Gaza: Le retour des colonies israéliennes en passe de devenir une éventualité crédible

Israël a annoncé son plan de désengagement de Gaza en 2003 et l'a mis en œuvre deux ans plus tard (Photo, Reuters).
Israël a annoncé son plan de désengagement de Gaza en 2003 et l'a mis en œuvre deux ans plus tard (Photo, Reuters).
Un bébé tient un drapeau israélien alors que des membres de la communauté des colons israéliens se rassemblent lors d'un congrès à Jérusalem le 28 janvier 2024 (Photo, Reuters).
Un bébé tient un drapeau israélien alors que des membres de la communauté des colons israéliens se rassemblent lors d'un congrès à Jérusalem le 28 janvier 2024 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 01 février 2024

Gaza: Le retour des colonies israéliennes en passe de devenir une éventualité crédible

  • Des hommes politiques israéliens de droite, notamment des ministres, s'allient à des groupes de colons dans l'espoir de réoccuper l'enclave
  • La réinstallation de Gaza et l'expulsion «volontaire» des Palestiniens risquent de porter un coup fatal à la solution à deux États

LONDRES: Il est facile de ne pas voir l'entrée du musée du Gush Katif, coincée entre deux immeubles d'habitation dans une rue secondaire banale de Jérusalem.

Depuis son ouverture en 2008, le musée a été un lieu de recueillement calme et réfléchissant, un lieu de pèlerinage pour un groupe de personnes qui se disent «déracinées», c’est-à-dire les survivants d’un chapitre traumatisant de l’histoire d’Israël et des Palestiniens.

Mais depuis l'attaque du 7 octobre contre Israël par des militants du Hamas et les représailles dévastatrices infligées à Gaza par l'armée israélienne, le musée n'est plus qu'un simple détail de l'histoire.

Les blindés israéliens avancent contre les troupes égyptiennes au début de la guerre des six jours, le 5 juin 1967, près de Rafah, dans la bande de Gaza (Photo, AFP/Getty Images).

Au contraire, le musée est devenu le foyer spirituel d'un mouvement de droite de plus en plus bruyant en Israël, qui appelle non seulement à la réoccupation de Gaza par Israël, mais aussi au nettoyage ethnique de tous les Arabes du territoire.

Situé à 1,5 km à peine à l'ouest de la vieille ville de Jérusalem, le musée a été créé en août 2008 pour commémorer les 17 colonies israéliennes qui ont vu le jour à Gaza à la suite de la guerre des six jours de 1967.

À partir de 1970, les colonies agricoles, habitées principalement par des juifs orthodoxes et connues collectivement sous le nom de Gush Katif, ont occupé une étroite bande côtière s'étendant au nord de la frontière égyptienne sur environ 12 km.

Dans cette combinaison d'images prises entre 2001 et 2004, on voit des enfants israéliens (photos du haut) jouer dans la colonie de Netzarim, dans le Gush Katif, près de la bande de Gaza (Photo, AFP).

Pendant trente-cinq ans, les communautés du Gush Katif, isolées de leurs voisins palestiniens par un réseau de routes interdites aux conducteurs arabes et patrouillées par une unité spécialisée de l'armée israélienne, se sont profondément enracinées et ont prospéré. Elles ont construit des maisons, des écoles, des synagogues et des serres sur des terres dont elles pensaient qu'elles appartiendraient à Israël pour toujours.

Puis tout s'est effondré.

En 2003, Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, a annoncé son plan de «désengagement», une décision unilatérale prise alors que les négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne étaient au point mort, de retirer toutes les colonies israéliennes de Gaza.

Sur cette photo prise le 4 mai 2001, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, regarde l'épave d'une voiture qui a explosé à Rafah Yam, dans le groupe de colonies juives du Gush Katif (Photo, AFP).

Dans un discours télévisé prononcé le 15 août 2005, Sharon a décrit le retrait comme «l'étape la plus difficile et la plus douloureuse de toutes... très difficile pour moi personnellement».

Cette décision n'a pas été prise à la légère, a-t-il indiqué, «mais l'évolution de la réalité dans le pays, dans la région et dans le monde m'a obligé à réévaluer et à changer de position».

Israël «ne peut pas s'accrocher à Gaza pour toujours».

Il ne fait aucun doute que le «désengagement» a été traumatisant pour les Juifs du Gush Katif, dont plus de 8 000 ont perdu leurs maisons. Pour certains, il s'agissait d'un deuxième déplacement, puisqu'ils avaient été réinstallés dans cette région à l'invitation du gouvernement israélien après qu'Israël eut cédé la péninsule du Sinaï à l'Égypte en 1982.

