WASHINGTON: Joe Biden est-il trop faible face à l'Iran? C'est en tout cas ce que martèlent lundi les adversaires du président démocrate, qui brigue un second mandat, en le pressant de répliquer durement à la mort de trois soldats américains en Jordanie.
Le démocrate "n'a que des coups à prendre", analyse Colin Clarke, directeur de recherches au Soufan Center, un cercle de réflexion basé à New York.
La Maison Blanche a attribué l'attaque au drone, dirigée contre une base dans le nord-est de la Jordanie, à des groupes pro-Iran.
Joe Biden a promis que l'Amérique "répondrait", et la riposte sera "conséquente", a assuré lundi un porte-parole de l'exécutif, John Kirby.
Le même a toutefois rejeté avec virulence l'idée selon laquelle la campagne électorale dicterait la conduite du président américain.
Joe Biden "ne regarde pas les sondages ou le calendrier électoral lorsqu'il travaille pour protéger nos troupes (...) Il serait insultant d'insinuer le contraire", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
Joe Biden n'a guère d'autre choix que de répliquer, selon Colin Clarke, sous peine d'être "débordé en pleine année électorale par les républicains, qui pourraient dire que sous Biden, des militaires meurent et qu'il n'y a pas de réponse forte, alors que Trump, lui, a éliminé (le général Qassem) Soleimani", ancien architecte de la stratégie militaire iranienne, visé par une frappe américaine en janvier 2020.
«Faible»
L'ancien président républicain, grand favori de la primaire de son parti et probable rival de Joe Biden à l'élection de novembre, s'est déjà emparé de l'affaire.
Il a qualifié son adversaire démocrate de 81 ans de "faible", et assuré que cette attaque ne serait "jamais" arrivée sous son mandat.
Le républicain de 77 ans tient là une occasion de soutenir son récit de campagne: il se présente comme un homme fort providentiel, capable d'assurer la sécurité de l'Amérique par sa seule autorité, sans se mêler des conflits qui agitent le monde.
Sans réponse forte contre l'Iran, "Joe Biden confirmerait qu'il est un lâche, indigne d'être le commandant en chef" des forces armées, s'est emporté le sénateur républicain de l'Arkansas, Tom Cotton.
Mais en ripostant, Joe Biden risque de s'aliéner la frange progressiste du parti démocrate, or "il ne peut pas se permettre de perdre trop de voix, à un moment où il est déjà à la peine avec les jeunes et ceux qui lui reprochent de faire un chèque en blanc à Israël" dans sa guerre contre le Hamas, souligne Colin Clarke.
Les critiques de la droite sur la politique iranienne jugée complaisante de Joe Biden ne sont pas nouvelles, mais le conflit dans la bande de Gaza, déclenché par l'attaque du groupe palestinien soutenu par Téhéran, les a relancées.
Afghanistan
"La stratégie de dissuasion (de l'administration Biden) a lamentablement échoué. Il y a eu plus de 100 attaques contre des troupes américaines dans la région" depuis le 7 octobre, a constaté un influent sénateur républicain, Lindsay Graham.
Mais aucune de ces attaques n'avait fait de victimes.
Ce n'est pas la première fois que le mandat de Joe Biden est secoué par la mort de militaires américains.
Le 26 août 2021, sur fond de retrait chaotique des troupes d'Afghanistan, 173 personnes, dont 13 militaires américains, avaient été tués dans un attentat à proximité de l'aéroport de Kaboul.
C'est à ce moment que pour la première fois, les courbes de popularité de Joe Biden s'étaient inversées, les opinions défavorables prenant le pas sur les avis favorables. Le mécontentement s'est ensuite confirmé, nourri par une très forte inflation, et le président affiche aujourd’hui une cote de confiance anémique.
Le démocrate avait justifié le départ d'Afghanistan par la volonté de ne plus risquer la vie de soldats américains.
C'était là l'une des grandes promesses de sa précédente campagne présidentielle: dans un discours de politique étrangère en juillet 2019, le candidat Biden avait promis que, s'il était élu, il mettrait fin aux "guerres sans fin (de l'Amérique) en Afghanistan et au Moyen-Orient."