«Matriochka», la nouvelle campagne de désinformation anti-ukrainienne à destination des médias occidentaux

Cette campagne semble survenir dans le sillage d’une autre, appelée "Doppelganger" qui a consisté ces derniers mois à diffuser des infox anti-Ukraine via des visuels usurpant l’identité de médias occidentaux (Photo, AFP).
Cette campagne semble survenir dans le sillage d’une autre, appelée "Doppelganger" qui a consisté ces derniers mois à diffuser des infox anti-Ukraine via des visuels usurpant l’identité de médias occidentaux (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 27 janvier 2024

«Matriochka», la nouvelle campagne de désinformation anti-ukrainienne à destination des médias occidentaux

  • Ces publications mettent toujours en cause des Ukrainiens et cherchent à attiser l'idée d'une lassitude des Européens et des Américains à l'égard de Kiev.
  • La plupart de ces visuels ont été partagés pour la première fois par des internautes russes

PARIS: "Vérifiez cette information, s'il vous plaît" : depuis septembre, la désinformation en ligne attribuée à la Russie ne consiste plus seulement à relayer des infox anti-ukrainiennes mais aussi à interpeller directement les médias occidentaux pour les inciter à les vérifier. Une vaste "entreprise de diversion" à destination des journalistes, alertent les experts.

Ce mode opératoire a été surnommé l’opération "Matriochka" ou "poupées russes" par le collectif “Antibot4Navalny” qui traque les opérations d’influence en lien avec la Russie sur X.

Une internaute, "Käthe", commente par exemple sur X le 4 décembre une publication de BFM pour demander à la chaîne de vérifier une vidéo qui ressemble à un reportage de la télévision allemande Deutsche Welle affirmant qu’un "artiste ukrainien a scié la Tour Eiffel". "Je vois ce genre d'informations tous les jours. Les médias officiels n'en parlent pas, que dois-je croire?", interroge-t-elle.

En quelques heures, ce profil interpelle de la même façon des dizaines de médias français comme Le Progrès, Paris Match, Mediapart, Le Point, Franceinfo, Le Figaro, RFI, Le Parisien... Le compte reste ensuite inactif jusqu'au 20 décembre : il diffuse alors un graffiti de Zelensky caricaturé en SDF à Los Angeles, un visuel qu'un autre compte demandera à son tour à des médias de vérifier, et ainsi de suite.

Les données fournies par "Antibot4Navalny" et sur lesquelles l’AFP a enquêté permettent de documenter l’existence de dizaines voire de centaines de profils usant de cette stratégie d’interpellation massive des médias. Il s’agit pour la plupart de comptes laissés à l’abandon par leur propriétaire puis piratés. Signe que ces comptes ont été pris en main par des "bots", les publications se succèdent parfois au rythme d’une par minute, pour mieux inonder les réseaux.

L’analyse de l’AFP a révélé aussi que comptes qui demandent aux médias de vérifier des infox vont eux-mêmes en diffuser quelque temps plus tard.

Vols dans les catacombes de Paris par un Ukrainien, détournements d'aides militaires à l'Ukraine, graffitis de Zelensky tronqués ou inventés et fausses publicités sur Times Square : ces publications mettent toujours en cause des Ukrainiens et cherchent à attiser l'idée d'une lassitude des Européens et des Américains à l'égard de Kiev.

La plupart de ces visuels ont été partagés pour la première fois par des internautes russes, notamment sur le réseau social Telegram et sur des blogs d’actualité, comme le montrent les recherches de l’AFP.

Cette campagne semble survenir dans le sillage d’une autre, appelée "Doppelganger" qui a consisté ces derniers mois à diffuser des infox anti-Ukraine via des visuels usurpant l’identité de médias occidentaux, une campagne clairement attribuée à la Russie par les services de renseignements français, relèvent les experts interrogés par l’AFP.

