Un groupe de sénateurs républicains refusera de certifier la victoire de Biden

Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire de Joe Biden avec 306 grands électeurs contre 232 à Donald Trump, alors qu'il faut 270 grands électeurs pour devenir président (Photo, AFP)
Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire de Joe Biden avec 306 grands électeurs contre 232 à Donald Trump, alors qu'il faut 270 grands électeurs pour devenir président (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 03 janvier 2021

Un groupe de sénateurs républicains refusera de certifier la victoire de Biden

  • «Le Congrès devrait immédiatement nommer une commission électorale, avec une pleine autorité pour enquêter» sur de possibles «fraudes électorales»
  • La Chambre et le Sénat doivent se réunir mercredi pour certifier ces résultats, une procédure qui est d'ordinaire une simple formalité

WASHINGTON: Onze élus républicains du Sénat américain ont annoncé samedi qu'ils s'opposeraient à la certification par le Congrès du résultat de l'élection présidentielle, une ultime tentative pour contester la victoire de Joe Biden comme le souhaite Donald Trump. 

Jusqu'à présent, seul un sénateur, Josh Hawley, avait fait part mercredi de son intention de contester l'élection du démocrate lors de la cérémonie de certification prévue le 6 janvier. Cette tentative de la dernière chance fait suite aux échecs à répétition essuyés par les partisans de Donald Trump devant les tribunaux pour faire invalider les résultats du scrutin dans plusieurs Etats-clés où Joe Biden l'a emporté. 

« Le Congrès devrait immédiatement nommer une commission électorale, avec une pleine autorité pour enquêter » sur de possibles « fraudes électorales », ont affirmé dans un communiqué les onze élus de la chambre haute, faisant écho aux accusations de fraude répétées par le président Trump et par nombre de parlementaires républicains depuis deux mois. 

« Les allégations de fraude et d'irrégularités dans l'élection de 2020 dépassent toutes celles que nous avons connues dans notre vie », déclarent les onze sénateurs. 

« Audit d'urgence » 

La commission dont ils souhaitent la création devra « conduire un audit d'urgence de dix jours sur les résultats dans les Etats" où les deux candidats étaient au coude à coude, ont demandé ces élus, menés par l'influent sénateur du Texas Ted Cruz. Si cet audit n'a pas lieu, « nous voterons le 6 janvier pour rejeter les électeurs des Etats disputés », ont-ils annoncé. 

Toujours selon le communiqué des sénateurs, les Etats concernés pourraient alors convoquer des sessions législatives extraordinaires et potentiellement réviser leurs résultats électoraux. 

Aux Etats-Unis, le président est choisi au suffrage universel indirect. Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire de Joe Biden avec 306 grands électeurs contre 232 à Donald Trump, alors qu'il faut 270 grands électeurs pour devenir président. 

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a alors reconnu la victoire de Joe Biden, et il a appelé les républicains à certifier ce résultat. 

La Chambre et le Sénat doivent se réunir mercredi pour certifier ces résultats, une procédure qui est d'ordinaire une simple formalité. 

Mais le président sortant affirme toujours avoir largement remporté l'élection du 3 novembre, et il a appelé ses partisans à se rassembler mercredi à Washington. 

Donald Trump a publié samedi sur Twitter la liste des onze sénateurs qui ont rejoint Josh Hawley, sénateur du Missouri, en louant leur initiative et en répétant qu'il a été victime d'une fraude des démocrates lors de la présidentielle. « Une tentative pour voler une victoire écrasante. On ne peut pas laisser faire ça! », a-t-il écrit. 

M. Trump compte sur le débat au Congrès pour que soient exposés au public les éléments qui selon lui fondent ses accusations de fraude. « Et après que les gens auront vu les faits, il y a encore plein de choses à venir... », a-t-il tweeté. 

A la Chambre des représentants, à majorité démocrate, plus d'une centaine d'élus républicains prévoient de voter contre la certification, selon CNN. 

Pas assez de voix 

Mais à la Chambre comme au Sénat, il n'y aura pas assez de voix pour que la démarche aboutisse. 

« Nous ne sommes pas naïfs. Nous nous attendons à ce que la majorité si ce n'est tous les démocrates, et peut-être plus que quelques républicains, votent autrement », ont reconnu les onze sénateurs dans leur communiqué. 

Parmi les républicains qui désapprouvent leur initiative figure Pat Toomey, sénateur de Pennsylvanie, un des Etats dont le résultat devrait être contesté devant le Congrès. 

« Une caractéristique fondamentale et essentielle d'une république démocratique est le droit des citoyens d'élire leurs dirigeants », a déclaré M. Toomey sur Twitter. 

« La tentative des sénateurs Hawley, Cruz et d'autres sénateurs pour inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020 dans des Etats clés comme la Pennsylvanie sape directement ce droit », a-t-il estimé. 

Le sénateur républicain de l'Utah Mitt Romney, notoirement hostile à Donald Trump, a qualifié d'« absurdité » la démarche de ses collègues. 

Donald Trump a régulièrement exhorté les élus républicains à le soutenir dans sa croisade pour contester les résultats de l'élection présidentielle. 

Cette campagne a totalement échoué devant les tribunaux, qui ont refusé d'examiner les preuves dont les républicains disent disposer. 

Un nouveau recours en justice, mené par le républicain Louie Gohmert, représentant du Texas, a été rejeté vendredi dans cet Etat par un juge fédéral, et cette décision a été confirmée samedi par une cour d'appel fédérale. 

La plainte de Louie Gohmert visait à démontrer que le vice-président Mike Pence, qui présidera la séance du Congrès le 6 janvier, pouvait lui-même déclarer les résultats invalides dans certains Etats contestés. 


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.