ANKARA: La gouverneure de la Banque centrale turque Hafize Gaye Erkan, qui a nié, est accusée dans la presse par une ex-employée de l'établissement d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de l'institution.
La gouverneure de 44 ans, première femme à ce poste et réputée pour son expertise aux Etats-Unis, avait pris ses fonctions début juin après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan.
Un bureau, une voiture de fonction et des gardes de corps auraient été accordés au père de la gouverneure, Erol Erkan aux ordres duquel "personne n'ose s'opposer", ont rapporté les journaux turcs.
"J'ai été virée sur l'ordre de son père. (...) Il y a des enregistrements vidéo le montrant qui vient tous les jours à la banque avec une voiture de fonction, donner des ordres aux employés alors qu'il n'a aucune autorité pour ça", a assuré cette semaine Busra Bozkurt, une ex-employée, au quotidien Sozcu proche de l'opposition.
Plainte
Mme Bozkurt affirme avoir été licenciée par le père de la gouverneure, Erol Erkan, qui n'occupe aucune fonction officielle au sein de la Banque, parce qu'elle a refusé de travailler en dehors de ses horaires, selon Sozcu qui publie la copie de la plainte qu'elle dit avoir adressé à la présidence turque.
"Erol Erkan s'immisce dans le travail des services administratifs et des ressources humaines (...) et leur donne des instructions directes. Le personnel travaillant à l'étage de direction subit un harcèlement moral", a affirmé un autre employé sous couvert d'anonymat, cité par DW Turkce.
Mme Erkan a rejeté ces accusations et dénoncé des "informations contraires à la réalité, délibérées et susceptibles de jeter le discrédit sur notre banque".
La gouverneure a également menacé vendredi dans un post sur "X" de déposer plainte en justice contre "les responsables de fausses informations".
Mme Erkan vivait depuis deux décennies aux Etats-Unis où elle a étudié avant de prendre ses fonctions à Ankara au sein d'une équipe d'économistes respectés, formés notamment à Wall Street, chargés de sortir la Turquie de la crise où l'inflation a atteint près de 65% en 2023.
Selon des observateurs, elle se serait attiré les foudres du président Erdogan lorsqu'elle a raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie.
Ni le chef de l'Etat ni le ministre de l'Economie, Mehmet Simsek, n'ont pour le moment commenté les allégations concernant Mme Erkan.