LA HAYE: La plus haute juridiction de l'ONU a annoncé mercredi qu'elle rendrait vendredi sa décision sur des mesures urgentes réclamées par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" des Palestiniens dans la bande de Gaza.
La Cour internationale de Justice (CIJ) pourrait potentiellement ordonner à Israël d'arrêter sa campagne militaire à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre.
Vendredi 26 janvier, à 13H00 (12H00 GMT), la CIJ "rendra son ordonnance sur la demande en indication de mesures conservatoires présentée par l’Afrique du Sud", au Palais de la Paix, son siège à La Haye, a-t-elle annoncé dans un communiqué.
L'Afrique du Sud a saisi le mois dernier en urgence la juridiction, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l'Holocauste.
Pretoria souhaite que la CIJ émette des "mesures provisoires", des ordonnances d'urgence pour protéger les Palestiniens de Gaza contre d'éventuelles violations de la convention.
Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre pays, sont juridiquement contraignantes et sans appel. Cependant, elle n'a aucun moyen pour les faire appliquer. Elle a, par exemple, ordonné à la Russie de suspendre son invasion de l'Ukraine.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déjà laissé entendre qu'il ne se sentirait pas obligé de suivre une ordonnance de la CIJ.
"Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'Axe du Mal, ni personne d'autre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse le 14 janvier.
La cour ne statuera que sur la demande de mesures d'urgence de l'Afrique du Sud, et non sur la question fondamentale de savoir si Israël commet réellement un génocide – ceci pourrait prendre des années.
Mais une décision de la CIJ contre Israël augmenterait certainement la pression politique sur le pays et pourrait servir de prétexte à des sanctions.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a lancé une attaque sans précédent le 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
Israël a répondu par une campagne militaire incessante qui a tué au moins 25,700 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas à Gaza.
«Actes génocidaires»
L'Afrique du Sud peut poursuivre Israël devant la CIJ puisque les deux pays ont signé la Convention sur le génocide.
Lors d'audiences mi-janvier, Pretoria a reconnu le "poids particulier de la responsabilité" d'accuser Israël de génocide.
Mais les avocats de l'Afrique du Sud ont affirmé que la campagne de bombardements d'Israël visait à "la destruction de la vie des Palestiniens" et avait poussé le peuple "au bord de la famine".
"Les génocides ne sont jamais déclarés à l'avance, mais cette cour bénéficie des 13 dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d'intention qui justifie une allégation plausible d'actes génocidaires", a déclaré l'avocate Adila Hassim.
Israël a rétorqué qu'il ne cherchait pas à détruire le peuple palestinien et a rejeté les accusations sud-africaines comme un "tableau factuel et juridique totalement dénaturé" des événements à Gaza.
"Israël est engagé dans une guerre de défense contre le Hamas, pas contre le peuple palestinien", a déclaré l'avocat Tal Becker.
Dans ces circonstances, "il ne saurait y avoir une accusation plus fausse ou plus malveillante que l'accusation de génocide contre Israël", a-t-il encore déclaré.
La décision de la CIJ est considérée comme un test important pour la justice internationale et sera scruté de près dans le monde entier, de nombreux pays ayant déjà pris parti pour l'une des deux parties.
Les États-Unis ont déjà rejeté la requête de l'Afrique du Sud et l'Allemagne a déclaré qu'elle interviendrait en tant que tierce partie aux côtés d'Israël lorsque la juridiction examinera l'affaire de génocide sur le fond.
La déclaration de Berlin a suscité une critique cinglante de la part de la Namibie, pays d'Afrique australe et ex-colonie allemande, selon laquelle Pretoria a porté une accusation "moralement juste".
Le président namibien Hage Geingob a dénoncé "l'incapacité de l'Allemagne à tirer les leçons de sa terrible histoire".