Des dizaines de milliers de colons israéliens et de sympathisants de droite défilent sur une plage de Gaza, le 27 avril 2005, pour protester contre le plan de désengagement du Premier ministre, Ariel Sharon (Photo, AFP).

Les films d'actualité contemporains projetés au musée du Gush Katif montrent les évacuations forcées traumatisantes qui ont eu lieu entre le 15 et le 22 août 2005. Le film du dernier jour de l'évacuation montre des femmes et des enfants, pleurant et criant, traînés hors de leurs maisons par des soldats et des policiers israéliens.

Dans l'une des synagogues de la colonie, des hommes se réunissent pour la dernière fois, chantant des prières et pleurant. Alors même que les colonies sont abandonnées, les pelleteuses et les bulldozers entrent en action pour détruire toutes les maisons.

«Je ne pense pas que l'on soit pleinement conscient du fait que la droite religieuse en Israël a son propre calendrier et que des événements traumatisants y sont marqués», a déclaré Daniel Seidemann, avocat israélien spécialisé dans les relations israélo-palestiniennes à Jérusalem et fondateur de l'ONG Terrestrial Jerusalem.

«Le traumatisme numéro un s'est produit en 1967, lorsque Moshe Dayan (alors ministre israélien de la Défense) n'a pas imposé par la force la souveraineté israélienne sur le Mont du Temple, ce qui est considéré comme la plus grande erreur d'Israël.

Sur cette photo d'archives, des troupes israéliennes observent la vieille ville de Jérusalem, où se trouve le Dôme du Rocher (au centre) dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa (Photo, AFP).

«Mais le deuxième traumatisme le plus important pour la droite religieuse est l'expulsion du Gush Katif, un événement majeur et traumatisant pour elle.

«Il y a un désir de retour qui a été évoqué pendant des années, mais toujours par des personnes qui étaient perçues comme marginales. Aujourd'hui, il y a des gens au gouvernement qui en parlent aussi», a signalé Seidemann.

CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE LA BANDE DE GAZA

Appartenance à l'Empire ottoman du XVIe au XXe siècle.

Prise par les troupes britanniques en 1917 pendant la Seconde Guerre mondiale.

La domination britannique prend fin en 1918.

Sous le régime militaire égyptien dans les années 1950 et 1960.

Prise par Israël lors de la guerre du Moyen-Orient en 1967.

Les Palestiniens obtiennent un contrôle limité en vertu de l'accord de paix de 1993.

Israël évacue les troupes et les colons en août 2005.

En 2006, le Hamas remporte le scrutin parlementaire palestinien.

En 2007, le Hamas expulse ses rivaux politiques et devient le seul dirigeant de l’enclave.

Et ils ne se contentent pas d'en parler. Des hommes politiques de droite, dont certains font partie du cabinet du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, s'associent à des groupes de colons et appellent à la reconstruction des maisons perdues du Gush Katif, et de bien d'autres encore.

Le dimanche 28 janvier, pas moins d'une douzaine de ministres du gouvernement et 15 membres du Parlement israélien ont rejoint 3 000 personnes au Centre international des congrès de Jérusalem pour une «Conférence sur la réinstallation de Gaza», une manifestation bruyante et tapageuse à l'atmosphère nettement festive.

Des colons juifs se rassemblent lors d'une convention à Jérusalem le 28 janvier 2024, appelant Israël à reconstruire les colonies dans la bande de Gaza et la partie nord de la Cisjordanie occupée par Israël (Photo, Reuters).

Le ministre de la Sécurité de Netanyahou, Itamar Ben-Gvir, chouchou de la droite religieuse israélienne, figurait parmi les participants les plus en vue de la conférence.

L'année dernière, Ben-Gvir a conduit des colons ultranationalistes dans une série de marches provocatrices vers l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, que de nombreux extrémistes religieux juifs voudraient voir détruite pour permettre la construction d'un troisième temple juif, remplaçant les deux temples qui, selon la Bible juive, ont été détruits dans l'antiquité.

Ce sont ces marches, ainsi que l'escalade des activités des colons israéliens, qui ont été citées par le Hamas comme la dernière provocation ayant déclenché l'assaut du 7 octobre contre Israël, une opération qu'il a baptisée «Déluge d'Al-Aqsa».

Ben-Gvir n'a montré aucun remords pour ses provocations. En effet, le jour du Nouvel An, il a déclaré: «Nous devons promouvoir une solution qui encourage la migration des habitants de Gaza... une solution correcte, juste, morale et humaine.»

«Ne vous y trompez pas, nous avons des partenaires dans le monde entier qui peuvent nous aider, il y a des hommes d'État dans le monde entier auprès desquels nous pouvons promouvoir cette idée», a-t-il ajouté.

