La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 février 2024

La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

  • Supprimer le financement d'un important employeur de Palestiniens en Syrie et au Liban privera des milliers de familles de leur principale source de revenus
  • L'arrêt des opérations constituera un choc majeur pour les économies syrienne et libanaise déjà en difficulté

LONDRES: Alors que la principale source de revenus pour des millions de réfugiés palestiniens au Moyen-Orient risque d'être supprimée d'ici la fin du mois de février, de nombreuses familles qui dépendent de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) craignent de sombrer encore plus dans la pauvreté, voire pire.

Depuis qu'il a fui le camp de Yarmouk à Damas et qu'il s'est installé au Liban en 2015, Ayham, dont le nom a été modifié pour protéger son identité, et les trois membres de sa famille survivent grâce à la modeste allocation fournie par l'Unrwa.

«Nous arrivons à peine à joindre les deux bouts, même si je travaille un peu lorsque l'occasion se présente», a déclaré Ayham, 43 ans, à Arab News. «Comment allons-nous survivre si nous perdons l'allocation mensuelle de l'Unrwa et comment ma fille pourra-t-elle recevoir son éducation?»

La famille d'Ayham fait partie des 31 400 réfugiés palestiniens qui ont fui la Syrie voisine pour se réfugier au Liban après que les manifestations contre le gouvernement du président Bachar el-Assad en 2011 ont dégénéré en une véritable guerre civile.

Shatha, la fille du réfugié palestinien Issa al-Loubani, 48 ans, regarde par la fenêtre de leur appartement dans le camp palestinien de Yarmouk, à la périphérie sud de la capitale syrienne Damas, le 25 novembre 2020 (Photo, AFP).

L'Unrwa fournit aux réfugiés palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de Syrie, du Liban et de Jordanie une aide financière mensuelle de 100 dollars (1 dollar= 0,93 euro) par famille et de 27 dollars supplémentaires pour chaque membre de la famille.

Pour ceux qui n'ont pas pu s'assurer un revenu régulier, l'allocation a été la seule chose qui leur a permis d'échapper à la misère. Cependant, le 26 janvier, les États-Unis ont suspendu leur financement à l'Unrwa en réponse à des allégations troublantes. Plusieurs autres donateurs importants ont rapidement emboîté le pas.

Par conséquent, l'agence des Nations unies, fondée en 1949 à la suite de l'exode massif des Palestiniens lors de la Nakba, devra probablement interrompre ses opérations, notamment dans la bande de Gaza assiégée, d'ici la fin du mois si le financement n'est pas rétabli.

Les suspensions de financement sont intervenues après que les services de renseignement israéliens ont affirmé que 12 employés de l'Unrwa étaient impliqués dans l'attaque du Hamas du 7 octobre, et que 10% des 12 000 employés de l'agence à Gaza étaient des agents du Hamas ou du Djihad islamique.

Le 7 octobre, le Hamas a mené une attaque surprise sur le sud d'Israël, tuant 1 200 personnes et en prenant 240 autres en otage.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements sur Gaza, faisant plus de 27 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza, 66 000 blessés et 85% des 2,2 millions d'habitants de l'enclave déplacés de force.

Des réfugiés palestiniens se rassemblent devant les bureaux de l’Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, à Beyrouth, le 30 janvier 2024, pour protester contre la décision de certains pays de cesser le financement de l'organisation (Photo, AFP).

Pour Mounir Nuseibah, professeur de droit international à l'université Al-Quds de Jérusalem, la réduction des financements de l'Unrwa est «injustifiable».

«La suppression du financement de l’Unrwa à un moment où la population palestinienne souffre de la guerre et des politiques génocidaires d’Israël, notamment la famine, reflète la complicité avec ce crime», a-t-il déclaré à Arab News.

«Juste au moment où la Cour internationale de justice a ordonné d'autoriser l'accès des services humanitaires et de l'aide aux civils de Gaza, les alliés d'Israël ont décidé de cesser le financement de l'Unrwa», a-t-il ajouté.

Après que l'Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice pour accuser Israël de commettre un génocide à Gaza, la plus haute juridiction de l'ONU a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide et autoriser l'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne.

Certains analystes ont même accusé les pays donateurs d'hypocrisie, soulignant que des agences des Nations unies ont été impliquées dans des scandales sans pour autant perdre leur financement.

