Quand Attijari Bank Tunisie donne le «mauvais» exemple

Le siège d'Attijari Bank à Tunis en 2019. (Crédit Creative Commons)
Le siège d'Attijari Bank à Tunis en 2019. (Crédit Creative Commons)
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Publié le Mercredi 07 février 2024

Quand Attijari Bank Tunisie donne le «mauvais» exemple

  • Cette opération d’augmentation du capital réservée au personnel «s’inscrit dans l’optique de partager le fruit de la croissance et des performances de la banque»
  • En Tunisie, le marché bancaire n’est pas habitué à ce genre d’opération

TUNIS: Une Assemblée générale extraordinaire des actionnaires d’ Attijari Bank Tunisie (ABT), filiale du groupe marocain Attijariwafa Bank, a décidé à la fin de 2023 de réserver intégralement à son personnel actif et permanent et à celui de ses 1 920 filiales l’augmentation du capital en numéraire d’un montant de 6 290 015 dinars (1 dinar = 0,29 euro) pour le porter de 203 709 985 dinars à 210 000 000 dinars. Cela grâce à la création de 1 258 003 actions nouvelles d’une valeur nominale de 5 dinars chacune, majorée d’une prime d’émission de 34,100 dinars par action, soit un prix d’émission de 39,100 dinars par action.

Cette opération «s’inscrit dans l’optique de partager le fruit de la croissance et des performances de la banque et dans l’intérêt de renforcer le sentiment d’appartenance et la fidélisation du personnel de la banque et de ses filiales. Elle a aussi pour objectif de renforcer la solidité financière de la banque par l’augmentation de ses capitaux propres et l’amélioration de ses ratios réglementaires», selon un document consulté par Arab News en français.

Attijariwafa Bank n’en est pas à sa première opération de ce genre. La maison mère du groupe marocain avait fait bénéficier ses salariés d’une première augmentation de son capital en 2012 – de 102 449 200 dirhams marocains (1 dirham = 0,092 euro) et d’une deuxième, en 2018, de 2,4 milliards de dirhams. En plus des objectifs mis en avant pour l’opération menée à la fin de l’année 2023 par la filiale tunisienne, la deuxième augmentation du capital de la maison mère a servi à financer l’expansion de son activité au Maroc et à l’étranger.

En Tunisie, le marché bancaire n’est pas habitué à ce genre d’opération. «Jamais jusqu’ici une augmentation du capital d’une banque n’a été réservée exclusivement à ses salariés», confirme Slah Kanoun, qui a dirigé plusieurs banques. En revanche, certaines ont incité leur personnel à participer à des augmentations du capital et à acheter des actions, par exemple en utilisant leurs soldes de congés, explique notre interlocuteur.

En Tunisie, le marché bancaire n’est pas habitué à ce genre d’opération: «Jamais jusqu’ici une augmentation du capital d’une banque n’a été réservée exclusivement à ses salariés», confirme Slah Kanoun, qui a dirigé plusieurs banques.

M. Kanoun a profité de ce mécanisme à deux reprises durant sa carrière pour devenir actionnaire de deux des banques qu’il a dirigées, la Société tunisienne de banque (STB) et la Banque tunisienne de solidarité (BTS).

Mais qu’en pensent les autres établissements du secteur? Une source proche d’ABT rapporte que certains de ses concurrents n’ont guère apprécié ce geste en faveur des salariés.

D’ailleurs, aucun des banquiers tunisiens à qui on a demandé si la décision d’ABT de réserver une augmentation de son capital à ses salariés a effectivement fait grincer les dents de ses concurrents et si ceux-ci pourraient lui emboîter le pas n’a confirmé et pas un seul n’a salué ce geste.

Au contraire, l’ex-PDG d’une des plus grandes banques du secteur a pointé du doigt la décision de l’Assemblée générale extraordinaire d’ABT d’autoriser le Conseil d’administration «à déterminer les personnes à qui sera réservée l’augmentation du capital et dans quelles proportions» comme l’expression d’une volonté de récompenser les «bons salariés» et de «punir les mauvais».

En réalité, le Conseil d’administration a fixé le nombre maximal d’actions qu’un salarié est autorisé à acheter en fonction de son revenu annuel brut. Cela va de 100 actions pour un employé qui gagne 20 000 dinars à 2 100 pour celui qui gagne 200 000 dinars par an.