«Entreprise de diversion»

David Chavalarias, mathématicien en sciences sociales et directeur de recherche au CNRS, voit dans cette campagne une "entreprise de diversion à destination des fact-checkeurs" afin de les "occuper sur des sujets grossiers, difficiles à vérifier". Pour le chercheur, cette opération peut également viser à donner de la visibilité à ces infox en les utilisant comme relais, à leur insu.

"L'objectif semble être de capter l'attention des fact-checkers pour contourner leur travail et avoir des effets tactiques et à plus long terme sur des points du récit sur ce conflit en cours" en testant la viralité de certains contenus, complète Julien Nocetti, ajoutant que "les Russes apprennent". "Et il y a une sorte d'agilité à tester différentes méthodes".

Auprès de l’AFP, une source sécuritaire française confie ne "pas être étonnée" par cette nouvelle opération puisque "les Russes cherchent à avoir de la visibilité, ils veulent qu’on parle d’eux en bien ou en mal".

«Bataille de récits»

Les visuels anti-ukrainiens utilisés dans le cadre de "Matriochka" ont également été promus sur différents réseaux sociaux par les mêmes bots que ceux qui faisaient partie de la campagne Doppelgänger.

En décembre 2023, un rapport d’Insikt Group, entité de la société de renseignement Recorded Future, indiquait que la campagne Doppelgänger était toujours très active sur les réseaux sociaux avec au moins 800 bots consacrés à la promotion de faux articles usurpant l’identité de médias ukrainiens.

D'ailleurs, selon la presse allemande vendredi,  l'Allemagne a identifié une vaste "campagne de désinformation pro-russe" utilisant des milliers de faux comptes X (ex-Twitter) publiant des messages néfastes pour l'Ukraine, en utilisant des visuels de médias allemands.

"L’Ukraine reste le pays le plus souvent visé par la manipulation de l’information - et ce n’est pas par hasard", déclarait mardi Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne lors d’une conférence de presse sur la désinformation et l’ingérence étrangère, évoquant une “bataille de récits”.

"La sécurité n’est plus seulement une question d’armes, c’est une question d’information", concluait-il.


Des Iraniens dans la rue pour dénoncer les frappes israéliennes au Liban et à Gaza

Des Iraniens brandissent leur drapeau national ainsi que des drapeaux palestiniens et du Hezbollah libanais lors d'une manifestation anti-israélienne à Téhéran, le 27 septembre 2024. (AFP)
Des Iraniens brandissent leur drapeau national ainsi que des drapeaux palestiniens et du Hezbollah libanais lors d'une manifestation anti-israélienne à Téhéran, le 27 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Des milliers d'Iraniens ont défilé vendredi à Téhéran et à travers le pays pour condamner les frappes israéliennes contre le Liban et Gaza
  • Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes iraniennes, notamment à Semnan (est), Qom et Kashan (centre), Kermanshah (ouest), Chiraz et Bandar Abbas (sud), d'après les images de la télévision d'Eta

TEHERAN: Des milliers d'Iraniens ont défilé vendredi à Téhéran et à travers le pays pour condamner les frappes israéliennes contre le Liban et Gaza, selon un vidéaste de l'AFP et des images des médias d'Etat.

Mercredi, le pouvoir avait appelé à manifester "en soutien au Hezbollah du Liban" et pour "condamner les crimes barbares du régime sioniste en Palestine", selon l'agence officielle Irna.

Le mouvement armé libanais fait partie de ce que l'Iran appelle l'"axe de la résistance" contre Israël -- ennemi juré de la République islamique -- qui regroupe les mouvements soutenus par l'Iran dans la région, comme le Hamas palestinien, le Hezbollah, les rebelles houthis au Yémen ou encore des groupes irakiens.

A Téhéran, un rassemblement a eu lieu après la grande prière du vendredi autour de la place d'Enghelab située dans le centre de la capitale, a constaté un vidéaste de l'AFP.

Les manifestants brandissaient des portraits du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que des drapeaux du groupe libanais et celui de la Palestine.

