La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 06 février 2024

La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

  • Supprimer le financement d'un important employeur de Palestiniens en Syrie et au Liban privera des milliers de familles de leur principale source de revenus
  • L'arrêt des opérations constituera un choc majeur pour les économies syrienne et libanaise déjà en difficulté

LONDRES: Alors que la principale source de revenus pour des millions de réfugiés palestiniens au Moyen-Orient risque d'être supprimée d'ici la fin du mois de février, de nombreuses familles qui dépendent de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) craignent de sombrer encore plus dans la pauvreté, voire pire.

Depuis qu'il a fui le camp de Yarmouk à Damas et qu'il s'est installé au Liban en 2015, Ayham, dont le nom a été modifié pour protéger son identité, et les trois membres de sa famille survivent grâce à la modeste allocation fournie par l'Unrwa.

«Nous arrivons à peine à joindre les deux bouts, même si je travaille un peu lorsque l'occasion se présente», a déclaré Ayham, 43 ans, à Arab News. «Comment allons-nous survivre si nous perdons l'allocation mensuelle de l'Unrwa et comment ma fille pourra-t-elle recevoir son éducation?»

La famille d'Ayham fait partie des 31 400 réfugiés palestiniens qui ont fui la Syrie voisine pour se réfugier au Liban après que les manifestations contre le gouvernement du président Bachar el-Assad en 2011 ont dégénéré en une véritable guerre civile.

Shatha, la fille du réfugié palestinien Issa al-Loubani, 48 ans, regarde par la fenêtre de leur appartement dans le camp palestinien de Yarmouk, à la périphérie sud de la capitale syrienne Damas, le 25 novembre 2020 (Photo, AFP).

L'Unrwa fournit aux réfugiés palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de Syrie, du Liban et de Jordanie une aide financière mensuelle de 100 dollars (1 dollar= 0,93 euro) par famille et de 27 dollars supplémentaires pour chaque membre de la famille.

Pour ceux qui n'ont pas pu s'assurer un revenu régulier, l'allocation a été la seule chose qui leur a permis d'échapper à la misère. Cependant, le 26 janvier, les États-Unis ont suspendu leur financement à l'Unrwa en réponse à des allégations troublantes. Plusieurs autres donateurs importants ont rapidement emboîté le pas.

Par conséquent, l'agence des Nations unies, fondée en 1949 à la suite de l'exode massif des Palestiniens lors de la Nakba, devra probablement interrompre ses opérations, notamment dans la bande de Gaza assiégée, d'ici la fin du mois si le financement n'est pas rétabli.

Les suspensions de financement sont intervenues après que les services de renseignement israéliens ont affirmé que 12 employés de l'Unrwa étaient impliqués dans l'attaque du Hamas du 7 octobre, et que 10% des 12 000 employés de l'agence à Gaza étaient des agents du Hamas ou du Djihad islamique.

Le 7 octobre, le Hamas a mené une attaque surprise sur le sud d'Israël, tuant 1 200 personnes et en prenant 240 autres en otage.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements sur Gaza, faisant plus de 27 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza, 66 000 blessés et 85% des 2,2 millions d'habitants de l'enclave déplacés de force.

Des réfugiés palestiniens se rassemblent devant les bureaux de l’Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, à Beyrouth, le 30 janvier 2024, pour protester contre la décision de certains pays de cesser le financement de l'organisation (Photo, AFP).

Pour Mounir Nuseibah, professeur de droit international à l'université Al-Quds de Jérusalem, la réduction des financements de l'Unrwa est «injustifiable».

«La suppression du financement de l’Unrwa à un moment où la population palestinienne souffre de la guerre et des politiques génocidaires d’Israël, notamment la famine, reflète la complicité avec ce crime», a-t-il déclaré à Arab News.

«Juste au moment où la Cour internationale de justice a ordonné d'autoriser l'accès des services humanitaires et de l'aide aux civils de Gaza, les alliés d'Israël ont décidé de cesser le financement de l'Unrwa», a-t-il ajouté.