EN CHIFFRES

RÉFUGIÉS PALESTINIENS

1,5 million en Jordanie, au Liban, en Syrie, à Gaza et en Cisjordanie.

489 292 accueillis par le Liban.

438 000 accueillis par la Syrie.

31 400 ont fui la Syrie et résident désormais au Liban.

Source: Unrwa 

Selon Karam Shaar, chercheur principal au New Lines Institute, «si l'on observe la conduite des Nations unies dans d'autres pays et la réaction des gouvernements occidentaux, par rapport à la manière dont ils ont réagi à ce que l'Unrwa aurait pu faire en Palestine, je crois que cela révèle une prédisposition à réduire fondamentalement l'aide aux Palestiniens.»

«À mon avis, cela témoigne également d'un certain niveau d'hypocrisie. Les Nations unies ont-elles été impliquées par le passé dans des scandales importants ? Bien sûr. Mais la solution consiste-t-elle à couper les fonds sans mettre en place des canaux alternatifs pour une population qui est effectivement assiégée de toutes parts ? Cela est vraiment inhumain», a-t-il indiqué à Arab News.

L'Unrwa vient en aide à environ 6 millions de réfugiés palestiniens dans toute la région. Les analystes s'attendent à ce que l'impact de la suppression de ses services soit fortement ressenti par les pays qui accueillent des familles déplacées.

Selon les chiffres de l'Unrwa, 489 292 réfugiés palestiniens étaient enregistrés au Liban en mars 2023 et 575 234 en Syrie en juillet 2022. On estime à 438 000 le nombre de réfugiés palestiniens restés en Syrie.

Une réfugiée palestinienne tient une pancarte dans une école appartenant à l'Unrwa dans la ville de Sebline à l'est du port de Saïda, dans le sud du Liban, le 12 mars 2018 (Photo, AFP).

Mohammed al-Asadi, économiste basé en Allemagne au Syrian Center for Policy Research, a noté que la suspension du financement de l'Unrwa «pourrait avoir un impact dévastateur sur la vie et les moyens de subsistance des réfugiés palestiniens vivant en Syrie et au Liban, car la grande majorité d'entre eux sont vulnérables».

«L'Unrwa est le seul à fournir des transferts d'argent et des paniers alimentaires aux réfugiés palestiniens touchés par le conflit syrien», a-t-il déclaré à Arab News.

«Des dizaines de milliers de familles dépendent de cette aide pour satisfaire leurs besoins nutritionnels de base. La suspension de l'aide à ces familles les fera tomber immédiatement sous le seuil de pauvreté absolue», a-t-il averti.

L'économie syrienne a été mise à genoux par plus d'une décennie de combats, de sanctions et d'isolement. En 2018, la Banque mondiale a reclassé la Syrie dans la catégorie des pays à faible revenu. Entre 2010 et 2020, son produit intérieur brut a diminué de plus de moitié.

Un écolier brandit un drapeau palestinien avec d'autres écoliers portant des keffiehs palestiniens lors d'un sit-in de protestation au camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 7 novembre 2023 (Photo, AFP).

Bien que les réfugiés palestiniens en Syrie aient les mêmes droits que les citoyens syriens en termes d'emploi, de commerce et d'accès aux postes de la fonction publique et aux services publics, M. Al-Asadi a prévenu que la fermeture des opérations de l'Unrwa «aura un impact substantiel sur l'augmentation de l'incidence de la pauvreté dans le pays, en particulier parmi les réfugiés palestiniens».

Il a souligné que l'arrêt des opérations de l'Unrwa en Syrie «laisserait des milliers de chargés de familles sans emploi, car l'Unrwa est un employeur majeur de Palestiniens et de Syriens dans ses écoles, ses cliniques médicales et ses centres de formation professionnelle».

Il a ajouté que cela obligerait également l'agence à suspendre ses importants programmes de formation professionnelle, «laissant des milliers de jeunes réfugiés palestiniens sans formation dans une économie où le taux de chômage dépasse 40%, selon les estimations du Syrian Center for Policy Research».

«La confluence de la hausse du chômage, de l'arrêt de l'aide alimentaire et en espèces, et de l'impossibilité d'accéder aux services de santé et d'éducation va très probablement provoquer un afflux important de réfugiés palestiniens de Syrie et du Liban vers l’Europe, en traversant la Méditerranée», a signalé M. Al-Asadi.

