Uniformes et tenues uniques à l'école, un débat récurrent en France

Les élèves d'un collège de l'île française de La Réunion doivent être les premiers mardi à tester la «tenue unique», qui va être expérimentée dans une centaine de villes en France en vue d'une éventuelle généralisation en 2026. (AFP)
Les élèves d'un collège de l'île française de La Réunion doivent être les premiers mardi à tester la «tenue unique», qui va être expérimentée dans une centaine de villes en France en vue d'une éventuelle généralisation en 2026. (AFP)
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Publié le Mardi 23 janvier 2024

Uniformes et tenues uniques à l'école, un débat récurrent en France

  • Pour une historienne de l'éducation, le débat sur l'uniforme a émergé "dès que les discours nostalgiques sur l'école se sont multipliés, au moment de la massification scolaire dans les années 1970"
  • Les uniformes scolaires n'ont jamais été obligatoires dans les écoles publiques en France métropolitaine. Il est donc impropre d'appeler à "un retour de l'uniforme"

PARIS: Les élèves d'un collège de l'île française de La Réunion doivent être les premiers mardi à tester la "tenue unique", qui va être expérimentée dans une centaine de villes en France en vue d'une éventuelle généralisation en 2026.

Ce sujet est un serpent de mer dans les débats sur l'éducation en France, où l'uniforme n'a jamais été obligatoire dans les écoles publiques, y compris au XXe siècle.

D'où vient ce débat? 

Pour l'historienne de l'éducation Laurence De Cock, le débat sur l'uniforme a émergé "dès que les discours nostalgiques sur l'école se sont multipliés, au moment de la massification scolaire dans les années 1970".

"Au nom d'un fantasmé +c'était mieux avant+, on a vu apparaître une succession de poncifs sur l’école de Jules Ferry dont la plupart sont historiquement erronés: le respect du maître, le niveau qui baisse... et le fameux uniforme", rappelait-elle en septembre à l'AFP.

Xavier Darcos, ministre de l'Education de 2007 à 2009, avait vanté l'uniforme anglais, "facteur d'intégration". L'Assemblée nationale a rejeté en janvier 2023 une proposition de loi du RN pour le rendre obligatoire dans les écoles et collèges publics.

Après des polémiques sur l'abaya, longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes, finalement strictement interdite à la rentrée 2023, le sujet de la "tenue unique" a fait son retour. Et le gouvernement s'est alors emparé de ce débat qui était "jusque là l'apanage d'une droite très conservatrice", dixit Laurence De Cock.

Emmanuel Macron, après s'y être dit favorable en septembre, a ainsi enfoncé le clou la semaine dernière: dans une série de mesures portant sur l'école, le président français a indiqué que la tenue unique serait expérimentée cette année dans une centaine d'établissements scolaires volontaires, pour être généralisée en 2026 si les résultats sont concluants.

Les uniformes ont-ils déjà été obligatoires? 

Les uniformes scolaires n'ont jamais été obligatoires dans les écoles publiques en France métropolitaine. Il est donc impropre d'appeler à "un retour de l'uniforme".

"Les lois qui structurent l'école primaire à la fin du XIXe siècle, notamment les +lois Ferry+ de 1881 et 1882, n'imposent aucune obligation vestimentaire pour les élèves", rappelle Aude Le Guennec, anthropologue du vêtement à la Glasgow School of Art.

Les enfants ont cependant souvent porté la blouse - chacun apportant la sienne - pour éviter les taches d'encre, relève l'historien de l'éducation Claude Lelièvre, dans son livre "L'école d'aujourd'hui à la lumière de l'histoire". La blouse disparait dans les années 1960 avec le développement du stylo à bille.

Les uniformes ou la blouse d'uniforme, précise-t-il, étaient plutôt portés dans des établissements privés ou des établissements publics sélectifs comme signe de distinction.

Concernant les lycées, à la création de cette institution en 1802 par Napoléon Bonaparte, les élèves internes portent un uniforme (ils ne sont alors que très peu à accéder à ces établissements), un usage qui décline à la fin du XIXe siècle et "est abandonné dans l’entre-deux-guerres", selon Aude Le Guennec. L'habitude n'a ensuite perduré que dans quelques établissements.

Qu'en est-il aujourd'hui? 

L'uniforme est porté notamment dans des pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Australie, Irlande), asiatiques (Japon, Thaïlande, Corée du Sud), ou encore l'Inde.

Il l'est rarement en France - dans les lycées militaires ou les maisons d'éducation de la Légion d'honneur par exemple.

Des établissements privés imposent en revanche un code vestimentaire assez strict. Le collège Stanislas à Paris, dans l'actualité ces derniers jours, rend par exemple obligatoire le port de chaussures de ville en cuir et interdit certains vêtements, comme les hauts à "messages ou motifs ostentatoires". Le tablier bleu marine y est obligatoire en primaire.

Outre-mer, le port de l'uniforme est plus répandu, en Martinique, Guadeloupe, Guyane ou Nouvelle-Calédonie, y compris dans des établissements publics. Un tiers des établissements publics de Martinique l'imposent par exemple.

Les établissements peuvent exiger une tenue scolaire en modifiant leur règlement intérieur.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.