L'Arabie saoudite place l'IA au cœur de sa transformation numérique 

Mohammed Robayan, vice-ministre de la Technologie au ministère saoudien des Communications et des Technologies de l'information. (Photo AN/Abdulrahman bin Shalhoub)
Mohammed Robayan, vice-ministre de la Technologie au ministère saoudien des Communications et des Technologies de l'information. (Photo AN/Abdulrahman bin Shalhoub)
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  • Le  vice-ministre affirme que le soutien aux startups est essentiel pour cultiver un réseau d'entreprises ayant le potentiel de devenir des licornes
  •  «Nous avons déjà sept licornes sur le marché, et il faut construire le réseau... Nous travaillons sur de multiples initiatives», dit-il

 

RIYAD: L'Arabie saoudite continue de donner la priorité à l'intelligence artificielle en tant que pierre angulaire de sa transformation numérique, a déclaré un haut responsable.

Dans un entretien accordé à Arab News lors de la troisième édition de LEAP 2025, Mohammed Robayan, vice-ministre de la Technologie au ministère saoudien des Communications et des Technologies de l'information, a déclaré que le Royaume s'engageait à garantir une infrastructure informatique robuste pour alimenter l'innovation axée sur l'IA et la diversification économique.

Il a souligné que l'IA est au cœur de la stratégie de transformation numérique de l'Arabie saoudite, avec le soutien indéfectible des dirigeants du pays, des agences gouvernementales et du secteur privé.

«Tout tourne autour de l'IA. C'est la priorité de nos dirigeants. C'est la priorité de notre ministère et des différentes entités gouvernementales avec lesquelles nous collaborons pour réaliser ce programme», a déclaré M. Robayan.

Il a poursuivi: «Le secteur privé est également concerné, ce qui est extrêmement important, et l'IA est donc très importante. Nous devons nous assurer que cette puissance de calcul est disponible pour notre écosystème ici en Arabie saoudite. Je dirais que c'est le premier point à l'ordre du jour auquel nous nous attaquons.»

M. Robayan a également souligné qu'un écosystème de startups florissant est un élément essentiel de la stratégie numérique à long terme du pays. Il affirme que le soutien aux startups est essentiel pour cultiver un réseau d'entreprises ayant le potentiel de devenir des licornes, c'est-à-dire des startups évaluées à plus d'un milliard de dollars.

«Mais l'écosystème des startups ici en Arabie saoudite est un autre élément important. Il est extrêmement important. Il alimente le réseau d'entreprises qui finissent par devenir des licornes», a déclaré M. Robayan.

Il a ajouté: «Nous avons déjà sept licornes sur le marché, et il faut construire le réseau... Nous travaillons sur de multiples initiatives.»

M. Robayan a poursuivi en disant: «Nous avons le programme national de développement technologique. Nous avons le Garage. Ils ont été extrêmement utiles. Ils injectent beaucoup d'argent dans le secteur technologique saoudien, ce qui a permis de créer des emplois – une grande priorité pour nous.»

Le Royaume connaît également des investissements substantiels du secteur privé dans l'IA et la technologie, qui sont essentiels pour renforcer la capacité de calcul et soutenir la diversification économique dans le cadre de la Vision 2030. Selon M. Robayan, ces investissements joueront un rôle central dans le remodelage du paysage technologique de l'Arabie saoudite.

«Ils nous permettront, tout d'abord, de disposer de la puissance informatique nécessaire pour que le Royaume progresse dans son programme. Il s'agit de l'une des plus grandes priorités, la technologie et l'adoption de la technologie», a-t-il déclaré.

Il a ajouté que ces initiatives auront un impact profond sur le Royaume et ses efforts de diversification par rapport au pétrole.

En outre, la mise en place d'un cadre réglementaire équilibré est une priorité pour le ministère, qui s'efforce d'encourager l'investissement tout en protégeant l'innovation.

«En matière de réglementation, il ne faut pas en faire trop, juste ce qu'il faut pour ne pas étouffer l'innovation. Il est essentiel de protéger les investissements et de garantir la démocratisation de l'IA et de la puissance de calcul», a déclaré M. Robayan.

La cybersécurité est une autre priorité absolue, l'Arabie saoudite se positionnant comme un leader mondial de la cyberdéfense. M. Robayan a souligné que la collaboration avec l'Agence nationale de cybersécurité joue un rôle essentiel en veillant à ce que les exigences réglementaires soient respectées rapidement, offrant ainsi des lignes directrices claires aux investisseurs.

«La cybersécurité est extrêmement importante, et vous pouvez imaginer pourquoi l'Arabie saoudite est l'un des pays les mieux classés en matière de cybersécurité. Cela fait également partie de l'éducation des investisseurs tout au long du parcours avant l'annonce des différents investissements. Nous ne voulons pas qu'il y ait de surprises pour eux ou pour le marché», a-t-il déclaré.