«Encourager la migration des habitants de Gaza nous permettra de ramener les habitants du Goush Katif chez eux.»

Des ministres israéliens, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, ont participé à une conférence sur la réinstallation de Gaza à Jérusalem (Photo, AFP).

Son patron, Netanyahou, semble partager ses sentiments.

Face à l'inquiétude croissante de la communauté internationale vis-à-vis de la réponse militaire disproportionnée d'Israël à Gaza depuis le 7 octobre, l'homme à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, politiquement redevable aux groupes de colons, a rejeté à plusieurs reprises les appels de ses alliés, notamment les États-Unis, à ouvrir la voie à la solution à deux États tant attendue.

La position de Netanyahou a été clairement exposée dans une déclaration publiée par son bureau le 21 janvier, le lendemain du jour où le président américain, Joe Biden, l'a une nouvelle fois exhorté publiquement à rechercher la paix en acceptant le principe de la création d'un État palestinien.

«Lors de sa conversation avec le président Biden, le Premier ministre Netanyahou a réitéré sa politique selon laquelle, une fois le Hamas détruit, Israël doit conserver le contrôle de la sécurité à Gaza afin de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël, une exigence qui contredit la demande de souveraineté palestinienne.»

Le président américain, Joe Biden (à gauche), rencontre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Tel Aviv, Israël, le 18 octobre 2023, pour discuter de la guerre entre Israël et le Hamas (Photo via l’AP).

Un retour dans le Gush Katif, aujourd'hui ouvertement proposé par certains membres du Cabinet de Netanyahou, serait compatible avec cette sombre vision de l'avenir, mais certains veulent aller beaucoup plus loin.

Dans un sondage réalisé en Israël en décembre, 68% des Israéliens ont déclaré soutenir l'idée d'une «migration volontaire» pour les citoyens arabes de Palestine. Le 25 décembre, le lendemain de la publication des résultats du sondage, Netanyahou a déclaré lors d'une réunion de sa faction du Likoud à la Knesset que son gouvernement travaillait déjà sur les moyens d'y parvenir.

«Notre problème est de trouver des pays qui sont prêts à les accueillir, et nous y travaillons», a indiqué Netanyahou selon le Jewish Press.

L'idée fait également son chemin au sein du lobby juif à l'étranger.

Le 2 janvier, un chroniqueur du Jewish Press, le plus grand hebdomadaire juif indépendant des États-Unis, autoproclamé «défenseur infatigable de l'État d'Israël», a présenté une vision sinistre des appels à la «migration volontaire».

«Il est logique qu'au lieu de s'engager dans des efforts futiles pour persuader les pays du monde d'ouvrir leurs portes à la population islamiste la plus militante de la planète, Israël devrait s'efforcer de rendre la vie à Gaza insupportable», a écrit David Israël dans une chronique profondément dérangeante.

Un Palestinien utilise un fauteuil roulant pour transporter des sacs de farine distribués par l'Office de secours et de travaux des Nations unies à Rafah, le 29 janvier 2024 (Photo, Reuters).

Il a ajouté: «L'idée d'attirer les Arabes de Gaza sur de grands bateaux de croisière qui les emmèneraient dans des endroits plus agréables est peut-être une illusion romantique, mais la fuite de milliers d'individus affamés d'un espace habitable rongé par la maladie et de plus en plus réduit finirait par faire tomber les portes barricadées du gouvernement égyptien.»

En Israël, tout le monde n'est pas à l'aise avec l'idée de réinstaller Gaza, une perspective qui a alarmé même le journal de centre-droit The Jerusalem Post. Dans un éditorial du 30 janvier, il a qualifié la conférence sur la réinstallation de Gaza de «troublante» et a condamné les appels à la réinstallation de Gaza, les qualifiant de «sources de division».

Toutefois, compte tenu du soutien d'un nombre croissant de ministres et d'autres personnes, le document conclut que «nous ne pouvons plus dire que la réinstallation de Gaza est une idée marginale qui n'a pas de mordant ou de résistance».

Des Palestiniens font leurs courses sur un marché en plein air près des ruines des maisons et des bâtiments détruits par les frappes israéliennes pendant le conflit dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 novembre 2023 (Photo, Reuters).

Omer Bartov, professeur d'études sur l'Holocauste et les génocides au Watson Institute for International and Public Affairs de l'université Brown à Providence (Rhode Island), met en garde contre l'utilisation d'euphémismes dans la situation actuelle.

«En parlant d'une réoccupation de Gaza et du retrait “volontaire” des Palestiniens, Ben-Gvir et ses partisans parlent en fait du nettoyage ethnique de Gaza, puis de sa colonisation par les Juifs», a-t-il révélé.

