MONTFERMEIL: Mues par une colère froide, quelque 150 personnes ont marché dimanche à la mémoire de Kyllian Samathi, un trentenaire mort après avoir reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique lors de son interpellation par la police à Montfermeil (Seine-Saint-Denis).
Porteurs de t-shirts floqués du visage du défunt - souriant, sous ses dreadlocks et sa casquette - les participants à la marche blanche sont partis de la mairie de Clichy-sous-Bois pour arriver deux kilomètres plus loin devant l'épicerie de Montfermeil où s'était produit le drame le 4 janvier.
Kyllian Samathi, père de deux filles, venait de fêter ses 30 ans le 1er janvier. Né en Martinique, il avait grandi en Seine-Saint-Denis, entre Bondy, Clichy-sous-Bois et Montfermeil.
Pour une morsure
"Pour une morsure, est-ce que ça valait le coup de le tuer ? (...) Ils ont froidement tué mon fils, à l'intérieur, dans une réserve, à six !", a lancé sa mère, Guilaine Samathi, dans un discours enflammé exhortant à refuser la violence, déclamé comme un sermon évangélique, et ponctué de cris de "justice" de la part de l'assemblée.
"Notre ville ne sera pas entachée par ce qu'ils attendent de nous, cette violence (...) N'attendez pas de violence de notre part !" a-t-elle prévenu.
Le 4 janvier à 00H05, des policiers ont été appelés pour intervenir dans une épicerie de Montfermeil où un employé "présentait un comportement agressif" et "tenait des propos incohérents puis menaçants", selon le parquet de Bobigny se basant sur les procès-verbaux des forces de l'ordre.
Pour le maîtriser, six policiers ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique. Un tir de lanceur de balle de défense l'a également atteint au flanc gauche, d'après le parquet.
En arrêt cardiocirculatoire, Kyllian Samathi est tombé dans le coma avant de décéder le lendemain dans un hôpital parisien.
"On en a marre des bavures policières. On en a marre de perdre nos frères, nos pères, nos cousins. C'est tout le temps la même chose", a confié à l'AFP Gladys Loel, une amie de la victime.
Après un "Notre Père" entonné à l'unisson, le cortège s'est dispersé dans le calme, avec des appels à refuser l'émeute, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Une semaine après le décès, le parquet de Bobigny avait ouvert une information judiciaire pour déterminer une éventuelle causalité avec les circonstances de l'interpellation, notamment les multiples décharges électriques administrées.
La Ligue des droits de l'Homme a dénoncé une intervention policière "démesurée" et réclamé un "encadrement strict" du pistolet à impulsion électrique.