"Israël est détruit, le Liban est victorieux" et "un bain de sang au Liban", ont scandé les manifestants.

Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes iraniennes, notamment à Semnan (est), Qom et Kashan (centre), Kermanshah (ouest), Chiraz et Bandar Abbas (sud), d'après les images de la télévision d'Etat.

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023 entre Israël et le Hamas, le Hezbollah soutient le mouvement islamiste palestinien en tirant quasi quotidiennement des missiles sur le nord d'Israël, qui réplique.

Ces derniers jours, d'intenses frappes israéliennes visent les bastions du mouvement chiite dans le sud et l'est du Liban ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth ayant fait au moins 700 morts selon les autorités libanaises.

Depuis des semaines, l'Iran et ses alliés régionaux menacent Israël depuis l'assassinat fin juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, qu'ils imputent à Israël, et celui de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.


Keir Starmer bientôt à Bruxelles pour relancer les relations entre Londres et l'UE

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'un entretien avec les médias alors qu'il assiste à la 79e Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2024, à New York. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'un entretien avec les médias alors qu'il assiste à la 79e Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2024, à New York. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mercredi soir une rencontre "la semaine prochaine" avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
  • Lors d'une réunion de travail fin juillet avec plus de 40 dirigeants européens, M. Starmer avait affirmé vouloir "saisir l'occasion pour renouveler (la) relation avec l'Europe", après les frictions avec les précédents gouvernements conservateurs

LONDRES: Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mercredi soir une rencontre "la semaine prochaine" avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, afin de relancer les relations entre le Royaume-Uni et le continent, près de cinq ans après le Brexit.

"Je veux relancer notre relation avec l'UE et faire en sorte que le Brexit soit bénéfique pour le peuple britannique", a écrit le dirigeant travailliste sur son compte X, se disant "impatient" de cette rencontre à Bruxelles.

Lors d'une réunion de travail fin juillet avec plus de 40 dirigeants européens, M. Starmer avait affirmé vouloir "saisir l'occasion pour renouveler (la) relation avec l'Europe", après les frictions avec les précédents gouvernements conservateurs.

Bruxelles a récemment proposé d'ouvrir des négociations pour relancer la mobilité des jeunes entre l'UE et le Royaume-Uni, qui permettrait aux 18-30 ans de rester jusqu'à quatre ans dans leur pays de destination.

La proposition avait été enterrée par le précédent gouvernement conservateur. Keir Starmer est pour sa part réticent à toute proposition qui pourrait être considérée comme une réintroduction de la libre circulation.


Liban: Etats-Unis, France et d'autres appellent à un cessez-le-feu de 21 jours

Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche. (AFP)
Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche. (AFP)
Short Url
  • "Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours sur la frontière entre le Liban et Israël pour donner une chance à la diplomatie"
  • Dans un communiqué commun séparé, publié après leur rencontre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron précisent avoir "travaillé ensemble ces derniers jours"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche.

"Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours sur la frontière entre le Liban et Israël pour donner une chance à la diplomatie" en lien avec la situation au Liban et à Gaza, précise la déclaration signée par les Etats-Unis, la France, l'UE, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar.

"Il est temps de conclure un accord diplomatique pour permettre aux civils des deux côtés de la frontière de rentrer chez eux en toute sécurité", est-il ajouté.

Dans un communiqué commun séparé, publié après leur rencontre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron précisent avoir "travaillé ensemble ces derniers jours" pour parvenir à cet appel conjoint pour un cessez-le-feu temporaire, désormais rejoints par d'autres pays.

"Nous appelons à une approbation large et un soutien immédiat des gouvernements d'Israël et du Liban", ont-ils déclaré.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait le premier évoqué cette proposition plus tôt dans la journée lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Liban.

Lors d'un échange avec des journalistes, un haut responsable américain a immédiatement salué sous le couvert de l'anonymat une "percée importante", ajoutant espérer que cet appel permette aussi de "stimuler" les discussions pour une trêve et une libération des otages dans la bande de Gaza.