Après que l'Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice pour accuser Israël de commettre un génocide à Gaza, la plus haute juridiction de l'ONU a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide et autoriser l'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne.

Certains analystes ont même accusé les pays donateurs d'hypocrisie, soulignant que des agences des Nations unies ont été impliquées dans des scandales sans pour autant perdre leur financement.

EN CHIFFRES

RÉFUGIÉS PALESTINIENS

1,5 million en Jordanie, au Liban, en Syrie, à Gaza et en Cisjordanie.

489 292 accueillis par le Liban.

438 000 accueillis par la Syrie.

31 400 ont fui la Syrie et résident désormais au Liban.

Source: Unrwa 

Selon Karam Shaar, chercheur principal au New Lines Institute, «si l'on observe la conduite des Nations unies dans d'autres pays et la réaction des gouvernements occidentaux, par rapport à la manière dont ils ont réagi à ce que l'Unrwa aurait pu faire en Palestine, je crois que cela révèle une prédisposition à réduire fondamentalement l'aide aux Palestiniens.»

«À mon avis, cela témoigne également d'un certain niveau d'hypocrisie. Les Nations unies ont-elles été impliquées par le passé dans des scandales importants ? Bien sûr. Mais la solution consiste-t-elle à couper les fonds sans mettre en place des canaux alternatifs pour une population qui est effectivement assiégée de toutes parts ? Cela est vraiment inhumain», a-t-il indiqué à Arab News.

L'Unrwa vient en aide à environ 6 millions de réfugiés palestiniens dans toute la région. Les analystes s'attendent à ce que l'impact de la suppression de ses services soit fortement ressenti par les pays qui accueillent des familles déplacées.

Selon les chiffres de l'Unrwa, 489 292 réfugiés palestiniens étaient enregistrés au Liban en mars 2023 et 575 234 en Syrie en juillet 2022. On estime à 438 000 le nombre de réfugiés palestiniens restés en Syrie.

Une réfugiée palestinienne tient une pancarte dans une école appartenant à l'Unrwa dans la ville de Sebline à l'est du port de Saïda, dans le sud du Liban, le 12 mars 2018 (Photo, AFP).

Mohammed al-Asadi, économiste basé en Allemagne au Syrian Center for Policy Research, a noté que la suspension du financement de l'Unrwa «pourrait avoir un impact dévastateur sur la vie et les moyens de subsistance des réfugiés palestiniens vivant en Syrie et au Liban, car la grande majorité d'entre eux sont vulnérables».

«L'Unrwa est le seul à fournir des transferts d'argent et des paniers alimentaires aux réfugiés palestiniens touchés par le conflit syrien», a-t-il déclaré à Arab News.

«Des dizaines de milliers de familles dépendent de cette aide pour satisfaire leurs besoins nutritionnels de base. La suspension de l'aide à ces familles les fera tomber immédiatement sous le seuil de pauvreté absolue», a-t-il averti.

L'économie syrienne a été mise à genoux par plus d'une décennie de combats, de sanctions et d'isolement. En 2018, la Banque mondiale a reclassé la Syrie dans la catégorie des pays à faible revenu. Entre 2010 et 2020, son produit intérieur brut a diminué de plus de moitié.

Un écolier brandit un drapeau palestinien avec d'autres écoliers portant des keffiehs palestiniens lors d'un sit-in de protestation au camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 7 novembre 2023 (Photo, AFP).

Bien que les réfugiés palestiniens en Syrie aient les mêmes droits que les citoyens syriens en termes d'emploi, de commerce et d'accès aux postes de la fonction publique et aux services publics, M. Al-Asadi a prévenu que la fermeture des opérations de l'Unrwa «aura un impact substantiel sur l'augmentation de l'incidence de la pauvreté dans le pays, en particulier parmi les réfugiés palestiniens».

Il a souligné que l'arrêt des opérations de l'Unrwa en Syrie «laisserait des milliers de chargés de familles sans emploi, car l'Unrwa est un employeur majeur de Palestiniens et de Syriens dans ses écoles, ses cliniques médicales et ses centres de formation professionnelle».