En outre, pour la Syrie et le Liban, cette situation «causera un choc sévère à la réserve de capital humain dans ces deux pays, car l'Unrwa est le principal fournisseur de services d'éducation et de soins de santé pour les réfugiés palestiniens».

«Cela laissera des centaines de milliers de familles sans accès à des services de soins de santé vitaux abordables. Les systèmes éducatifs déjà surpeuplés des deux pays n’ont pas la capacité d’intégrer des dizaines de milliers d’élèves », a-t-il expliqué.

«Cette situation est particulièrement problématique au Liban, où les écoles publiques accueillent environ 500 000 réfugiés syriens en âge de scolarité», a-t-il ajouté.

Une femme assise avec son enfant après avoir fui le camp de réfugiés palestiniens d’Ain al-Helweh à Sidon, ville côtière du sud du Liban, le 9 septembre 2023 (Photo, AFP).

Pour l’analyste libanais Nasser Elamine, au Liban, «la suppression du financement de l'Unrwa signifie que plus de 301 400 réfugiés palestiniens, dont la majorité vit déjà sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies, seront effectivement abandonnés par le monde, sans aucun moyen d'assurer les besoins minimaux de leur vie quotidienne, en particulier l'éducation et les soins de santé».

«Les réfugiés palestiniens au Liban se voient refuser l'accès à des professions réglementées par les syndicats. Et avec une économie réelle qui produit à peine d’emplois (sans parler de l'effondrement économique de 2019), les Palestiniens n'auront aucun moyen de commencer à combler le vide qu'une interruption du financement de l'Unrwa laissera», a-t-il indiqué à Arab News.

Le Liban interdit aux réfugiés palestiniens d'exercer quelque 70 professions réglementées par ses syndicats, notamment dans les domaines de l'ingénierie, du droit et de la médecine.

Le retrait de l’aide financière à l’Unrwa risque d’avoir un impact négatif sur l’économie libanaise, en proie à une crise financière désastreuse depuis 2019.

M. Elamine a noté que le taux de chômage au Liban est «déjà d'environ 30% de la population, alors que la participation à la population active n'était que de 43% en 2022, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), et que le taux de pauvreté multidimensionnelle était de 81%», d'après les données de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (Cesao).

«Depuis environ un an, le Liban a réussi à mettre en place une façade de normalisation de la crise en optant pour la dollarisation de la moitié de son économie.»

«L'Unrwa était responsable de l'entrée mensuelle au Liban de millions de dollars en devises fortes par l'intermédiaire des banques libanaises, où ils étaient dépensés sous forme de salaires, de projets, de services d'éducation et de santé, ainsi que de fonds pour les petites entreprises.»

«En plus de cela, l’État libanais recevrait une partie de ces fonds en retour pour permettre aux réfugiés de rester dans le pays. La disparition soudaine de ces fonds laissera nécessairement l’économie en état de choc, mais dans quelle mesure, cela reste à déterminer», a alerté M. Elamine.

Une photo diffusée par l'Unrwa le 17 avril 2015 et prise la veille montre des personnes déplacées du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk faisant la queue pour recevoir de l'aide de l'organisation à Yalda, au sud de Damas (Photo, AFP).

Selon les responsables de l'Unrwa, l'agence avait déjà atteint une «zone de danger» en 2022 après plus d'une décennie de sous-financement. L'année dernière, les dons n'ont couvert que 36% de son budget.

Au-delà des services humanitaires fournis par l'Unrwa, l'économiste libanais Nadim Shehadi a révélé à Arab News que l'importance de l'agence résidait principalement dans le fait qu'elle était «la mémoire» de la population des réfugiés palestiniens et une organisation cruciale pour la résolution de la question palestinienne.

«En tant qu'institution, l'Unrwa est extrêmement importante pour tout règlement futur de la question palestinienne. L'Unrwa possède les détails et les données de chaque famille palestinienne, donc de chaque réfugié palestinien», a-t-il souligné.

L'article 11 de la résolution 194 (III) des Nations unies confère aux réfugiés palestiniens le droit soit de rentrer chez eux, soit d'être réinstallés et de recevoir une compensation. M. Shehadi a précisé que les informations détenues par l'Unrwa étaient essentielles à la mise en œuvre de cet article.

«Toute solution à la question palestinienne devrait aborder la question des réfugiés. C'est la principale pierre d'achoppement pour une solution globale, et cette solution, pour être mise en œuvre, a besoin des données et du mécanisme que seul l'Unrwa peut fournir», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
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  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.