Prix de l'alimentation: Fin des négociations entre fabricants et distributeurs, dans un contexte inflammable

Chaque année, des négociations commerciales ont lieu entre les entreprises agroalimentaires et leurs clients supermarchés (Photo, AFP).
Chaque année, des négociations commerciales ont lieu entre les entreprises agroalimentaires et leurs clients supermarchés (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 01 février 2024

Prix de l'alimentation: Fin des négociations entre fabricants et distributeurs, dans un contexte inflammable

  • La crise agricole pousse l'État à être particulièrement attentif à ces discussions entre fabricants et commerçants de produits de grande consommation
  • Les négociations se terminent habituellement le 1er mars mais ont été avancées cette année par le gouvernement qui espérait ainsi que soient répercutées plus vite dans les rayons les baisses de prix de gros de certaines denrées

PARIS: Les négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels sur les prix en rayons s'achèvent mercredi soir dans une ambiance encore tendue par le mouvement de colère des agriculteurs inquiets pour leurs revenus.

La crise agricole pousse l'État à être particulièrement attentif à ces discussions entre fabricants et commerçants de produits de grande consommation.

Lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale mardi, Gabriel Attal a mentionné la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), dont les inspecteurs s'assurent que les contrats que doivent signer avant mercredi minuit la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels respectent le cadre légal.

"Dès la semaine dernière, 100 inspecteurs de la DGCCRF supplémentaires ont commencé leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu'auparavant", a-t-il notamment déclaré.

Solidaires CCRF & SCL, premier syndicat au sein de ce service dépendant du ministère de l'Économie, a relativisé l'ampleur de ces contrôles lundi en rappelant que la DGCCRF avait perdu 1.000 agents (de 3.656 agents en 2007 à 2.624 fin 2021, selon lui) en 15 ans et qu'un peu plus d'une centaine d'agents devaient contrôler "plusieurs dizaines de milliers d'opérateurs", dont plus de 17.000 agro-industriels.

Chaque année, des négociations commerciales ont lieu entre les entreprises agroalimentaires (du petit producteur de charcuterie aux géants Unilever, Nestlé ou Coca-Cola) et leurs clients supermarchés (E.Leclerc, Carrefour, Intermarché ou Système U). Ils doivent s'accorder sur les conditions de vente d'une large part des produits vendus en grandes surfaces le reste de l'année.

Sont ainsi décidés le prix d'achat par les supermarchés aux fabricants, la place attribuée aux produits en rayon et un éventuel calendrier promotionnel...

Négociations avancées cette année

Les négociations se terminent habituellement le 1er mars mais ont été avancées cette année par le gouvernement qui espérait ainsi que soient répercutées plus vite dans les rayons les baisses de prix de gros de certaines denrées.

La situation reste "compliquée" entre les parties à quelques heures de la fin des négociations "parce qu'il y a moins de temps", a estimé mercredi en début de soirée Jean-Philippe André, président de la principale organisation représentative des agro-industriels, l'Ania.

"Le contexte a beaucoup changé en l'espace de quatre ou cinq mois", a-t-il ajouté: en juillet, la priorité était de "baisser" les prix mais depuis une semaine, c'est "respecter les matières premières agricoles".

Les professionnels ont averti qu'il ne fallait pas s'attendre à des baisses de prix massives ou généralisées, alors que le panier des Français en grande surface leur coûte en moyenne 20% plus cher qu'il y a deux ans. Il semble très improbable que les baisses de tarifs soient d'une ampleur comparable à ces hausses.

"Personne ne connaît encore le résultat" des négociations et seulement un tiers des contrats ont été signés à date, a indiqué mercredi sur France Info Richard Pancquiault, le directeur général de l'Ilec qui porte en France la voix des très grands industriels. Il attend "des baisses", mais "la majorité des produits sera en légère hausse".

"On va aboutir à 2 ou 3% de hausse" de tarifs en moyenne à l'issue des discussions avec les gros fournisseurs, a de son côté estimé Jacques Creyssel, délégué général de la FCD qui représente la grande distribution, mercredi matin sur Radio Classique.

Jean-Philippe André de l'Ania prédit, lui, qu'on aura "plutôt une tendance à une déflation" avec des prix baissant d'environ 1%.

Les éventuelles estimations moyennes de hausse (ou baisse) de tarif ne permettent pas de présumer du niveau d'inflation dans les rayons des grandes surfaces, puisque ce sont les distributeurs qui fixent le prix facturé aux consommateurs, en rognant plus ou moins sur leurs marges.

