Présidentielle russe: Le seul opposant en lice espère le «début de la fin de Poutine»

Boris Nadejdine, seul opposant à l'offensive en Ukraine à tenter de faire enregistrer sa candidature à la présidentielle russe de mars (Photo, AFP).
Boris Nadejdine, seul opposant à l'offensive en Ukraine à tenter de faire enregistrer sa candidature à la présidentielle russe de mars (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 janvier 2024

Présidentielle russe: Le seul opposant en lice espère le «début de la fin de Poutine»

  • Peu connu du grand public, ce vétéran de la vie politique a suscité un engouement inattendu ces derniers jours
  • Il ne se fait guère d'illusions, tant la réélection de Poutine, au pouvoir depuis 2000, semble évidente.

DOLGOPROUDNY: Boris Nadejdine, seul opposant à l'offensive en Ukraine à tenter de faire enregistrer sa candidature à la présidentielle russe de mars, a dit mercredi à l'AFP espérer que l'élection marquera le "début de la fin" pour Vladimir Poutine.

Peu connu du grand public, ce vétéran de la vie politique a suscité un engouement inattendu ces derniers jours.

Des dizaines de milliers de Russes se sont mobilisés pour signer la pétition nécessaire à l'enregistrement de sa candidature en vue du scrutin qui se déroulera sur trois jours, du 15 au 17 mars.

Il ne se fait guère d'illusions, tant la réélection de Poutine, au pouvoir depuis 2000, semble évidente.

"Je sais bien que ce sera dur de battre Poutine le 17 mars de cette année. La force est de son côté, le système sécuritaire est de son côté, et un nombre important de gens qui n'ont jamais vu autre chose que Poutine à la télé sont de son côté", dit cet homme de 60 ans, aux bouc et cheveux gris coupés ras.

"Mais j'espère que le 17 mars marquera peut-être la fin, le début de la fin de l'époque Poutine", ajoute-t-il, recevant l'AFP dans son modeste domicile, au deuxième étage d'un immeuble soviétique des années 1980, à Dolgoproudny, petite cité à vingt kilomètres de Moscou, où il est élu local.

Occasion unique

"Si Poutine gagne et que je suis deuxième, le pays deviendra complètement différent (...) car je serai quelqu'un soutenu par des dizaines de millions de gens", espère encore l'opposant, qui raconte s'être lancé dans la course en octobre parce qu'aucune figure plus connue que lui n'a sauté le pas.

Selon lui, si quelque 120.000 Russes ont signé sa pétition de soutien, c'est qu'une large frange de la population veut du changement.

Et signer en faveur de sa candidature est un moyen légal de protester dans un pays où une répression sans merci s'abat sur les détracteurs du Kremlin, en particulier depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine il y a deux ans.

"Je suis le seul candidat encore en lice qui critique systématiquement la politique du président Poutine et qui est favorable à la fin de l'opération militaire spéciale", dit-il, utilisant l'euphémisme de rigueur pour évoquer l'offensive en Ukraine, les termes "guerre" et "invasion" étant passibles de prison.

"Ma candidature donne aux gens une occasion unique de protester légalement contre la politique actuelle", relève l'ancien conseiller de Boris Nemtsov, opposant assassiné en 2015. "Je ne m'attendais pas un tel soutien, imaginez le soutien que j'aurais si on me laissait parler à la télévision !"

"Je pense que ce serait la seule vraie raison pour laquelle les autorités pourront tenter de ne pas m'enregistrer" comme candidat, ajoute celui qui dit connaître Vladimir Poutine depuis 1997 et s'opposer à lui depuis 2003 et l'arrestation de l'ex-oligarque et opposant Mikhaïl Khodorkovski.

Le «cauchemar»

M. Nadejdine a jusqu'au 31 janvier pour remettre au moins 100.000 paraphes de soutien à la Commission électorale, mais celle-ci peut rejeter sa candidature si elle estime ces listes de soutiens erronées ou falsifiées.

S'agissant de l'Ukraine, l'opposant qualifie de "cauchemar" l'offensive russe, y voyant une "décision personnelle" d'un Poutine qui "concentre trop de pouvoir".

L'opposant assure qu'en tant que président il arrêterait le conflit, négocierait une solution avec Kiev comme avec les Occidentaux, mettrait fin à la "militarisation" de la Russie et libérerait "tous les prisonniers politiques".

Il ne s'avance cependant pas sur l'avenir des territoires ukrainiens, environ 20% du pays, dont Poutine a revendiqué l'annexion.

"Je participe aux élections pour faire de la Russie un pays pacifique et libre, un pays où les gens ne sont pas emprisonnés pour leurs convictions (...) un pays qui n'essaie pas d'agrandir son territoire avec son armée", a-t-il martelé.

Boris Nadejdine dit ne pas avoir confiance dans le système électoral, mais relève que plus les citoyens voteront, plus le résultat sera difficile à falsifier.

"Je ne connais pas d'autre bon moyen que des élections pour changer un pays, changer le pouvoir", dit-il, jugeant que "les révolutions (...) les coups d'Etat, c'est pire".

Interrogé sur la raison pour laquelle il n'a pas été ciblé par la machine répressive russe, M. Nadejdine dit ne pas savoir, mais suppose que le Kremlin ne le voit pas comme une menace.

"Je pense qu'ils savent qui je suis, et apparemment ne me considèrent pas comme une terrible menace. Mais je ne peux que supposer", dit-il.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.