Attal prépare «un programme de souffrance générale», selon LFI

Manuel Bompard, coordinateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI) et député (Photo, AFP).
Manuel Bompard, coordinateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI) et député (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 23 janvier 2024

Attal prépare «un programme de souffrance générale», selon LFI

  • «On a eu plutôt le sentiment qu'on se prépare à un programme de souffrance générale»
  • M. Attal a refusé devant eux de commenter les polémiques qui se succèdent impliquant sa ministre de l'Education nationale et des Sports

PARIS: Gabriel Attal prépare en lieu et place de sa déclaration de politique générale "un programme de souffrance générale", a estimé lundi le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre.

"Le Premier ministre (Gabriel Attal) prétendait nous recevoir pour préparer un discours de politique générale. On a eu plutôt le sentiment qu'on se prépare à un programme de souffrance générale", a déclaré le député LFI aux côtés de la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot.

"Ce qui est à l'ordre du jour au 1er février de cette année, c'est une immense explosion du coût de la vie", a ajouté le responsable insoumis, en citant notamment la hausse de 10% des prix réglementés de l'électricité, l'augmentation des prix des péages, ainsi que celle envisagée des franchises sur les médicaments.

"Je ne suis pas sûre que nous ayons rencontré le Premier ministre, mais le porte-parole du président (Emmanuel Macron), qui nous a annoncé d'abord un immense coût de la vie", a abondé Mme Panot.

Responsabilité politique 

Selon elle, le chef du gouvernement ne veut "pas revenir" sur l'augmentation de 9,8% des prix de l'électricité, ni mettre en place un "encadrement des marges" réalisées par les grandes surfaces ou des "prix planchers" pour les agriculteurs, qui manifestent actuellement contre les charges financières et les normes environnementales.

M. Attal doit recevoir leurs représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs à Matignon à 18H00.

Le chef du gouvernement n'a "pas semblé prendre la mesure de la responsabilité de sa politique dans cette inquiétude" des agriculteurs, ont estimé les responsables LFI, qui ont promis "d'aller à la rencontre" des agriculteurs pour leur présenter notamment leur proposition de loi sur les "prix planchers" qui avait été rejetée à l'automne.

Selon Mme Panot et M. Bompard, Gabriel Attal a par ailleurs qualifié d'"immense connerie" la caution demandée aux étudiants étrangers dans la loi sur l'immigration. "C'était l'éclair de lucidité de la rencontre", selon M. Bompard.

Mais il leur a dit que "oui", la loi serait promulguée quelle que soit la censure du Conseil constitutionnel, qui doit se prononcer jeudi sur ce texte.

M. Attal a aussi refusé devant eux de commenter les polémiques qui se succèdent impliquant sa ministre de l'Education nationale et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, ont-ils rapporté.*

Côté parti socialiste, son Premier secrétaire Olivier Faure a déploré après son entretien que Gabriel Attal soit "là pour faire du (Elisabeth) Borne en plus rapide, en plus puissant, pour accélérer le programme qui avait déjà été prévu", avec une "troisième réforme de l’assurance chômage, rien sur (les prix de) l'électricité, rien sur le pouvoir d’achat, rien que la volonté de continuer à déréguler".

"Il y a une forme de cynisme assumé chez lui, une façon de dire +écoutez, moi je suis venu de la gauche, mais au fond je cherche uniquement à droite ce qui pourrait me permettre de continuer à être Premier ministre+", a rapporté le responsable PS aux côtés des chefs de file des députés Boris Vallaud et sénateurs Patrick Kanner.

Les trois responsables ont exprimé leur "compassion" pour les agriculteurs "maltraités" mais M. Faure a jugé qu'accélérer les constructions de réserves d'eau, comme proposé par le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, n'était "pas la piste à suivre" et qu'il fallait "concilier" la question écologique et la question agricole.

"Ce n’est pas en cédant à la pression de quelques-uns qu'on résoudra la question", a-t-il dit.

Gabriel Attal poursuit cette semaine ses entretiens avec les forces politiques et les associations d'élus pour "nourrir" sa déclaration de politique générale du 30 janvier.

Il s'est également entretenu avec le président de l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard (LR), cette dernière se disant "ouverte au dialogue" avec l'exécutif.

Le Premier ministre se rendra par ailleurs mardi à l'Assemblée nationale où il participera à la réunion du groupe Renaissance ainsi qu'à la Conférence des présidents de la chambre basse du Parlement, a indiqué Matignon. La présence d'un chef du gouvernement à cette réunion des principaux chefs de file de l'Assemblée est très rare, mais pas inédite.


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Short Url
  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.