En confiance, Poutine promet une Russie qui «  va de l'avant  » et la victoire en Ukraine

La Russie "va de l'avant": Vladimir Poutine, ragaillardi par les difficultés de l'Ukraine, a affiché jeudi sa confiance en une victoire lors d'une séance de questions-réponses, une semaine après avoir annoncé son intention de rester au Kremlin. (AFP).
La Russie "va de l'avant": Vladimir Poutine, ragaillardi par les difficultés de l'Ukraine, a affiché jeudi sa confiance en une victoire lors d'une séance de questions-réponses, une semaine après avoir annoncé son intention de rester au Kremlin. (AFP).
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Publié le Jeudi 14 décembre 2023

En confiance, Poutine promet une Russie qui «  va de l'avant  » et la victoire en Ukraine

  • Sur l'Ukraine, il a clairement signifié, après près de deux ans de combats meurtriers, que ses objectifs étaient inchangés
  • Le président Vladimir Poutine a par ailleurs qualifié jeudi de "catastrophique" la situation dans la bande de Gaza

MOSCOU: La Russie "va de l'avant": Vladimir Poutine, ragaillardi par les difficultés de l'Ukraine, a affiché jeudi sa confiance en une victoire lors d'une séance de questions-réponses, une semaine après avoir annoncé son intention de rester au Kremlin.

Confiant qu'en 2024 le temps jouera en sa faveur en Ukraine et que les revers de son armée en 2022 appartiennent au passé, le président russe a repris cet exercice, répondant aux questions de la presse et des citoyens, auquel il avait renoncé l'année dernière.

Interrogé sur les assauts menés par l'armée russe depuis la fin de la contre-offensive avortée des Ukrainiens, le président russe a affiché sa satisfaction.

"Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions", a-t-il affirmé.

Intraitable sur ses objectifs

Sur l'Ukraine, il a clairement signifié, après près de deux ans de combats meurtriers, que ses objectifs étaient inchangés : chasser le pouvoir actuel, qu'il qualifie de nazi, et détruire les capacités militaires de son voisin pro-occidental pour lui imposer une neutralité.

"Je vous rappelle ce dont nous avons parlé: la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, son statut de neutralité", a-t-il déclaré, ajoutant que la solution "sera négociée ou obtenue par la force".

Interrogé sur la résistance de l'économie aux sanctions, il s'est montré tout aussi confiant.

Son pays dispose d'une "marge de sécurité suffisante" du fait de la "forte consolidation de la société russe", la "stabilité du système financier et économique du pays" et de "l'augmentation des capacités militaires" de Moscou.

Cette marge est "suffisante non seulement pour se sentir en confiance, mais aussi pour aller de l'avant".

M. Poutine répond depuis la mi-journée à Moscou aux questions, triées par le Kremlin, de journalistes et de citoyens pour faire le "bilan de l'année".

D'ordinaire il a deux rendez-vous de ce type par an: l'un avec la presse, l'autre avec ses compatriotes. Cette fois-ci les exercices ont été fusionnés et l'an passé ils avaient été annulés, les troupes russes essuyant des revers et l'économie souffrant sous les sanctions.

La guerre à Gaza est une «  catastrophe » incomparable avec l'Ukraine

Le président Vladimir Poutine a qualifié jeudi de "catastrophique" la situation dans la bande de Gaza, pilonnée par l'armée israélienne dans le cadre de son offensive contre le Hamas, estimant qu'elle ne pouvait être comparée à celle en Ukraine.

"Ce qui se passe est une catastrophe", a déclaré,lors de sa grande conférence de presse télévisée M. Poutine, dont le pays a lancé en février 2022 un assaut d'ampleur contre l'Ukraine.

"Regardez l'opération militaire spéciale (en Ukraine) et regardez ce qui se passe à Gaza et voyez la différence. Il n'y a rien de tel en Ukraine", a assuré le président russe.

La Russie bombarde régulièrement les villes ukrainiennes, faisant des morts et des blessés selon les autorités ukrainiennes.

 

Attaques de drones

A présent, M. Poutine, qui a annoncé la semaine dernière son intention de rester au Kremlin à l'occasion de la présidentielle de mars 2024, affiche son optimisme.

Sur le front, la contre-offensive estivale ukrainienne a échoué et les forces de Moscou ont repris l'initiative, grignotant du terrain depuis plusieurs semaines.

L'armée russe a lancé dans la seule nuit de mercredi à jeudi 42 drones contre le sud ukrainien. L'Ukraine a dit en avoir abattu 41, mais l'ampleur de l'attaque illustre la pression militaire croissante qu'exerce Moscou.

Mardi, c'est la capitale ukrainienne qui avait été visée par dix missiles qui, selon les autorités ukrainiennes, ont tous été neutralisés en vol. Mais les débris ont fait une cinquantaine de blessés en retombant, le bilan le plus lourd à Kiev depuis des mois.

L'armée ukrainienne a de son côté lancé neuf drones explosifs en direction de la Russie dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon le ministère russe de la Défense, tous ont été abattus.

Poutine peut également sa satisfaire de voir les soutiens occidentaux de l'Ukraine se quereller sur la poursuite de leur aide militaire et sur les perspectives d'adhésion de l'Ukraine à l'UE.

Malgré les tentatives de l'Occident de l'isoler, Vladimir Poutine a entamé un retour sur la scène internationale avec de récents voyages aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, où il a été reçu avec les honneurs, nonobstant le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale à son encontre.

Après quelques turbulences, l'économie russe semble pour le moment absorber le choc des sanctions, même si leurs effets à plus long terme peuvent être dévastateurs.

Le président russe a souligné attendre à une croissance du PIB de 3,5% cette année: "Cela signifie que nous avons rattrapé notre retard et que nous avons fait un grand pas en avant".

Moscou continue dans l'immédiat de vendre ses hydrocarbures, engrangeant suffisamment de revenus pour financer l'effort de guerre et orienter l'économie sur la production d'armements et de munitions.

2 million de doléances

Selon la télévision russe, plus de 2 millions de questions ont été envoyées à Vladimir Poutine pour l'émission de jeudi, couvrant le conflit en Ukraine mais aussi des problèmes de la vie quotidienne.

Il devrait donc détailler aussi ses ambitions pour un nouveau mandat, jusqu'en 2030 année de ses 78 ans. Faute de véritable opposition, méthodiquement éradiquée par le Kremlin, sa victoire en mars 2024 paraît évidente.

Son principal détracteur, le militant anticorruption emprisonné Alexeï Navalny, est d'ailleurs introuvable depuis plus d'une semaine. Cela pourrait signifier son transfert vers une colonie pénitentiaire aux conditions de détention encore plus rudes, où il devra purger sa peine de 19 ans de prison pour "extrémisme".


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.