«Ils sont tout à fait ouverts à ce sujet. Il n'y a rien de volontaire là-dedans.»

Si cela se produisait, a-t-il signalé, «cela signifierait tout d'abord que l'ensemble de l'opération des Forces de défense israéliennes (FDI) à Gaza serait considéré comme un déplacement forcé de population, ce qui constitue un crime de guerre et un crime contre l'humanité en vertu du droit humanitaire international».

Cela pourrait également «constituer une violation de la Convention sur le génocide, car elle pourrait être présentée comme la destruction intentionnelle d'une partie du peuple palestinien vivant à Gaza. Cela mettrait Israël directement dans le collimateur de la Cour internationale de justice».

Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).

Bartov doute toutefois que «les radicaux du Cabinet israélien parviennent à faire passer cette mesure. Je ne pense pas qu'il y aura un nettoyage ethnique, mais je prévois une crise politique majeure en Israël.

«Cette décision ne peut être canalisée dans une direction positive que par une pression massive des États-Unis et de leurs alliés, notamment le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, puis par un accord régional avec les États arabes, notamment l'Arabie saoudite, pour normaliser les relations avec Israël à la condition de créer un État palestinien indépendant, éventuellement démilitarisé», a-t-il souligné.

Dans le musée du Gush Katif, parmi les objets exposés, la place d'honneur revient à une menorah, le candélabre traditionnel allumé à l'occasion de la fête juive de Hanukkah. Elle a été sauvée de la synagogue de Netzarim, la dernière des colonies de Gaza à avoir été évacuée, et un nombre croissant d'Israéliens aimeraient la voir restituée à ce qu'ils estiment être sa place légitime.

Le 1er octobre 1996, plus de 20 000 manifestants du mouvement «La paix maintenant» se sont rassemblés à Tel-Aviv pour réclamer la poursuite des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens (Photo, AFP).

Dans un film projeté au musée, Rivka Goldschmidt, l'une des «déracinées» du Gush Katif, parle de ses espoirs pour l'avenir.

«Il se pourrait que nos enfants puissent retourner dans le Gush Katif, ce qui serait un grand réconfort», affirme-t-elle.

«Je ne sais pas si cela arrivera, ni quand cela arrivera, mais au fond de moi, c'est une aspiration parce qu'il y avait là quelque chose de grand et d'extraordinaire, construit par des gens honnêtes», a-t-elle ajouté.

Le Gush Katif, «a été évacué sans raison et il se pourrait que nos enfants, voire nos petits-enfants, y retournent un jour», estime-t-elle.

Si Netanyahou et les ministres de droite de son Cabinet parviennent à leurs fins, ce jour pourrait arriver plus tôt que prévu.

Si cela se produit, les perspectives d'une solution à deux États et de la paix pour laquelle tant de Palestiniens et d'Israéliens ont prié pendant si longtemps seront probablement réduites à néant pour les générations à venir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban : le Hezbollah accuse Israël de « centaines de violations » de la trêve

Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
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  • Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.
  • « J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, a accusé  samedi Israël de « centaines de violations » de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre et averti de nouveau que sa formation pourrait « perdre patience ».

Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.

« J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

« Nous avons fait preuve de patience à l'égard de ces violations pour donner une chance à l'État libanais, qui est responsable de cet accord, ainsi qu'aux parrains internationaux, mais il ne faut pas tester notre patience », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu stipule que l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours, soit jusqu'au 26 janvier.

Sorti affaibli de la guerre, le Hezbollah doit, lui, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.

Vendredi, M. Guterres, qui s'est rendu auprès des Casques bleus dans le sud, a affirmé que l'« occupation » de cette région par Israël et ses opérations militaires devaient « cesser ».

Il a révélé que les soldats de maintien de la paix avaient découvert « plus de 100 caches d'armes appartenant au Hezbollah ou à d'autres groupes armés depuis le 27 novembre », jour de l'entrée en vigueur de la trêve.

Le chef du Hezbollah, qui avait des réserves sur la nomination de M. Salam, un juriste international respecté, a averti que « personne ne peut nous exclure de la participation politique effective dans le pays ».


Gaza : le cessez-le-feu est prévu pour entrer en vigueur dimanche à 06 h 30 GMT

Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
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  • « Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, le porte-parole qatari .
  • « Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

DOHA : Le cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Gaza entrera en vigueur dimanche à 04 h 30 GMT, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur.

« Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.

« Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé mercredi par le Qatar et les États-Unis, autre pays médiateur, prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En échange, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, qui a précisé que leur libération n'interviendrait pas avant 16 heures dimanche (14 heures GMT).


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.