Il a ajouté que cela obligerait également l'agence à suspendre ses importants programmes de formation professionnelle, «laissant des milliers de jeunes réfugiés palestiniens sans formation dans une économie où le taux de chômage dépasse 40%, selon les estimations du Syrian Center for Policy Research».

«La confluence de la hausse du chômage, de l'arrêt de l'aide alimentaire et en espèces, et de l'impossibilité d'accéder aux services de santé et d'éducation va très probablement provoquer un afflux important de réfugiés palestiniens de Syrie et du Liban vers l’Europe, en traversant la Méditerranée», a signalé M. Al-Asadi.

En outre, pour la Syrie et le Liban, cette situation «causera un choc sévère à la réserve de capital humain dans ces deux pays, car l'Unrwa est le principal fournisseur de services d'éducation et de soins de santé pour les réfugiés palestiniens».

«Cela laissera des centaines de milliers de familles sans accès à des services de soins de santé vitaux abordables. Les systèmes éducatifs déjà surpeuplés des deux pays n’ont pas la capacité d’intégrer des dizaines de milliers d’élèves », a-t-il expliqué.

«Cette situation est particulièrement problématique au Liban, où les écoles publiques accueillent environ 500 000 réfugiés syriens en âge de scolarité», a-t-il ajouté.

Une femme assise avec son enfant après avoir fui le camp de réfugiés palestiniens d’Ain al-Helweh à Sidon, ville côtière du sud du Liban, le 9 septembre 2023 (Photo, AFP).

Pour l’analyste libanais Nasser Elamine, au Liban, «la suppression du financement de l'Unrwa signifie que plus de 301 400 réfugiés palestiniens, dont la majorité vit déjà sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies, seront effectivement abandonnés par le monde, sans aucun moyen d'assurer les besoins minimaux de leur vie quotidienne, en particulier l'éducation et les soins de santé».

«Les réfugiés palestiniens au Liban se voient refuser l'accès à des professions réglementées par les syndicats. Et avec une économie réelle qui produit à peine d’emplois (sans parler de l'effondrement économique de 2019), les Palestiniens n'auront aucun moyen de commencer à combler le vide qu'une interruption du financement de l'Unrwa laissera», a-t-il indiqué à Arab News.

Le Liban interdit aux réfugiés palestiniens d'exercer quelque 70 professions réglementées par ses syndicats, notamment dans les domaines de l'ingénierie, du droit et de la médecine.

Le retrait de l’aide financière à l’Unrwa risque d’avoir un impact négatif sur l’économie libanaise, en proie à une crise financière désastreuse depuis 2019.

M. Elamine a noté que le taux de chômage au Liban est «déjà d'environ 30% de la population, alors que la participation à la population active n'était que de 43% en 2022, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), et que le taux de pauvreté multidimensionnelle était de 81%», d'après les données de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (Cesao).

«Depuis environ un an, le Liban a réussi à mettre en place une façade de normalisation de la crise en optant pour la dollarisation de la moitié de son économie.»

«L'Unrwa était responsable de l'entrée mensuelle au Liban de millions de dollars en devises fortes par l'intermédiaire des banques libanaises, où ils étaient dépensés sous forme de salaires, de projets, de services d'éducation et de santé, ainsi que de fonds pour les petites entreprises.»

«En plus de cela, l’État libanais recevrait une partie de ces fonds en retour pour permettre aux réfugiés de rester dans le pays. La disparition soudaine de ces fonds laissera nécessairement l’économie en état de choc, mais dans quelle mesure, cela reste à déterminer», a alerté M. Elamine.

Une photo diffusée par l'Unrwa le 17 avril 2015 et prise la veille montre des personnes déplacées du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk faisant la queue pour recevoir de l'aide de l'organisation à Yalda, au sud de Damas (Photo, AFP).

Selon les responsables de l'Unrwa, l'agence avait déjà atteint une «zone de danger» en 2022 après plus d'une décennie de sous-financement. L'année dernière, les dons n'ont couvert que 36% de son budget.

