La justice française «dans les starting-blocks» pour les JO-2024

Les anneaux olympiques sur l'esplanade du Trocadéro près de la Tour Eiffel à Paris (Photo, AFP).
Les anneaux olympiques sur l'esplanade du Trocadéro près de la Tour Eiffel à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 janvier 2024

La justice française «dans les starting-blocks» pour les JO-2024

  • Du fait de la localisation des épreuves et des infrastructures olympiques, ces deux dernières juridictions seront en première ligne pour les JO
  • Y sont listés les besoins en effectifs de son parquet pour chaque journée des Jeux olympiques et paralympiques

PARIS: Magistrats sur le pont en masse, audiences supplémentaires, consignes de fermeté pénale: à six mois de la compétition, la justice s'échauffe par précaution pour un possible marathon judiciaire lors des Jeux olympiques de Paris l'été prochain.

"Nous ne savons pas ce qui va arriver, nous sommes en permanence dans l'anticipation", confie à l'AFP la procureure générale de Paris, Marie-Suzanne Le Quéau, dans son bureau de l'île de la Cité. "C'est très compliqué à l'heure actuelle de dire s'il y aura une explosion de la délinquance. Et si délinquance il y a, ce que sera cette délinquance".

Y aura-t-il plus de vols, "car il y aura des gens avec peut-être des signes extérieurs de richesse ? Est-ce qu'on sera confrontés à des manifestations qui seraient susceptibles de dégénérer comme on l'a connu à d'autres moments ? Des attaques de nos systèmes d'information ?", s'interroge la haute magistrate, supérieure hiérarchique des parquets de six départements, dont Paris et la Seine-Saint-Denis.

Du fait de la localisation des épreuves et des infrastructures olympiques, ces deux dernières juridictions seront en première ligne pour les JO (26 juillet-11 août), bien qu'au total quatorze tribunaux dépendant de neuf cours d'appel soient concernés sur tout le territoire français.

Besoin en effectif 

De l'autre côté du périphérique parisien, au tribunal de Bobigny, la préparation des JO se traduit pour le procureur de Seine-Saint-Denis Eric Mathais par un tableau incompréhensible au profane où se croisent d'innombrables colonnes, lignes et points.

Y sont listés les besoins en effectifs de son parquet pour chaque journée des Jeux olympiques et paralympiques.

"Avec ce tableau, nous nous sommes rendu compte que les lundis sont nos journées les plus difficiles. Les journées du 29 juillet et du 4 août, il faut par exemple 46 magistrats disponibles alors que nous sommes à un effectif de 61", détaille à l'AFP le procureur, qui compte notamment dans son ressort le Stade de France et le village des athlètes.

Pour toute la durée des Jeux, le nombre de magistrats de permanence sera augmenté dans la juridiction, qui a reçu des renforts pour l'occasion. Un parquetier sera présent en continu au Stade de France pour les épreuves sportives, par vacations d'une demi-journée.

«Rayonnement de la France»

Dans ce tribunal notoirement saturé par les affaires courantes, des audiences supplémentaires se tiendront à partir de mi-mars, pour écluser au maximum le stock de procédures présentes dans le circuit de la comparution immédiate avant la cérémonie d'ouverture des Jeux.

"L'idée est d'avoir des audiences vierges, de ne pas avoir un fond de dossiers qui pourrait impacter notre capacité de poursuites", explique le procureur adjoint Sébastien Piffeteau, référent JO au parquet de Bobigny.

En cas d'afflux massif d'affaires, une troisième chambre de comparutions immédiates pourra siéger dans le tribunal, contre deux habituellement. Car là où la police de Seine-Saint-Denis a, en temps normal, les moyens de mener 100 gardes à vue par jour, ses capacités seront portées à 200 par jour durant les Jeux.

Pour coordonner l'action judiciaire durant cette compétition qui mettra la France sous les feux des projecteurs du monde entier, le ministère de la Justice a adressé mi-janvier une circulaire aux procureurs pour définir les grands axes de la politique pénale pendant l'événement.

Le texte du Garde des Sceaux détaille par exemple la marche à suivre en matière de lutte contre la fraude ou contre le dopage, d'attentat ou de cyberattaque.

Il incite aussi à une vigilance particulière envers les infractions "commises à raison de l'orientation sexuelle, d'une religion ou de toute autre cause de discrimination".

La Chancellerie demande également au ministère public d'apporter les "réponses pénales les plus fermes" aux "troubles graves" susceptibles de perturber les JO ou d'assombrir l'image de la France sur la scène internationale.

"Nous sommes dans nos starting-blocks, organisés et pleinement engagés pour que ce soit une réussite. L'action de la justice est destinée à permettre également que les Jeux soient vraiment une fête et contribuent au rayonnement de la France", déclare Marie-Suzanne Le Quéau.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".