Macron veut une «économie de guerre» pour aider l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron (R), le ministre français des Forces armées Sébastien Lecornu et le chef d'état-major à Cherbourg (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (R), le ministre français des Forces armées Sébastien Lecornu et le chef d'état-major à Cherbourg (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 20 janvier 2024

Macron veut une «économie de guerre» pour aider l'Ukraine

  • «La France a un rendez-vous avec son industrie de défense» a insisté Emmanuel Macron
  • Le président a délivré vendredi un satisfecit à l'amélioration des cadences de production du canon Caesar

PARIS: Le président Emmanuel Macron a exhorté vendredi les industriels de défense français à accélérer le passage au "mode économie de guerre" afin de répondre plus vite aux besoins de l'Ukraine.

"Nous continuerons à aider les Ukrainiens" car "on ne peut laisser la Russie penser qu'elle peut gagner (...) Une victoire russe, c'est la fin de la sécurité européenne", a affirmé le chef de l'Etat lors de ses voeux aux armées sur la base navale de Cherbourg (Manche).

Interrogé pour sa part sur la chaîne LCI vendredi soir, le ministre des Armées Sebastien Lecornu a estimé que la Russie était "forcément responsable" de toute "escalade" et des frappes ukrainiennes sur son sol, qui se multiplient.

"S'il y a escalade, c'est condamnable, mais c'est forcément la Russie qui en est responsable. Attention à ne pas faire passer la victime pour l'agresseur", a déclaré M. Lecornu, tout en démentant que les missiles de longue portée Scalp français servent à frapper le territoire russe.

Au moment où Paris a annoncé de nouvelles livraisons d'armes et alors que le chef de l'Etat est attendu en février en Ukraine pour conclure un accord de sécurité avec Kiev, M. Macron a insisté sur une  nécessaire "économie de guerre".

"La France a un rendez-vous avec son industrie de défense, une industrie en mode économie de guerre" avec "une capacité de production plus rapide et plus forte", a insisté M. Macron.

Devant un parterre de hauts gradés et d'acteurs du secteur de la défense, il a fustigé la "forme d'engourdissement satisfait" qui avait gagné le secteur avant l'invasion de l'Ukraine.

"Je demande à chaque patron d'être totalement concentré sur les enjeux de production et d'approvisionnement. Il ne faut plus jamais se satisfaire de délais de production qui s'étalent sur plusieurs années", a martelé le président.

Paris, critiqué à l'étranger pour la faiblesse de son soutien, a multiplié cette semaine les annonces d'aide militaire à Kiev: une quarantaine de missiles longue portée Scalp supplémentaires, une cinquantaine de bombes AASM (armement air-sol modulaire) par mois pendant un an, une montée en puissance de la production d'obus de 155 mm et le financement de douze canons Caesar supplémentaires.

Le président a délivré vendredi un satisfecit à l'amélioration des cadences de production du canon Caesar, du missile Mistral, de l'avion Rafale ou des radars de Thales.

Mais "d'autres ont tardé à comprendre le changement de contexte stratégique, l'importance de pouvoir livrer vite" et "ont, depuis un an et demi, manqué parfois des contrats et je le regrette", a-t-il glissé.

Jeux olympiques et SNU

Le président est par ailleurs revenu sur le départ des derniers militaires français du Niger fin décembre, "une manoeuvre menée à la perfection" qui a mis fin à dix ans d'opération antijihadiste au Sahel des armées tricolores, poussées auparavant vers la sortie au Mali et au Burkina Faso par des juntes hostiles.

"Nous pouvons être fiers du travail fait par les armées françaises, fiers de la France et son engagement dès 2013" face à la menace jihadiste au Sahel, a-t-il assuré.

Il a également évoqué les engagements des armées dans d'autres points chauds du globe: océan Indien et Pacifique, golfe Arabo-Persique ou dans l'est de l'Europe.

Depuis que la guerre entre Israël et le Hamas a embrasé le Proche-Orient, un porte-hélicoptères, le Dixmude, reconditionné en hôpital militaire et envoyé dans les eaux égyptiennes, a soigné "plus d'un millier" de civils gazaouis blessés par les bombardements israéliens sur Gaza, a salué M. Macron.

En mer Rouge, la Marine française s'est aussi illustrée début décembre en tirant des missiles en "légitime défense" face à des attaques des rebelles yéménites Houthis.

Plusieurs pays européens menés par la France et l'Italie sont en discussion pour l'envoi d'une mission européenne dans la zone pour protéger cette voie maritime cruciale pour la sécurité économique de l'Europe.

Les armées seront également très sollicitées en 2024 pour les Jeux olympiques qui mobiliseront cet été "plus de 15.000 militaires", selon M. Macron.

Le président avait visité dans la matinée les Constructions mécaniques de Normandie, mobilisées par la commande de deux patrouilleurs dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, en hausse historique de 40% par rapport à la précédente.

Emmanuel Macron a ensuite rencontré des jeunes du service national universel (SNU). L'exécutif vise la généralisation du SNU en classe de seconde d'ici la fin du quinquennat, en 2027, de source gouvernementale.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.