un moment difficile pour la prochaine génération de dirigeants. «Il est accablant de penser à quel point certains de ces systèmes sont brisés, à quel point certains de nos outils de changement sont imparfaits... mais cela s'accompagne d'un déferlement de jeunes gens très inspirés et très motivés.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les éditeurs saoudiens se connectent au monde entier à la foire de Bologne

L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie. (SPA)
L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie. (SPA)
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  • Le directeur général de la Commission de la littérature, de l'édition et de la traduction a déclaré que la participation du Royaume visait à présenter un éventail de programmes.
  • M. Al-Wasel a ajouté que la foire constituait une plate-forme précieuse pour les éditeurs saoudiens, leur permettant d'entrer en contact et d'échanger des connaissances avec leurs homologues internationaux.

RIYAD : L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne, qui s'est tenue du 31 mars au 3 avril au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie.

Abdullatif Al-Wasel, directeur général de la Commission de la littérature, de l'édition et de la traduction, a déclaré que la participation du Royaume visait à présenter une série de programmes, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Il a ajouté que ces efforts visaient à développer l'industrie de l'édition, à encourager l'engagement culturel, à soutenir les éditeurs et les agents littéraires saoudiens dans le monde entier et à mettre en valeur le riche patrimoine intellectuel et la production littéraire du Royaume. 

M. Al-Wasel a ajouté que la foire constituait une plate-forme précieuse pour les éditeurs saoudiens, leur permettant d'entrer en contact et d'échanger des connaissances avec leurs homologues internationaux.

Le pavillon du Royaume comprend la participation d'entités culturelles telles que l'Académie mondiale du roi Salman pour la langue arabe, la Bibliothèque publique du roi Abdulaziz, la Bibliothèque nationale du roi Fahd et l'Association de l'édition.

L'académie du roi Salman présente ses efforts visant à renforcer la présence mondiale de la langue arabe et à soutenir le contenu arabe dans les domaines culturel et universitaire, a rapporté l'agence SPA.

L'académie présente ses dernières publications et met en avant ses contributions au développement de contenus linguistiques et fondés sur la connaissance, ainsi que ses projets en matière d'aménagement linguistique, de politique, de linguistique informatique, d'éducation et d'initiatives culturelles.


La gastronomie française : dans l'attente des nouvelles étoiles du Michelin

Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
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  • C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz.
  • tous les chefs étoilés de France ont été conviés et personnes seront récompensées.

METZ, FRANCE : C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz, lors d'un événement auquel tous les chefs étoilés de France ont été conviés, ainsi que les personnes qui seront récompensées.

« Comme toujours, on va jouer à guichets fermés, puisque l'immense majorité d'entre eux seront au rendez-vous », a indiqué à l'AFP Gwendal Poullennec, le patron du guide rouge qui célèbre cette année ses 125 ans.

Le chef Vincent Favre-Félix, lui, ne sera pas de la partie. À la tête d'un établissement étoilé à Annecy-le-Vieux, en Haute-Savoie, il a décidé de rendre son macaron, devenu trop pesant pour lui et ses clients.

« On s'aperçoit que nos clients aujourd'hui n'attendent plus forcément ce qu'on propose. Ils n'ont plus forcément envie de passer trois heures à table, avec un menu carte blanche imposé, des menus en 8-10 séquences, ni de payer entre 100 et 500 francs par tête", explique-t-il à l'AFP, tout en assurant toutefois "ne pas cracher dans la soupe". 

Sébastien Hisler, le second du restaurant étoilé Chez Michèle à Languimberg en Moselle, n'est pas de cet avis. « Quand on est dans des établissements comme ça, c'est un lâcher prise et il faut profiter de l'instant. Si c'est juste +bien+, oui, ça fait cher. Il faut le moment « waouh ». »

« Les étoiles n'appartiennent pas aux chefs. (...) Ce n'est en aucun cas au chef de faire une demande au guide Michelin pour être ajouté ou retiré », a de son côté répondu M. Poullennec, interrogé par l'AFP.

Pas de quoi gâcher la fête cependant. Les festivités ont commencé dimanche soir, avec un match de football opposant des chefs étoilés, parmi lesquels Fabien Ferré, qui a obtenu l'an dernier trois étoiles d'un coup pour la réouverture de la Table du Castellet (Var), et le triplement étoilé Arnaud Donckele, face à des anciens du FC Metz, dont le champion du monde Robert Pirès, avant un dîner des chefs réunissant professionnels et journalistes.

« C'est une grande cousinade. C'est vraiment l'esprit bon enfant, on passe un bon moment, on partage de bons plats bien cuisinés, on ne se prend pas la tête », affirme Benoît Potdevin, chef du K au domaine de la Klaus à Montenach (Moselle), qui, après sa première étoile remportée l'an dernier, assure être là « sans pression ».

La cérémonie des étoiles aura lieu à 17 heures au Centre des Congrès de Metz. En attendant, le détail du palmarès est tenu secret.

La presse a toutefois déjà fait ses pronostics et les noms de Hugo Roellinger à Cancale (Le Coquillage), de Giuliano Sperandio (Taillevent) et de Hélène Darroze (Marsan) à Paris sont régulièrement cités comme potentiels trois étoiles. 

Les rétrogradations ont, elles, déjà été annoncées dix jours avant ce rassemblement, sans susciter de tempête médiatique, comme ce fut le cas pour Marc Veyrat en 2019 ou Guy Savoy en 2023. Cette année, c'est la maison Georges Blanc à Vonnas, dans l'Ain, qui a perdu sa troisième étoile, après 44 ans au sommet.

Autant décrié que respecté et craint par les chefs, le guide Michelin fait toujours la pluie et le beau temps sur la gastronomie mondiale.

« C'est clairement le seul guide que tout le monde cite en référence », estime auprès de l'AFP Rémi Dechambre, journaliste gastronomique au Parisien Week-end.

« Malgré lui, et avec lui, le Michelin incarne la gastronomie française », souligne Estérelle Payany, critique culinaire chez Télérama. « Il y a de plus en plus de chefs qui s'en méfient et qui s'en défient, parce que le guide Michelin conserve son opacité, qu'il fait des choix parfois un peu étonnants. Mais il n'en demeure pas moins que ça reste le maestro de la gastronomie française en termes de classement », estime de son côté Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef du média culinaire « Bouillant(e)s ».

Créé en 1900 par les frères André et Edouard Michelin à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd'hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et se décline dans plus de 50 destinations.