Il sera peut-être compliqué de se réjouir de baisses de prix en plein mouvement de colère des professionnels de l'agriculture. Certaines organisations, à commencer par la FNSEA, ont reproché au gouvernement de trop se concentrer sur la lutte contre la flambée des prix dans les rayons des supermarchés, plutôt qu'à la préservation du revenu des agriculteurs.

Ce dernier est pourtant théoriquement mieux protégé par plusieurs lois adoptées ces dernières années, à condition que les autorités soient en mesure de détecter, contrôler et mettre à l'amende d'éventuels manquements.


Le débat sur « Être français » est organisé par le CESE, comme l'a confié Bayrou

Le Premier ministre français François Bayrou s'adresse à la session plénière du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 1er avril 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'adresse à la session plénière du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 1er avril 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
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  • François Bayrou avait souhaité lancer des « conventions citoyennes décentralisées » au premier semestre pour débattre de cette question sensible, relative à l'identité nationale et à l'immigration.
  • « Ce débat ne s'adresse pas seulement, comme on le croit parfois, à ceux qui nous rejoignent. Il s'adresse aussi à nos enfants, à ceux qui naissent parmi nous.

PARIS : François Bayrou a annoncé mardi qu'il confierait l'organisation du débat sur « qu'est-ce qu'être français » au Conseil économique, social et environnemental (Cese), dont les instances régionales seront un « point d'appui ».

« Ce débat, je serais heureux que votre Conseil accepte de l'organiser en tenant parti de l'expertise qu'il a acquise grâce aux conventions citoyennes », a affirmé le Premier ministre devant le Cese, où il a décliné les quatre chantiers sur lesquels il entend travailler ces prochaines semaines : l'éducation, la santé, la simplification et la dette.

François Bayrou avait souhaité lancer des « conventions citoyennes décentralisées » au premier semestre pour débattre de cette question sensible, relative à l'identité nationale et à l'immigration.

« Ce débat ne s'adresse pas seulement, comme on le croit parfois, à ceux qui nous rejoignent. Il s'adresse aussi à nos enfants, à ceux qui naissent parmi nous. À quels projets adhèrent-ils lorsqu'ils grandissent ? Et qu'est-ce que nous partageons avec eux de ce projet ? », a développé le chef du gouvernement.

« Ma conviction, c'est qu'il ne s'agit pas d'une simple question d'identité, mais de l'adhésion à un projet national unique fondé sur la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité. À laquelle je pense qu'il convient d'y ajouter aussi la laïcité, dont je crois qu'elle est au fond un visage essentiel de notre conception particulière de la fraternité », a ajouté François Bayrou.

Le Premier ministre avait lancé l'idée de ce débat au lendemain de l'adoption par les députés d'une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte.

Son ministre de la Justice, Gérald Darmanin, avait estimé à cet égard que « le débat public doit s'ouvrir sur le droit du sol dans notre pays » et qu'il faut sur le sujet une réforme de la Constitution. Une idée à laquelle la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, s'était montrée défavorable.


France: l'Assemblée s'apprête à légiférer contre le narcotrafic

Les députés français devraient adopter mardi une proposition de loi pour « sortir la France du piège du narcotrafic », après sept jours de vifs débats sur ce texte clé de la politique de sécurité du gouvernement. (Photo AFP)
Les députés français devraient adopter mardi une proposition de loi pour « sortir la France du piège du narcotrafic », après sept jours de vifs débats sur ce texte clé de la politique de sécurité du gouvernement. (Photo AFP)
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  • Le chiffre d'affaires du trafic de drogue est estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros par an en France.
  • Le narcotrafic continue de monter en puissance dans le pays, où les violences liées à ce phénomène ont fait 110 morts et 341 blessés en 2024, selon les chiffres officiels.

PARIS : Les députés français devraient adopter mardi une proposition de loi pour « sortir la France du piège du narcotrafic », après sept jours de vifs débats sur ce texte clé de la politique de sécurité du gouvernement.

Le chiffre d'affaires du trafic de drogue est estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros par an en France.

Le narcotrafic continue de monter en puissance dans le pays, où les violences liées à ce phénomène ont fait 110 morts et 341 blessés en 2024, selon les chiffres officiels.

Si l'ensemble des groupes se sont accordés sur les objectifs face à un fléau qui a largement débordé les métropoles, ils se sont souvent affrontés sur l'impact des mesures envisagées sur les libertés publiques et les droits de la défense, ainsi que sur leur efficacité.

