À Paris, le squat du Petit Cambodge agite la majorité

President of the French association Life for Paris Arthur Denouveaux, Paris Mayor Anne Hidalgo, French Prime Minister Jean Castex and Philippe Duperron, president of the association "13onze15, Fraternite et Verite" which represents the victims of the Paris attacks, pay tribute outside Le Carillon bar and Le Petit Cambodge restaurant on November 13, 2020 in Paris, during ceremonies across Paris marking the fifth anniversary of the terror attacks of November 2015 in which 130 people were killed. (Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP)
President of the French association Life for Paris Arthur Denouveaux, Paris Mayor Anne Hidalgo, French Prime Minister Jean Castex and Philippe Duperron, president of the association "13onze15, Fraternite et Verite" which represents the victims of the Paris attacks, pay tribute outside Le Carillon bar and Le Petit Cambodge restaurant on November 13, 2020 in Paris, during ceremonies across Paris marking the fifth anniversary of the terror attacks of November 2015 in which 130 people were killed. (Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP)
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Publié le Lundi 04 janvier 2021

À Paris, le squat du Petit Cambodge agite la majorité

  • Ces derniers mois, le ton est monté à plusieurs reprises entre la maire socialiste Anne Hidalgo et ses alliés Verts sur l'affaire Christophe Girard
  • L'affaire du Petit Cambodge, où quinze personnes ont été tuées dans les attentats de novembre 2015, offre aujourd'hui un nouvel angle d'attaque à l'opposition de droite

PARIS : « La cible est particulièrement mal choisie ». Si la mairie de Paris dénonce dans l'ensemble l'occupation par des squatteurs d'un local du restaurant le Petit Cambodge, frappé par les attentats de 2015, l'opposition y voit une nouvelle ligne de fracture entre socialistes et écologistes.

Ces derniers mois, le ton est monté à plusieurs reprises entre la maire socialiste Anne Hidalgo et ses alliés Verts sur l'affaire Christophe Girard, les questions de laïcité ou le rapport à la République.

L'affaire du Petit Cambodge, où quinze personnes ont été tuées dans les attentats de novembre 2015, offre aujourd'hui un nouvel angle d'attaque à l'opposition de droite. Depuis la mi-novembre, des locaux dans lesquels le restaurant du Xe arrondissement envisage d'ouvrir une annexe sont occupés par un collectif militant qui y héberge des sans-abris et des personnes isolées.

Ce collectif déplore que le local soit abandonné depuis cinq ans et dit lutter contre la « gentrification » du quartier au profit de « spéculateurs », de la plateforme AirBnb ou de « restaurants de luxe et bobo ».

Ils ont « changé les serrures, badigeonné les murs » et « organisé des apéros » en pleine crise de la Covid-19, regrettent les propriétaires du Petit Cambodge qui ont saisi la justice.

Les occupants sauront lundi prochain s'ils sont expulsés. En attendant, ils ont organisé mardi soir, après l'audience devant le tribunal judiciaire de Paris, un concert ambulant contre la gentrification et en soutien au squat, à l'invitation du collectif d'associations « l'Arche-lesRévolté.e.s de la place Sainte-Marthe ». Une vingtaine de personnes ont été verbalisées par la police qui a ensuite dispersé la manifestation.

La polémique s'est déportée sur le terrain politique après que l'adjoint écologiste à la mairie du 14e arrondissement de Paris, Guillaume Durand a dit en début de semaine sur le plateau de LCI soutenir « la méthode du squat ». La secrétaire d'Etat à l'Economie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire (LREM) y a aussitôt vu une « honte », tandis qu'Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines a interpellé Anne Hidalgo pour qu'elle clarifie la « ligne » de la majorité.

Mais c'est surtout la droite qui s'est emparée du sujet pour tenter d'enfoncer un nouveau coin entre socialistes et écologistes à Paris.

« Très choquant »

« Considérer que la propriété privée n'est pas un droit fondamental » fait partie des « vraies problématiques » entre les groupes « socialiste » et « écologiste » de la mairie, assure ainsi à l'AFP Nelly Garnier, conseillère LR de Paris proche de Rachida Dati. La sénatrice LR Valérie Boyer dénonce, elle sur Twitter, « la complicité » de « la gauche aphone » face à « EELV qui cautionne ce vandalisme et incite au squat ».

La droite pointe également la discrétion d'Anne Hidalgo qui s'est contentée de retweeter des messages condamnant l'occupation. La maire PS du Xe arrondissement Alexandra Cordebard se veut plus ferme auprès de l'AFP en fustigeant un squat « illégal » et "très choquant" quant au symbole, alors que le nom du restaurant est devenu synonyme des attaques djihadistes qui ont fait 130 morts dans la capitale et à Saint-Denis en 2015.

Mais, assure-t-elle, il n'y a pas pour autant matière à « créer » un sujet politique au sein de la majorité qui a « beaucoup à faire ensemble » pour « mettre en place le programme » commun.

La tête d'affiche des Verts à Paris, David Belliard, prône devant l'AFP « qu'une solution soit créée » qui permette à chacun de « sortir par le haut ». Mais il considère aussi « légitime et normal » le débat et regrette que personne ne s'émeuve que « pendant cinq ans », un local a été laissé « inoccupé » dans un quartier marqué par « la détresse sociale » et « qui a tant besoin » des associations.

Pour un autre partenaire de la majorité, le communiste Ian Brossat, « la cible » du Petit Cambodge est pourtant « particulièrement mal choisie », explique-t-il à l'AFP, du fait de « la charge symbolique » et parce que s'en prendre aux restaurateurs « dans la période actuelle est complètement aberrant ».

« Je ne vois pas » « en quoi cette initiative permet de lutter contre la gentrification », explique l'élu pour qui « le meilleur moyen de lutter » sont les logements sociaux auxquels « les écologistes » « se sont opposés » à plusieurs reprises.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.