ALGER: Le photojournaliste gazaoui Motaz Azaiza a récemment été interviewé par Al Jazeerapour un entretien sur son expérience difficile dans la bande de Gaza.
À la question: «Qu’en est-il de vos rêves, les rêves que vous aviez avant la guerre, ont-ils changé ?», le photojournaliste répond que toutes ses aspirations antérieures ont perdu leur attrait.
Il souligne que, autrefois, son grand rêve était l'acquisition «d'une nouvelle caméra ou de voyager», des ambitions aujourd'hui reléguées «à l'indifférence».
Pour lui, une vie normale semble impossible après les expériences vécues et les pertes de proches.
«Les cafés, les plages où je passais du temps avec mes amis, tout a été détruit.»
Il explique que le poids de la culpabilité persiste, que ce soit en buvant de l'eau potable ou en s'installant confortablement sur un canapé. «Je me sens coupable, je n’entends plus de drones menaçants au-dessus de ma tête qui essaient de me tuer, je ne vois plus de membres humains éparpillés après des bombardements israéliens», confie-t-il.
Il ajoute également qu’il aspire à une existence où son peuple pourrait vivre sans subir ces destructions, et son esprit demeure focalisé sur le jour où Gaza «reviendra à la vie».
Le photojournaliste @motaz_azaiza, qui a récemment quitté la bande de Gaza, déclare se sentir «coupable» de se trouver dans un endroit sûr lorsqu'il pense aux nombreux Palestiniens toujours piégés au milieu des bombardements israéliens.
M. Azaiza, qui a accumulé des millions d’abonnés en documentant l'impact continu de la guerre à Gaza, a annoncé la semaine dernière qu'il devait être évacué de la région pour des raisons de sécurité.
Motaz Azaiza a précisé dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu’il porterait pour la dernière fois son gilet de sécurité étiqueté «Presse», car il a pris la décision de quitter Gaza et de se mettre en sécurité au Qatar.
Il déclare qu’il espère pouvoir revenir bientôt pour «aider Gaza». Dans un message écrit, il indique que le public connaît certaines des raisons pour lesquelles il doit quitter Gaza, «mais pas toutes».
Le photojournaliste de 24 ans a documenté les bombardements, les interventions chirurgicales d'urgence sur les victimes des frappes aériennes, la faim et la pauvreté à Gaza depuis qu'Israël a déclaré la guerre à la région désormais assiégée.
Il a gagné plus de 18 millions d’abonnés sur Instagram, car lui ainsi que d’autres journalistes indépendants de la bande de Gaza, qui couvrent les événements via les réseaux sociaux, sont devenus des sources d’information vitales pour ceux qui veulent savoir ce qui s’y passe.
Il y a six jours, M. Azaiza a publié un reportage vidéo sur Instagram, dans lequel il déclarait que tous les journalistes qu'il connaissait à Gaza et ayant été exposés aux drones avaient «été tués».
Traumatisme
Depuis qu'il a été évacué, le jeune homme, apparemment affecté par le syndrome post-traumatique, multiplie les entretiens pour sensibiliser le monde aux atrocités perpétrées par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, semblant mettre de côté sa propre santé mentale.
Il explique souffrir d’un sentiment de culpabilité, ce qui est commun à de nombreux survivants de guerres.
Le syndrome du survivant englobe les sentiments de culpabilité éprouvés par une personne qui se reproche d'être en vie alors qu'une autre a péri. Il est difficile de se sentir heureux d'être en vie sachant que d'autres n'ont pas connu le même sort.