Peu de dispositions font finalement consensus, comme la création d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), au cœur du texte, ou la mise en place d'un régime plus attractif pour les « repentis ».

Face aux trafiquants, « nous ne sommes pas dans un combat à armes égales », avait défendu le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui, avec son collègue de la Justice Gérald Darmanin, a soutenu ce texte d'origine parlementaire.

Une fois la proposition de loi adoptée, le gouvernement devrait convoquer une commission mixte paritaire permettant aux sénateurs et députés de s'accorder sur une version commune du texte. Son adoption définitive est prévue le 28 avril au Sénat et le 29 à l'Assemblée.

La France insoumise (gauche) a déjà annoncé qu'elle voterait contre, estimant que le texte ne permettrait pas de sortir la France du narcotrafic. C'est ce qu'a déclaré auprès de l'AFP le député LFI Antoine Léaument.

Les autres groupes de gauche devraient chacun décider de leur vote mardi matin.

Introduite à la veille du débat en commission à l'Assemblée, la création d'un nouveau régime de détention pour les gros trafiquants a occupé de longues heures de débats.

Les députés ont par ailleurs rétabli en séance la création du « dossier coffre » ou « procès-verbal distinct », une mesure destinée à protéger les enquêteurs et informateurs, mais jugée par les avocats pénalistes et la gauche attentatoire aux droits de la défense.

Également rétablis en séance, grâce au soutien de l'extrême droite à la coalition gouvernementale et dans un hémicycle souvent très clairsemé : la possibilité de prolonger jusqu'à 120 heures la garde à vue des « mules », qui transportent la drogue, ou celle d'activer à distance des objets connectés pour espionner des suspects à leur insu.


La condamnation de Marine Le Pen « n'est pas une décision politique », affirme le procureur général

La présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, arrive au palais de justice de Paris pour le verdict de son procès pour soupçon de détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
La présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, arrive au palais de justice de Paris pour le verdict de son procès pour soupçon de détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
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  • « La justice n'est pas politique. Cette décision n'est pas une décision politique, mais judiciaire. Elle a été rendue par trois juges indépendants et impartiaux », a déclaré mardi l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz.
  • Cette décision du tribunal de Paris « a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a aussi affirmé le procureur général près la Cour de cassation sur la radio RTL.

PARIS : « La justice n'est pas politique. Cette décision n'est pas une décision politique, mais judiciaire. Elle a été rendue par trois juges indépendants et impartiaux », a déclaré mardi l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz, en réaction aux critiques contre la condamnation de la veille de la cheffe de file de l'extrême droite, Marine Le Pen.

Cette décision du tribunal de Paris « a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a aussi affirmé le procureur général près la Cour de cassation sur la radio RTL, qualifiant « d'inadmissibles » les « attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l'objet de poursuites pénales ».

Les termes utilisés par Marine Le Pen la veille sur la chaîne de télévision TF1 sont « totalement excessifs ». « La décision a été rendue au terme d'un procès qui a tout d'un procès équitable, à la suite d'un débat contradictoire qui a duré deux mois et d'une instruction qui a duré des années », a réagi le magistrat.

« L'État de droit a été totalement violé » par « une décision politique », avait estimé Marine Le Pen lundi soir sur TF1.

Cette décision a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a insisté Rémy Heitz. Les juges ont appliqué la loi et les peines prévues par celle-ci.

Le haut magistrat a qualifié « d'inadmissibles » les « attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l'objet de poursuites pénales », se disant « choqué » que la présidente du tribunal qui a rendu la décision soit placée sous protection.

Selon l'AFP, la magistrate bénéficie d'une protection, notamment de rondes autour de son domicile, après avoir reçu des menaces.

« C'est totalement anormal que l'on s'en prenne à un magistrat », a jugé Rémy Heitz, appelant à « dépassionner les choses », à « la mesure et à la sérénité » : « laissons la justice faire son travail en toute indépendance ».

Concernant le procès en appel, il a précisé que la question de savoir s'il pouvait se tenir avant la présidentielle de 2027 relevait de la cour d'appel de Paris. « Techniquement, c'est probablement possible. C'est à examiner, à voir en fonction du calendrier judiciaire », a-t-il déclaré, ajoutant que les dates seraient connues « probablement assez vite ».

Le tribunal a condamné Mme Le Pen pour détournement de fonds publics, ayant établi qu'il y avait bien eu un « système » mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des « économies » à son parti, le Rassemblement national (RN), en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant en réalité pour le RN.