Le Royaume a déjà obtenu près de 15 milliards de dollars d'investissements technologiques annoncés lors de LEAP 2025, et d'autres sont à venir. M. Robayan a fait allusion aux initiatives à venir pour accélérer encore la transformation numérique du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'égalité mondiale freinée par le manque de connectivité

M. Dowidar a déclaré qu'il est important de veiller à ce que ce déficit de connectivité soit comblé avant qu'il n'entraîne d'autres fractures économiques à l'avenir. (Capture d’écran)
M. Dowidar a déclaré qu'il est important de veiller à ce que ce déficit de connectivité soit comblé avant qu'il n'entraîne d'autres fractures économiques à l'avenir. (Capture d’écran)
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  • La connectivité est désormais l'un des facteurs clés du progrès

DUBAI : Grâce à des projets tels que l'Edison Alliance, 5,5 milliards de personnes ont été connectées dans le monde, mais la moitié d'entre elles reste encore déconnectée, a déclaré Hatem Dowidar, PDG du groupe e&., lors du Sommet mondial des gouvernements qui s'est tenu mardi.

M. Dowidar a déclaré qu'il est important de s'assurer que ce déficit soit comblé avant qu'il n'entraîne d'autres fractures économiques à l'avenir. 

Il a donné l'exemple de deux étudiants, l'un dans une économie avancée ayant accès à des programmes personnalisés d'intelligence artificielle pour l'éducation et la capacité de collaborer globalement avec ses pairs, et l'autre dans une nation moins riche, qui doit marcher pendant des heures pour se rendre à l'école et n'avait accès qu'à "une formation et un équipement d'enseignement très basiques".

"Ils doivent rivaliser dans le monde entier. Ils devront se faire concurrence à l'avenir... C'est vraiment injuste. Et si nous ne faisons rien aujourd'hui pour combler ce déficit, le problème s'aggravera à l'avenir", a-t-il expliqué. 

La connectivité est devenue l'un des facteurs clés du progrès, a déclaré M. Dowidar. « Nous devons tous travailler ensemble, les gouvernements, les entreprises et même les organisations ». 

Aujourd'hui, avec les progrès de l'IA, cela devient encore plus crucial car « nous pouvons vraiment aider une grande partie du Sud avec des solutions qui améliorent l'éducation, les soins de santé et l'activité économique », a-t-il ajouté.

M. Dowidar a déclaré qu'il y a des signes d'amélioration de la technologie qui contribueraient à accroître la connectivité, comme la technologie satellitaire, qui devient plus accessible.

« Pour la société, la connectivité est désormais essentielle… Il ne peut y avoir de véritable développement sans elle. Chez Vodafone, nous opérons dans 17 pays d'Europe et d'Afrique, et notre mission est simple : connecter tout le monde, où qu'il soit », a déclaré Margherita Della Valle, PDG de Vodafone.
Mme Della Valle a déclaré que l'évolution la plus récente de son entreprise - celle dont elle est la plus fière - a été l'ajout de la connectivité par satellite à ses réseaux.

« Je pense qu'il s'agit d'une excellente occasion de connecter les régions du monde les plus isolées. Sur les 2,5 milliards de personnes qui n'ont pas accès à l'internet, il y en a environ 300 millions qui sont loin de toute forme de connectivité, et le satellite peut nous permettre d'y parvenir », a déclaré la PDG de Vodafone, qui a passé il y a deux semaines le premier appel vidéo spatial mobile au monde à l'aide d'un smartphone normal.

« Nous allons maintenant lancer commercialement le service dans le courant de l'année, et je pense que c'est une excellente occasion d'apporter la connectivité aux régions les plus reculées de la planète », a-t-elle déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


LEAP 2025 : L'IA, les lentilles intelligentes et la technologie portable au cœur des débats

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  • Les technologies de pointe et les solutions innovantes ont été à l'honneur au salon LEAP 2025, qui présente des idées susceptibles de façonner les industries et l'avenir
  • Parmi les principales présentations, le Saudi Accelerated Innovation Lab a présenté l'assistant robotique d'Aramco (SARA)

RIYAD : Les technologies de pointe et les solutions innovantes ont été à l'honneur au salon LEAP 2025, qui présente des idées susceptibles de façonner les industries et l'avenir.

Parmi les principales présentations, le Saudi Accelerated Innovation Lab a présenté l'assistant robotique d'Aramco (SARA).

SAIL, lancé lors de LEAP 2024 par le président-directeur général de Saudi Aramco, Amin Nasser, abrite également AramcoMetaBrain, un modèle d'intelligence artificielle générative exclusif conçu pour améliorer l'efficacité opérationnelle.

