DAVOS: L'Allemagne, en récession en 2023, "n'est pas un homme malade" mais simplement "un homme fatigué" qui a "besoin de café" sous forme de réformes structurelles pour relancer la croissance, a assuré vendredi à Davos son ministre des Finances Christian Lindner.
La première économie de la zone euro a ces derniers temps été décrite par beaucoup d'observateurs comme "l'homme malade de l'Europe", reprenant une expression employée à la fin des années 1990 après le contrecoup de la réunification.
Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a reculé de 0,3% en 2023, après une hausse de 1,8% en 2022, selon les données officielles.
"Je sais que certains pensent que l'Allemagne est un homme malade" a dit M. Lindner, qui s'exprimait lors d'un panel à la réunion du Forum économique mondial, qui s'achève vendredi dans les Alpes suisses.
"L'Allemagne n'est pas un homme malade", a-t-il poursuivi. "L'Allemagne, après une période très réussie depuis 2012 et ces dernières années de crise, est un homme fatigué après une courte nuit."
"Les faibles perspectives de croissance sont une alarme de réveil et nous allons prendre un bon café, c'est-à-dire faire des réformes structurelles, et puis continuer à réussir économiquement", a-t-il détaillé.
La croissance de l'activité économique allemande était l'année dernière nettement moins forte que celle observée en moyenne dans l'UE, qui se serait limitée à 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses plus fortes pour la France, l'Espagne et l'Italie.
Elle est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, mais devrait amorcer une reprise en 2024.
Le gouvernement s'attend à une croissance de 1,3% en 2024, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une progression de 0,9%.
"Nous n'avons pas les perspectives de croissance qu'on attendait mais notre économie est résiliente", a assuré M. Lindner.
Désormais, "nous devons faire nos devoirs", a-t-il dit. "Nous devions résoudre la question de la dette et du déficit" mais "nous avons réussi".
Un arrêt retentissant de la Cour constitutionnelle avait annulé en novembre 60 milliards d'euros de crédits d'investissement au nom des règles budgétaires constitutionnelles.
Cette décision a contraint le gouvernement d'Olaf Scholz à rogner sur certaines dépenses. Selon l'institut économique IFO, ces coupes budgétaires devraient coûter 0,2 point de croissance à l'Allemagne dans les prochains mois.
Le pays est aussi confronté à des défis structurels, comme le manque de main-d'oeuvre, le vieillissement de la population et le manque d'investissements qui pourraient continuer à freiner la croissance.
Sur un plan plus international, M. Lindner a estimé qu'"en Europe, nous devrions nous préparer à la possibilité d'un deuxième mandat de Donald Trump en favorisant notre compétitivité. Faire nos devoirs est la meilleure préparation pour un possible second mandat de Donald Trump", a-t-il déclaré.