BELFAST, Royaume-Uni : La fin du blocage politique qui dure depuis deux ans semble en vue en Irlande du Nord, où le principal parti unioniste, qui boycottait les institutions locales, est parvenu à un accord avec Londres sur les règles post-Brexit.
S'il aboutit, ce compromis -dont le contenu reste inconnu- marquerait la fin d'une crise qui a profondément affecté les services publics de la province et excédait la population. Il conduirait à l'arrivée à la tête du gouvernement local d'une figure issue d'un parti favorable à une réunification de l'Irlande, tournant historique dans la province britannique au passé sanglant.
Le Democratic Unionist Party (DUP) s'était retiré en février 2022 de l'exécutif et du parlement nord-irlandais, Stormont, pour protester contre les nouvelles règles commerciales instaurées entre Bruxelles et Londres, qui selon lui menaçaient la place de la province au sein du Royaume-Uni.
Après des mois de négociations et à l'issue d'un vote interne, le chef du parti Jeffrey Donaldson a annoncé dans la nuit de lundi à mardi que le DUP était prêt à participer au redémarrage de Stormont grâce à des concessions présentées par Londres.
Leur détail ne sera dévoilé que mercredi mais l'accord contient «des mesures qui sont bonnes pour l'Irlande du Nord et qui rétabliront notre place au sein du Royaume-Uni et de son marché intérieur», a défendu Jeffrey Donaldson.
Il a notamment affirmé qu'il n'y aurait plus pour les marchandises restant au sein du Royaume-Uni «de contrôles physiques» sauf, comme dans tout le reste pays, en cas de suspicion de fraude.
- «Beaucoup de travail» -
L'absence de Parlement et d'exécutif locaux, compétents sur de nombreux sujets comme l'éducation ou la santé, perturbent fortement les services publics dans la province, une situation aggravée par la crise du coût de la vie.
Début janvier, des dizaines de milliers de fonctionnaires se sont mis en grève pour réclamer de meilleures rémunérations.
Une fois l'accord adopté au Parlement britannique, l'assemblée locale nord-irlandaise devra se réunir pour élire un président, et nommer le Premier ministre du futur gouvernement local.
Il devrait s'agir de Michelle O'Neill, vice-présidente du Sinn Fein, grand vainqueur des dernières élections locales, une première dans la province.
«Nous avons beaucoup de travail devant nous», a-t-elle déclaré mardi.
«Nous avons hâte maintenant de faire avancer les choses», s'est aussi réjoui la cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, venue de Dublin.
Le DUP s'opposait notamment à l'accord conclu l'an dernier entre Londres et Bruxelles - baptisé «Cadre de Windsor» - qui définissait des règles pour éviter qu'une frontière ne sépare la province et la République d'Irlande, comme le prévoient les accords de paix ayant mis fin à trente années de violence sur l'île.
Selon le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord Chris Heaton-Harris, l'accord trouvé mardi ne nécessitera pas de renégociation avec Bruxelles.
Un porte-parole de la Commission européenne a toutefois affirmé que l'institution «suit de près» la situation et «examinera ce texte».
Soucieux que l'accord n'ait «pas de conséquences négatives» sur le «Cadre de Windsor» ou l'accord de paix de 1998, le Premier ministre irlandais Leo Vardadkar s'est entretenu avec Rishi Sunak lors d'un appel qu'il a qualifié de «bon».
Tous deux espèrent que l'accord «ouvre la voie» à un retour des institutions nord-irlandaises et des rencontres ministérielles nord-sud, selon le compte-rendu de leur échange publié par Dublin.
Le patronat nord-irlandais s'est aussi réjoui, jugeant que le blocage des institutions «a sans aucun doute freiné l'économie locale».
La cheffe du parti nord-irlandais Alliance, troisième forme politique de la province, Naomi Long, a regretté deux années «perdues» et a appelé à une réforme des institutions pour éviter «un autre effondrement» du gouvernement à l'avenir.