SARA, un assistant vocal alimenté par l'IA, a été présenté par Ibrahim Alsowayigh, responsable de l'innovation et de la commercialisation chez SAIL. Il a souligné sa capacité à répondre aux normes les plus strictes en matière de cybersécurité et d'exploitation.

"Dans les entreprises et les environnements hautement réglementés, un problème persiste : la confiance. C'est pourquoi l'une des toutes premières opportunités commerciales qui nous a été présentée consiste à sécuriser un appareil qui pouvait se connecter en toute confiance à notre réseau interne Aramco et se conformer aux exigences les plus strictes en matière de cybersécurité", a déclaré M. Alsowayigh.

"Nous avions besoin d'un appareil sécurisé, de qualité industrielle, avec des interactions intuitives et personnalisées. C'est alors que nous avons décidé de construire, et non d'acheter, et que SARA - notre propre assistant vocal de table Gen-AI industriel - est né", a-t-il ajouté. 

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Ibrahim Alsowayigh présente SARA, un assistant vocal doté d'une intelligence artificielle (AN).

AramcoMetaBrain alimente SARA, lui permettant de traiter de grandes quantités de données spécifiques à l'industrie, d'interpréter des requêtes complexes et de fournir des réponses hautement contextualisées. Le modèle est formé au langage opérationnel exclusif d'Aramco, ce qui lui permet de naviguer dans les directives et les processus de l'entreprise.

SARA est prêt à être commercialisé par Aramco Digital, offrant aux entreprises une solution d'IA sécurisée et intégrée.

"SARA garantit que les requêtes et les données sont traitées et protégées sur site, ce qui permet aux entreprises de contrôler pleinement leurs informations tout en bénéficiant de capacités d'IA de pointe", a déclaré M. Alsowayigh.

"Cela fait de SARA le compagnon numérique idéal pour les industries qui exigent les plus hauts niveaux de sécurité des données et d'efficacité opérationnelle", affirme-t-il. 

Lentille de contact intelligente

L'innovation technologique au LEAP 2025 s'est étendue au-delà de l'IA, avec XPANCEO, une société informatique basée à Dubaï, qui a dévoilé une lentille de contact intelligente visant à révolutionner l'amélioration de la vision et le suivi de la santé.

La lentille offre une expérience de réalité augmentée en couleurs et en plein écran, tout en fonctionnant comme un laboratoire miniature pour l'œil. Des électrodes à jet à neuro-interfaçage intégrées permettent d'améliorer la vision, y compris la vision nocturne et les capacités de zoom.

"Il ne s'agit pas vraiment de science-fiction, mais plutôt de ce que je vais essayer de vous montrer aujourd'hui. Il s'agit donc déjà d'une réalité qui se développe rapidement", a déclaré Valentyn Volkov, partenaire scientifique de XPANCEO.

Les lentilles intelligentes, dont le développement est prévu en trois phases, amélioreront dans un premier temps la vision dans des conditions de faible luminosité. La deuxième itération intégrera des fonctions de suivi de la santé telles que le niveau de stress, la glycémie, la température corporelle et la sécheresse oculaire. La version finale vise à afficher du contenu visuel directement sur les lentilles, offrant ainsi une expérience de réalité augmentée transparente.

Malgré les progrès accomplis, des défis technologiques et biologiques subsistent, les développeurs cherchant à miniaturiser les capacités d'un smartphone dans une lentille de contact tout en garantissant la compatibilité biologique.

Un prototype a été présenté au salon LEAP, XPANCEO visant une mise sur le marché d'ici la fin de l'année 2026.

Technologie portable

La créatrice néerlandaise Anouk Wipprecht a apporté une vision futuriste au LEAP 2025 avec sa collection de robes robotisées qui fusionnent la mode et l'ingénierie.

Elle a notamment conçu une robe qui surveille le rythme cardiaque et dont le cristal central clignote en synchronisation avec le pouls de la personne qui la porte. Un autre modèle phare, la Robe araignée, incorpore des membres mécaniques animatroniques et des capteurs imprimés en 3D pour surveiller et protéger l'espace personnel de la personne qui la porte.

Grâce à des capteurs de proximité et de respiration, la robe réagit aux stimuli extérieurs et ajuste ses mouvements en conséquence. M. Wipprecht a fait remarquer que de tels modèles sont pratiques pour les environnements urbains très fréquentés comme New York, où les personnes qui les portent peuvent les utiliser pour préserver leur espace personnel.

LEAP 2025 continue de présenter des innovations qui remettent en question le statu quo, renforçant ainsi la position de Riyad en tant que centre mondial du progrès technologique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com