Au-delà des services humanitaires fournis par l'Unrwa, l'économiste libanais Nadim Shehadi a révélé à Arab News que l'importance de l'agence résidait principalement dans le fait qu'elle était «la mémoire» de la population des réfugiés palestiniens et une organisation cruciale pour la résolution de la question palestinienne.

«En tant qu'institution, l'Unrwa est extrêmement importante pour tout règlement futur de la question palestinienne. L'Unrwa possède les détails et les données de chaque famille palestinienne, donc de chaque réfugié palestinien», a-t-il souligné.

L'article 11 de la résolution 194 (III) des Nations unies confère aux réfugiés palestiniens le droit soit de rentrer chez eux, soit d'être réinstallés et de recevoir une compensation. M. Shehadi a précisé que les informations détenues par l'Unrwa étaient essentielles à la mise en œuvre de cet article.

«Toute solution à la question palestinienne devrait aborder la question des réfugiés. C'est la principale pierre d'achoppement pour une solution globale, et cette solution, pour être mise en œuvre, a besoin des données et du mécanisme que seul l'Unrwa peut fournir», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Short Url
  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée annonce avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza

Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Short Url
  • L'armée israélienne a récupéré «les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari
  • Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

L'armée a récupéré "les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant qu'ils avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova et "leur corps emmenés" à Gaza.

Selon l'amiral Hagari, les corps des otages ont été récupérés "durant une opération conjointe entre l'armée et l'agence de renseignements" sur la base de renseignements obtenus notamment "lors d'interrogatoire de terroristes arrêtés dans la bande de Gaza" et ont été identifiés à l'institut national de Médecine légale israélien.

Germano-Israélienne de 22 ans, Shani Louk était apparue dans une vidéo sur les réseaux sociaux, allongée sur le ventre, apparemment inconsciente et à moitié dénudée, à l'arrière d'un pick-up dans la bande de Gaza.

Amit Buskila était âgée de 27 ans et Itzhak Gelerenter de 56 ans lors de l'attaque.

"Le retour de leurs corps est un rappel douloureux et brutal que nous devons rapidement ramener tous nos frères et soeurs de leur cruelle captivité", les vivants et les morts, a réagi le Forum des familles d'otages, principale association de proches.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'attaque surprise menée depuis la bande de Gaza par des commandos du Hamas dans le sud israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 360 personnes ont été tuées sur le seul site du festival de musique Nova, organisé dans le sud d'Israël, tout près de la frontière avec la bande de Gaza.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances aux familles. "Cette perte terrible brise le coeur", nous "pleurons avec les familles", a assuré M. Netanyahu, promettant de ramener "tous les otages, les vivants et les morts".

 

 


Tunisie: l'ONU dénonce «l'intimidation et le harcèlement» des avocats

Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
Short Url
  • «L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées», exige le Haut-Commissariat
  • Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était «très préoccupé par le fait que des migrants sont de plus en plus souvent pris pour cible»

GENEVE: Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé vendredi "l'intimidation et le harcèlement" dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires.

Les perquisitions contre l'Ordre des avocats dans ce pays "portent atteinte à l'Etat de droit et violent les normes internationales relatives à la protection de l'indépendance et de la fonction des avocats. De tels actes constituent des formes d'intimidation et de harcèlement", a dénoncé Ravina Shamdasani, la porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, lors d'un point de presse.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, "exhorte les autorités à respecter et à sauvegarder les libertés d'expression, d'association et de rassemblement pacifique, qui sont garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Tunisie est partie", a souligné Mme Shamdasani.

"L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées", exige encore le Haut-Commissariat, ajoutant que "les droits humains de tous les migrants doivent être protégés et les discours de haine xénophobe doivent cesser".

Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était "très préoccupé par le fait que des migrants, pour la plupart originaires du sud du Sahara, ainsi que les personnes et les organisations qui leur viennent en aide, en Tunisie, sont de plus en plus souvent pris pour cible".

Et elle a dénoncé "une augmentation de l'utilisation d'une rhétorique déshumanisante et raciste à l'encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs".

Le président tunisien Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis juillet 2021, s'est insurgé jeudi contre les critiques occidentales, défendant la légalité de ces mesures.